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Viol conjugal banalisé : Après la polémique, Fun Radio explique son sondage

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Le sondage a été publié par le compte Twitter de la libre antenne de Fun Radio. | © JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Société

Sur Twitter, Fun Radio a lancé un sondage banalisant le viol conjugal. La station s’explique, mais elle est loin d’être la seule à interroger les internautes sur des problématiques sensibles et complexes, en les simplifiant à outrance.

« Charlotte ne supporte pas que son mec lui fasse l’amour la nuit, quand elle dort. Vous trouvez cela normal ? » Lancé sur Twitter par l’émission de libre-antenne « Lovin Fun » de Fun Radio, ce sondage déplacé suscite la colère des internautes depuis mardi soir. Les animateurs demandent ainsi de choisir un camp : oui ou non. En d’autres termes, ce sondage demande aux internautes s’ils sont pour ou contre le viol conjugal ? Car oui, une relation sexuelle sans consentement est un viol. Et les résultats sont plutôt interpellants. Avant le retrait du tweet, 49% des sondés avaient répondu « oui ». Si la question portait bien sur le comportement de l’homme – on l’espère -, ils sont tout de même près de la moitié à approuver ce viol conjugal, sur 583 votes. Dans l’autre cas, c’est encore plus déplacé de demander aux internautes s’ils trouvent cela normal que « Charlotte ne supporte pas que son mec lui fasse l’amour la nuit quand elle dort ».

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« Elle dort et ne peut donc consentir. Absence de consentement = viol », a résumé un internaute. « Les mots ont un sens : ‘faire l’amour’ c’est à 2, ici il s’agit d’un viol. ‘Ne pas supporter’ implique que le souci vient d’elle. ‘Vous trouvez ça normal ?’ implique qu’on peut avoir un avis sur la question, alors qu’un viol ne peut JAMAIS être excusé », a réagi une autre. Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, a également montré son indignation sur Twitter : « Ce que vous décrivez est un viol. Définition juridique: pénétration obtenue sous la menace la contrainte ou la surprise. Ce serait bien de le dire à vos auditeurs & auditrices ! »

Un tweet « provocateur »

Toujours sur Twitter, l’émission de Fun Radio a réagi, sans pour autant présenter d’excuses : « Ce n’est pas parce qu’on est en couple que nos corps sont à la disposition de l’autre !! Le consentement est nécessaire, même dans une relation amoureuse ! D’autant plus lorsque la personne dort, et n’est pas en mesure de dire NON ».

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Contacté par L’Express, la station a ajouté : « Il s’agissait d’une opération de prévention réalisée en partenariat avec Onsexprime.fr », un site du gouvernement français dédié à la sexualité et s’adressant aux adolescents. « Le tweet se voulait provocateur pour justement faire réagir à l’antenne et sensibiliser le public et les auditeurs sur ce qu’est un viol. Ce n’est en aucun cas une liberté éditoriale de Fun Radio ».

Bad buzz en série

Fun Radio n’est pas le premier média à lancer des débats irresponsables. Cyril Hanouna en est même l’expert. Dans son émission « Balance ton post », l’animateur invite ses chroniqueurs à se prononcer sur des questions comme « Jacqueline Sauvage, victime ou coupable ? » « Pour ou contre la burqa ? » ou encore « Pour ou contre l’avortement ? » Cette dernière a particulièrement fait réagir sur les réseaux sociaux.

Marlène Schiappa était intervenue en direct, en envoyant des SMS rappelant à l’animateur que l’entrave à l’IVG est un délit. « La France doit protéger les femmes faisant le choix d’avorter », avait-elle conclu. Plus tard, l’ex-ministre française des Familles, Laurence Rossignol, avait proposé d’autres idées de « débat », non sans ironie. « Je suggère aussi : pour ou contre les aiguilles à tricoter ? Pour ou contre l’eau de javel dans l’utérus ? Et puis, allez… Pourquoi se priver… Pour ou contre la prison pour les femmes qui avortent ?« 

Sud Radio est également coutumier du fait avec des questions sur l’IVG (est-ce un recours à un tueur à gages comme le dit le pape ?), sur l’extrême droite (faut-il en avoir peur ?) ou sur le burkini (faut-il l’autoriser dans les piscines ?). Autant de sujets clivants qui méritent bien plus qu’un simple « pour » ou « contre » et qui participent à cette machine à buzz sur laquelle reposent ces émissions.

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