Une « ode au viol » écrite par des étudiants suscite une vive polémique en France

Image d'illustration. | © Unsplash / Nicole Honeywill.
Les paroles de chansons paillardes très cruelles envers les femmes, incitant au viol ou à la pédophilie, ont été partagées par des étudiants d’une école d’ingénieurs caennaise, en France.
À leur lecture, les paroles de ces vieilles chansons estudiantines suscitent le dégoût et l’incompréhension. Se cachant sous des traits humoristiques, elles incitent au viol, à la pédophilie, à la violence et à un machisme d’une autre époque. En ce début d’année 2018, des étudiants de l’École nationale supérieure d’ingénieurs (Ensi) de Caen, en France, ont distribué un carnet de chants dans lequel on peut trouver des propos d’une extrême gravité qui ne sortent généralement pas du campus universitaire.
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« À trois ans, ça dit pas nan »
Sauf que cette fois des étudiantes brésiliennes, choquées par tant de mauvais goût et d’incitation à la haine, ont décidé de faire toute la lumière sur ces propos ignobles. « À trois ans, ça dit pas nan. À quatre ans, c’est consentant », « Bois d’l’alcool pour que j’te viole », « j’te défonce pendant que tu pionces », ou encore « j’vais devenir un ingénieur pour pouvoir niquer ta sœur ». L’horreur de ces paroles fait froid dans le dos et on se demande comment, en 2018, il est encore possible de lire de telles atrocités, quand bien même elles sont le fruit d’une bande d’étudiants. Le compte Instagram qui l’a publié, « @tasjoui », dont on vous parlait il y a peu, explique qu’elles sont issues d’une « fiche chanson qui a été distribuée par des élèves de l’Ensi Caen […] aux nouveaux élèves en ce début d’année scolaire ».
« L’Ensi Caen reçoit des étudiants étrangers en échange scolaire », peut-on encore lire dans cette publication Instagram aimée plus de 5000 fois. Des étudiantes brésiliennes en ingénierie ont été outrées de découvrir ces textes et sont donc montées au créneau en allant voir la direction de l’école. La direction les a d’abord gentillement envoyé paître en affirmant qu’ils n’étaient pas responsables vu qu’il s’agissait d’une « vieille tradition des élèves ». Sur Twitter, les réactions ne se sont pas faites attendre. Quand certains condamnent cette « ode au viol inacceptable », d’autres fustigent le manque de considération envers les femmes dans ce secteur très masculin.
La honte absolue que de voir ce genre de texte à @ENSICAEN sans que la direction réagisse urgemment !! vous trouvez normal qu’une ode au viol circule librement au sein de votre établissement ?? Très belle image pour la ville de @CaenOfficiel 👍🏻 @joelbruneau #Caen #ensicaen pic.twitter.com/AeOYTq8MaI
— Firewalk (@MottaisteJr) 12 octobre 2018
@ENSICAEN culture du viol bonjour …. A vomir pic.twitter.com/bjmiYP5aA2
— Yffig Bragon (@YffigBragon) 12 octobre 2018
Contactée par certains médias français dont Le Figaro, l’école n’a pas souhaité commenter la polémique par voie officielle mais a réagi en « condamnant » ces agissements sur les réseaux sociaux, assurant que des mesures disciplinaires ont déjà été prises et qu’une enquête est en cours.
…et aucun tweet/post sur vos réseaux sociaux. Si le sujet vous importe tant, faite-le savoir ! Exprimez-vous et défendez officiellement et sans équivoque vos positions. Faite comprendre à ces étudiants « qui ne voient pas le pb » pourquoi tout cela est humiliant pour les femmes
— doudou1811 (@doudou1811) 12 octobre 2018
[TW : VIOL] Voilà ce qu’on chante sans pression dans les écoles d’ingénieurs comme @ENSICAEN et on s’étonne ensuite qu’il n’y ait pas assez de 🚺 dans ces métiers. 😷😣
©️Source : Instagram « tasjoui » pic.twitter.com/RwFxZLuVd3— Mlle Fatima Bent’ (@fatima_bent) 12 octobre 2018
L’ENSICAEN a pris des mesures dès les faits connus: les textes ont été fermement interdits et les élus étudiants convoqués. Une enquête a été menée quand à l’origine de ces impressions et suit son cours. Ces actions ne resteront pas sans conséquences.
— ENSICAEN (@ENSICAEN) 12 octobre 2018
« Vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur »
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Certains commentaires publiés sur Facebook ont également fait réagir le compte «Tasjoui». Comme celui de l’association d’anciens étudiants Memsicaen. « J’aurais été assez curieux de savoir ce qu’il serait advenu du petit français venu foutre le zbeul (le bazar, ndlr) dans 40 ans de tradition d’une université brésilienne », a écrit l’association en inversant l’histoire des Brésiliennes ayant dénoncé les propos des chansons. Avant de défendre « une culture collective » qui n’est « sûrement pas celle du viol mais celle du vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur ». Cette page de mauvais goût a depuis été supprimée du réseau social.