Une plateforme créée pour protéger les lanceurs d’alerte africains

En Afrique, seuls 7 pays sur 54 ont adopté des lois de protection des lanceurs d’alerte. | © www.pplaaf.org/
Les lanceurs d’alerte en Afrique sont dorénavant protégés. Une plateforme a été lancée ce mardi pour apporter la « sécurité » à ceux qui dénoncent des fraudes contre l’intérêt général, mais sont souvent menacés.
Lancée par un collectif de militants, de magistrats et de journalistes de diverses nationalités, la plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), qui est également une ONG, met à disposition un site internet et une ligne téléphonique protégés, ainsi que des juristes pour les accompagner dans leur travail avant, pendant et après le lancement d’alerte, tout en leur assurant l’anonymat.
Ce besoin de protection était urgent en Afrique, « le continent où les lanceurs d’alerte sont les moins protégés et courent plus de risques d’être arrêtés ou poursuivis », a déclaré William Bourdon, avocat français et président de l’organisation. La plateforme, basée à Dakar, encourage également les États africains à « se doter de lois fortes et modernes pour protéger les lanceurs d’alerte contre des mesures de représailles », explique William Bourdon.
La vérité au grand jour
Les lanceurs d’alerte, tels que Chelsea Manning, Edward Snowden et Julian Assange, ont rendu public les pouvoirs obscurs et controversés des puissances de notre société : corruption, injustice, abus de pouvoir, menaces à l’environnement ou à la santé publique. Ces révélations sont des prises de conscience importantes pour notre société et nos droits mais elles mettent fortement en danger ceux qui en sont à l’origine.
« La société civile et les organisations internationales ont l’obligation de protéger les lanceurs d’alerte, ces héros des temps modernes » qui, « pour la défense de l’intérêt général, risquent la prison, et parfois la mort », a déclaré Alioune Tine, un autre membre fondateur de la plateforme. Malgré l’importance des révélations de ces « héros« , le cadre juridique censé les protéger est extrêmement faible. Surtout en Afrique, où « seuls 7 pays sur 54 ont adopté des lois de protection des lanceurs d’alerte, contre 11 sur 28 en Europe », rapporte William Bourdon dans Le Monde. Pourtant, c’est sur ce continent que la limite entre intérêt général et intérêt personnel est la plus brouillée. « Des régimes sont parfois tenus d’une main de fer par des kleptocrates qui siphonnent l’argent et les ressources publiques pour satisfaire leur mégalomanie ». L’Afrique a donc besoin de ces promoteur de la vérité pour révéler ces graves dommages à l’État de droit.
(Avec Belga)