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Une chaîne de café permet de régler l’addition avec … des données personnelles

Shiru Café

"S'ils donnent quelque chose gratuitement, cela signifie que les données qui sont collectées, peu importe à qui elles sont destinées, ont plus de valeur que le produit offert". | © Capture d'écran Instagram @shirucafe_official

Société

La chaîne japonaise Shiru Café offre des boissons gratuites aux étudiants qui, en échange, donnent des informations sur leur identité.

 

Rangez vos cartes, pièces et billets ! Ici, vos noms, intérêts, données de contact et localisations règlent l’addition. L’initiative de la chaîne de café japonaise Shiru café, destinée aux étudiants et personnes travaillant au sein de facultés, a de quoi ravir les étudiants fauchés persuadés qu’ils n’ont rien à cacher. Mais il y a aussi fort à parier que l’idée de payer avec des données personnelles fera rugir les plus fervents défenseurs de la vie privée.

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Boisson gratuite contre le remplissage d’un questionnaire

Déjà largement implémentée en Inde et au Japon, la chaîne japonaise Shiru Café a également ouvert cette année un café à Providence, sur le campus de l’université élitiste de Brown, aux États-Unis. Une boisson gratuite est désormais proposée aux clients, à condition de remplir un formulaire en ligne. Les données qu’ils y inscrivent sont transmises à des entreprises «sponsors», qui paient le café pour avoir accès à ces informations personnelles.

Shiru Café
Capture d’écran @shirucafé_official

Magnanime, l’entreprise affirme sur son site vouloir aussi à travers ce système « donner aux étudiants des informations exclusives, que certaines compagnies souhaitent leur réserver, de façon à diversifier les choix de leur future carrière ». Une fois leurs données personnelles transmises, les clients seront visés par des publicités ciblées venant des entreprises sponsors. En Inde et au Japon, des entreprises comme Microsoft, Nissan, ou Suzuki sont concernées.

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Un directeur de la sécurité met en garde

La directrice du café de l’université à Brown a affirmé qu’en général, les étudiants ne rechignent pas à donner leurs données personnelles. Interrogée par le New York Mag (NPR), une étudiante a déclaré : « Mes données se trouvent aussi sur des plateformes comme Facebook et Linkedin. Alors si les données sont déjà collectées, pourquoi ne pas en profiter pour avoir un café gratuit ».

Mais d’autres sont plus sceptiques. Nicholas Tella, directeur de la sécurité des informations au sein d’une université privée installée sur un campus de Providence, a confié à NPR que « S’ils donnent quelque chose gratuitement, cela signifie que les données qui sont collectées, peu importe à qui elles sont destinées, ont plus de valeur que le produit offert ». Un professeur d’informatique a également observé que la connexion au wi-fi gratuit de l’établissement exposait fortement les données des clients. Le principe de payer avec ses données a dans tous les cas le potentiel d'(encore) accroître la surveillance de Big Brother.

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