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Une « ode au viol » écrite par des étudiants suscite une vive polémique en France

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Image d'illustration. | © Unsplash / Nicole Honeywill.

Société

Les paroles de chansons paillardes très cruelles envers les femmes, incitant au viol ou à la pédophilie, ont été partagées par des étudiants d’une école d’ingénieurs caennaise, en France. 

À leur lecture, les paroles de ces vieilles chansons estudiantines suscitent le dégoût et l’incompréhension. Se cachant sous des traits humoristiques, elles incitent au viol, à la pédophilie, à la violence et à un machisme d’une autre époque. En ce début d’année 2018, des étudiants de l’École nationale supérieure d’ingénieurs (Ensi) de Caen, en France, ont distribué un carnet de chants dans lequel on peut trouver des propos d’une extrême gravité qui ne sortent généralement pas du campus universitaire.

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« À trois ans, ça dit pas nan »

 

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👍 OK, nous sommes en 2018, en France et voici les « chansons » qui se chantent encore dans certaines écoles d’ingénieurs françaises. Ceci est une fiche chanson qui a été distribuée par des élèves de l’ENSICAEN, une école d’ingénieurs PUBLIQUE reconnue et accréditée par l’état, aux nouveaux élèves en ce début d’année scolaire. 👏👌Bravo, vraiment bravo! 🤢 « Bois l’alcool pendant que je te viole, je te défonce pendant que tu pionces »✔Comment est ce que @tasjoui a eu vent de ces textes ? Voici l’histoire: l’ENSICAEN reçoit des étudiants étrangers en échange scolaire. Des étudiantes brésiliennes en ingénierie ont été outrées de découvrir ses textes et sont donc montées au créneau en allant voir la direction de l’école. La direction leur a d’abord dit qu’ils n’étaient pas responsables vu que c’était une « vieille tradition des élèves » mais la direction est, ceci-dit, resté ouverte à la discussion. ✔Suite à leurs actions contre cette tradition abjecte, ces femmes brésiliennes sont devenue « la risée » de l’école. Je vous invite à lire les commentaires Facebook d’élèves qui ne « comprennent pas » de quoi elles s’offusquent. ✔Vu que l’affaire a commencé à faire du bruit, la direction aurait finalement accepté d’interdire ce texte. Les étudiantes brésiliennes hésitent aujourd’hui à interrompre leur année et à repartir.❤ Merci à elles de leur force et de leur COURAGE! 📞 Allo le ministère de l’enseignement? On va arrêter de s’étonner 2 minutes sur le fait qu’il y ai encore trop peu de femmes scientifiques et on va regarder la réalité : voici les environnements dans lesquels les femmes sont encore accueillis dans des écoles publiques en France. Ça donne envie hein? ✔Sous le chapeau de « la tradition », combien reste t’il encore de textes et chansons de ce type qui circulent dans les écoles d’ingénieurs, de médecine, de commerce en France? Si vous en êtes témoins, je vous invite à me les envoyer.✔ Cette culture du viol DOIT être dénoncée et doit cesser. ll est temps que les institutions se réveillent.

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Sauf que cette fois des étudiantes brésiliennes, choquées par tant de mauvais goût et d’incitation à la haine, ont décidé de faire toute la lumière sur ces propos ignobles. « À trois ans, ça dit pas nan. À quatre ans, c’est consentant », « Bois d’l’alcool pour que j’te viole », « j’te défonce pendant que tu pionces », ou encore « j’vais devenir un ingénieur pour pouvoir niquer ta sœur ». L’horreur de ces paroles fait froid dans le dos et on se demande comment, en 2018, il est encore possible de lire de telles atrocités, quand bien même elles sont le fruit d’une bande d’étudiants. Le compte Instagram qui l’a publié, « @tasjoui », dont on vous parlait il y a peu, explique qu’elles sont issues d’une « fiche chanson qui a été distribuée par des élèves de l’Ensi Caen […] aux nouveaux élèves en ce début d’année scolaire ».

« L’Ensi Caen reçoit des étudiants étrangers en échange scolaire », peut-on encore lire dans cette publication Instagram aimée plus de 5000 fois. Des étudiantes brésiliennes en ingénierie ont été outrées de découvrir ces textes et sont donc montées au créneau en allant voir la direction de l’école. La direction les a d’abord gentillement envoyé paître en affirmant qu’ils n’étaient pas responsables vu qu’il s’agissait d’une « vieille tradition des élèves ». Sur Twitter, les réactions ne se sont pas faites attendre. Quand certains condamnent cette « ode au viol inacceptable », d’autres fustigent le manque de considération envers les femmes dans ce secteur très masculin.


Contactée par certains médias français dont Le Figaro, l’école n’a pas souhaité commenter la polémique par voie officielle mais a réagi en « condamnant » ces agissements sur les réseaux sociaux, assurant que des mesures disciplinaires ont déjà été prises et qu’une enquête est en cours.

« Vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur »

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Certains commentaires publiés sur Facebook ont également fait réagir le compte «Tasjoui». Comme celui de l’association d’anciens étudiants Memsicaen. « J’aurais été assez curieux de savoir ce qu’il serait advenu du petit français venu foutre le zbeul (le bazar, ndlr) dans 40 ans de tradition d’une université brésilienne », a écrit l’association en inversant l’histoire des Brésiliennes ayant dénoncé les propos des chansons. Avant de défendre « une culture collective » qui n’est « sûrement pas celle du viol mais celle du vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur ». Cette page de mauvais goût a depuis été supprimée du réseau social.

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