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Sur Instagram, le harcèlement en ligne fait rage et détruit des adolescents

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33% des ados considèrent que les les réseaux sociaux eux-mêmes ne sont pas assez efficaces contre le harcèlement en ligne. | © Unsplash / Daria Nepriakhina.

Société

Le réseau social roi des ados fait des ravages.

Instagram est devenu au fil du temps le réseau social numéro un, loin devant Facebook, et surtout chez les adolescents. Une vie sociale entière s’articule désormais autour de l’image, des stories, de qui a la plus belle vie, les plus beaux amis et se construit le profil le plus attrayant. Une récente étude révélait que 71% des jeunes américains utilisent quotidiennement le réseau social. Totalement addicts, certains mesurent leur vie sociale et leur bonheur aux petits coeurs récoltés, au nombre de commentaires et aux messages directs reçus. Mais ceux-ci peuvent aussi les frapper de plein fouet et faire mal, très mal, comme nous éclaire le site web de The Atlantic.

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Des dérapages presque généralisés

Avec son milliard d’utilisateurs mensuels, Instagram génère énormément de trafic. Un flux incontrôlable qui laisse les ados faire, malheureusement, un peu tout et n’importe quoi, et génère de la douleur, non compensée par une modération encore beaucoup trop inefficace. Une étude datant de la fin du mois de septembre montre en effet que 59% des adolescents ont déjà été harcelés sur le réseau. Une autre enquête menée par une ONG anti-harcèlement affirme qu’un cinquième des ados s’est fait harceler spécifiquement sur Instagram. Premier facteur repéré par nos confrères de The Atlantic : la rapidité et le flux incessant qui régissent l’application reine. La viralité peut très vite s’emparer des commentaires médisants et des images haineuses. Le « trolling » contribue également à ce phénomène : les faux comptes sont légion, apparaissent et sont supprimés quotidiennement. Autre facteur prédominant : les codes propres à Instagram, invisibles aux parents et professeurs qui n’en comprennent pas les subtilités.

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Il est très facile de créer un faux compte sur Instagram. © Unsplash / Erik Lucatero.

Qu’il s’agisse de cas d’homophobie, de harcèlement de rue envers des étudiantes ou d’attaques adressées directement à des professeurs, les exemples de dérapages liés au harcèlement en ligne via le réseau social de l’image sont nombreux et reviennent incessamment ces dernières années.

Le réseau social prend des (petites) mesures

Ce mardi 9 octobre, le réseau social a ajouté de nouvelles fonctionnalités pour combattre ce harcèlement de tous les jours, utilisant notamment l’intelligence artificielle pour scanner les photos afin d’identifier les contenus problématiques en la matière. D’après Adam Mosseri, le big boss d’Instagram, l’apprentissage des machines est utilisé pour détecter tout élément de harcèlement et, automatiquement, signaler le contenu qui doit être ensuite examiné par une équipe chargée des opérations du réseau social. Dans le même esprit, l’application propose depuis le début de semaine un filtre anti-harcèlement : les utilisateurs peuvent désormais définir une liste de mots-clés qui, lorsqu’ils seront repérés dans un commentaire, le rendra simplement invisible.

Difficilement détectable

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Quelques petits commentaires acerbes peuvent suffire pour porter atteinte à l’équilibre mental d’un adolescent. © Unsplash / Aliyah Jamous.

Mais comme déjà énoncé plus haut, ces types de harcèlement sont difficilement détectables. Souvent, ils proviennent d’une page créée spécialement pour l’occasion. Il est rare que quelqu’un utilise son compte principal pour mener les attaques. Lors d’un cas de harcèlement scolaire classique, la victime connaît au moins son ou sa tortionnaire mais sur Instagram, l’anonymat limite les moyens de savoir qui est à la source. De plus, la plupart du temps, les insultes passent par les messages directs, les stories ou les commentaires, et pas par des posts principaux, ce qui rend le travail extrêmement compliqué pour les modérateurs et les adultes qui connaissent mal le fonctionnement du réseau.

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Pourtant, la majorité des ados estiment que ce sont leurs parents qui les aident le mieux à faire face au harcèlement. 59% d’entre eux déclarent qu’ils font un bon travail. Le taux descend à 44% pour la police, 42% pour les professeurs et seulement 33% pour les réseaux sociaux eux-mêmes. Les personnalités politiques sont les moins biens notées, puisque seulement 22% des jeunes pensent qu’ils sont efficaces contre le cyber-harcèlement.

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