Racisme, sexisme et antisémitisme au sein du mouvement flamand « Schild & Vrienden »

Des références à une "guerre des races" dans un mouvement de jeunes flamands. | © Capture d'écran Facebook, "Schild & Vrienden".
Un reportage de la chaîne flamande VRT diffusé mercredi révèle que le mouvement conservateur de droite « Schild & Vrienden » (« Bouclier et Amis ») n’a rien de modéré dans les faits. Des groupes de conversation en ligne font la part belle à des commentaires racistes, sexistes et antisémites.
Le reportage sur le mouvement conservateur de droite « Schild & Vrienden », diffusé ce mercredi sur la VRT, suit le fondateur du mouvement Dries Van Langenhove, qui siège notamment au conseil d’administration de l’université de Gand. « Schild & Vrienden », qui a récemment perturbé une manifestation en faveur d’une gestion de l’immigration plus humaine à Gand, cherche à s’étendre à toute la Belgique. La mouvance ambitionne aussi de contribuer à modifier le système politique en faisant élire ses membres dans différentes instances.
Son fondateur parle de « fausses informations »
En parallèle à son discours politique, le mouvement se révèle être bien plus radical, raciste, sexiste et antisémite à la lumière des discussions tenues dans des groupes de chat que le magazine Pano de la VRT a infiltré. « Schild & Vrienden » partage la même ambition que de nombreux mouvements d’extrême-droite, à savoir « stopper » la menace que présente pour la suprématie blanche l’immigration vers l’Occident.
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À cette fin, certains membres sont même prêts à verser dans la violence. Dries Van Langenhove invite d’ailleurs à « être prêt aux combats » en étant en bonne forme physique, en suivant des cours de tir et en obtenant un permis de port d’armes. Le fondateur lui-même vend à ses membres des sprays de gaz poivré et suggère être en possession d’un pistolet. Des références à une « guerre des races » sont en outre formulées. L’intéressé a réagi en affirmant qu’il s’agissait de fausses informations, des « fake news », et que son identité avait été volée.
Theo Francken exige une enquête
« Hier soir, j’ai vu des choses horribles. Ce n’est pas ma Flandre et ce ne sont pas mes valeurs », a déclaré sur Twitter, Theo Francken (N-VA), le secrétaire d’État à l’Asile et à la migration. « La jeunesse flamande peut être plus résistante mais ça signifie qu’il faut lutter ensemble pour nos valeurs, et donc contre le racisme, l’antisémitisme et le sexisme. Une enquête devra montrer qui a posté/liké », a-t-il ajouté.
Ik heb gisteren afgrijselijke mensonterende zaken gezien. Dit is niet mijn Vlaanderen en zijn niet mijn waarden. De Vlaamse jeugd mag best weerbaarder zijn maar dat betekent net samen vechten voor onze grondwaarden en dus tegen racisme, antisemitisme en seksisme.
— Theo Francken (@FranckenTheo) 6 septembre 2018
Je zou ermee kunnen lachen. Je zou het kunnen wegzetten als domheid. Maar dat zou minimaliseren zijn. Dit is iets om ons echt zorgen over te maken. Niet mijn Vlaanderen. #NotInMyName https://t.co/gcQqKyfFnx
— Wouter Beke (@wbeke) 5 septembre 2018
« On pourrait en rire. On pourrait le balayer comme une stupidité. Mais ce serait minimiser. C’est quelque chose qui doit nous inquiéter. Pas ma Flandre », a renchéri, toujours sur Twitter, le président du CD&V Wouter Beke. Même son de cloche du côté de la ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits, qui s’est dite « très touchée ». « Toute la semaine, on a parlé du niveau de notre enseignement. Après l’émission de mercredi soir, il est douloureusement clair que nous avons avant tout besoin de citoyenneté », a-t-elle écrit.
Diep geraakt over #Pano. De hele week ging het (terecht )over het niveau en lat van ons onderwijs. Vanavond wordt opnieuw pijnlijk duidelijk dat we bovenal nood hebben aan burgerschap. In eindtermen & nog meer in realiteit, als samenleving.
— Hilde Crevits (@crevits) 5 septembre 2018
Le recteur de l’université de Gand, dont M. Van Langenhove est membre du conseil d’administration, a fait part de son « indignation » mercredi soir après la diffusion du reportage. Il a condamné les agissements « inacceptables » du mouvement, estimant que les activités de « Schild & Vrienden » étaient d’ordre à « empoisonner le débat de société en Flandre ». « Les opinions de M. Van Langenhove ne sont pas celles de notre université », a insisté le recteur de l’UGent qui rappelle que le conseil d’administration de l’établissement est composé de 36 autres membres. Selon lui, une enquête sur le fondement juridique des activités de l ‘organisation s’impose.
Le Conseil de la Jeunesse flamand (Vlaamse Jeugdraad) s’est aussi distancié mercredi soir du mouvement mis en cause. Des membres de celui-ci ont été élus au sein de l’organe. « Il n’y a pas de place pour le racisme dans notre organisation », a assuré sur Twitter le Vlaamse Jeugdraad. Selon le média flamand Knack, les faits seront examinés jeudi au sein du conseil et si le partage de messages racistes et antisémites est confirmé, la collaboration entre le Vlaamse Jeugdraad et « Schild & Vrienden » devrait cesser.
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Le nom de l’organisation « Schild & Vrienden » fait référence à la Bataille des Éperons d’Or du 11 juillet 1302, dont la date anniversaire a été choisie comme fête annuelle de la communauté flamande.
(Avec Belga)