Rêve brisé : À 12 ans, Mario a voyagé seul dans la caravane de migrants avant d’être reconduit au Honduras, son pays natal

Le seul espoir de Mario ? Pouvoir étudier et travailler au lieu de finir dans un gang de son quartier. | © Capture d'écran Twitter / @melitapaez.
Il vient du Honduras et s’est enfui de chez lui sans prévenir ses parents. Détenu au Mexique puis reconduit dans son pays cette nuit, ce petit garçon n’a qu’un seul rêve : reprendre sa route vers les États-Unis.
« Au nom de Dieu, je continuerai », a-t-il déclaré à l’équipe de BBC Mundo qui suit la caravane de migrants. Le petit Mario, 12 ans, n’a pas froid aux yeux. Seul, sans ses parents, sans ses frères et soeurs, sans amis, il a voyagé depuis son pays natal, le Honduras, et poursuit un rêve : rejoindre l’ « eldorado », les États-Unis. Mario David Castellanos est tout simplement devenu le symbole de cette caravane de l’espoir que Donald Trump n’arrête plus de fustiger.
Mario, el chico de 12 años que viaja solo en la caravana de inmigrantes a Estados Unidos https://t.co/ZLxCfOdcn5 pic.twitter.com/SxGEKGDc5k
— Clarín Mundo (@MundoClarin) 26 octobre 2018
Un rêve qui vole en éclats
Son périple a commencé le matin du 13 octobre depuis San Pedro Sula, au Honduras. Il rejoint alors cet exode massif de migrants venant d’Amérique centrale et marchant vers le « rêve américain ». Mais la semaine passée, alors que le convoi traversait le pont reliant le Guatemala au Mexique, le petit Marco a été arrêté par les autorités mexicaines. Son rêve vole alors d’un seul coup en éclats.
Lire aussi > Du Honduras aux États-Unis, la « caravane » de migrants en 15 photos

L’image du petit Mario arrêté par les forces de l’ordre, les yeux rongés par les gaz lacrymogènes, est captée par un vidéaste de la BBC présent sur les lieux. Instantanément le cliché devient viral sur les réseaux sociaux et le petit garçon, qui ne demandait qu’à avoir une vie meilleure, devient un symbole et l’image de la « caravana ».
Encontramos entre la multitud a Mario, el niño de 12 años que viaja solo en la #CaravanaDeMigrantes. Según cuenta, lo alcanzó el gas lacrimógeno y fue detenido por la policía. pic.twitter.com/QcYvsov9pa
— PlazaPública en Vivo (@PzPenVivo) 19 octobre 2018
Des récits discordants
« Un policier m’a attrapé et poussé, j’ai pris des gaz lacrymogènes dans la figure », raconte Mario à un média local mexicain repris par Clarín. Suivent un violent coup à l’épaule et quelques égratignures. L’histoire de Mario ayant été relayée massivement dans les médias sud-américains, ses parents sont retrouvés par une chaîne de télévision hondurienne et demandent à l’État mexicain de rappatrier leur fils au pays.
Lire aussi > Entre le Guatamela et le Mexique, le pont de la misère et de l’exil
« À aucun moment je ne lui ai donné la permission de s’en aller. Je ne me suis pas rendu compte de sa fugue jusqu’à ce qu’il m’appelle depuis Copán (nord-ouest du Honduras) et me dise qu’il s’en allait aux États-Unis », a déclaré son père, José Castellanos, à la chaîne hondurienne Canal 3. » José travaille comme agent de sécurité et la maman de Mario est au chômage. Le papa explique encore à la chaîne souffrir financièrement, mais que son fils ne manque pas de nourriture et « qu’il doit aider sa famille ». Le récit du petit Mario à BBC Mundo est beaucoup plus alarmant et est révélateur de la crise qui frappe l’Amérique centrale. Il raconte notamment comment il doit vendre des chewing-gums dans la rue pour aider son père, qui lui a interdit d’aller à l’école et voulait le placer dans un gang du quartier.
Mario Castellanos es un niño de doce años que viaja solo en la Caravana de Migrantes
En Honduras no iba a la escuela, vendía chicles para llevar algo a la casa #CaravanadeMirgrantes pic.twitter.com/ZGge2Eh6Jp
— DHAYMI (@DHAYMI) 24 octobre 2018
Depuis plusieurs jours, le petit Mario se trouvait dans un poste pour mineurs d’âge à Tapachula, au Mexique. Mais cette nuit, le petit a bien été déporté vers le Honduras pour être remis à sa famille. Dans une vidéo devenue virale elle aussi, Mario raconte son périple à une journaliste et explique comment, même s’il est ramené vers son pays, il poursuivra son rêve. « Au nom de Dieu, je continuerai ».