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#ThisIsNotConsent : Quand le sous-vêtement devient un argument en faveur du présumé violeur d’une adolescente

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Image d'illustration. | © AFP / Julie SEBADELHA.

Société

L’acquittement d’un homme pour viol en Irlande a provoqué une vague d’indignation. L’avocate a déclaré dans son plaidoyer final qu’il fallait prendre en compte la façon dont la plaignante, âgée de 17 ans, était habillée.

Quand un sous-vêtement devient un objet de débat lors d’un procès pour viol … En Irlande, un homme de 27 ans a été acquitté du viol d’une adolescente de 17 ans. Le jury, composé de huit hommes et quatre femmes, l’a déclaré non coupable à l’unanimité, indique le Irish Examiner. C’est aujourd’hui la façon dont a été défendu l’accusé qui fait scandale. Dans son plaidoyer final, son avocate a estimé que la jeune fille, par la façon dont elle été habillée, avait montré qu’elle était attirée par son client. « Regardez ce qu’elle portait. Elle avait un string en dentelle », a-t-elle lancé.

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Lors du procès, l’accusé a affirmé que la relation sexuelle était consentie. Pourtant, après les faits, l’adolescente lui aurait immédiatement dit : «Tu viens de me violer ». Il lui aurait alors répondu : « Non, on a eu un rapport sexuel ». Avant de passer à l’acte, les deux se seraient d’après lui embrassés et auraient été très « attirés l’un envers l’autre ». « Personne ne vous a vu vous embrasser », a répondu le procureur. Selon la version de l’accusé, les deux se seraient mis à l’abri des regards, dans une zone abandonnée pour se retrouver seuls. Il a expliqué n’avoir pas réussi à avoir une érection complète et a indiqué qu’il ne pensait pas que son pénis était entré « pleinement dans son vagin ». « Un témoin vous a vu avec votre main sur sa gorge », a encore lancé le procureur. « Il a mal compris la situation », a répondu l’avocate. « Elle n’a d’ailleurs jamais pleuré, à aucun moment », a-t-elle ajouté. Son client a également raconté qu’un autre témoin lui aurait demandé si tout allait bien. « Occupe-toi de tes affaires », a répondu l’accusé. « C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à se sentir bizarre. Elle m’a dit d’arrêter et j’ai arrêté. On allait avoir un rapport sexuel mais elle m’a dit stop alors j’ai stoppé », a-t-il encore assuré devant le tribunal.

#ThisIsNotConsent

Depuis l’acquittement de cet homme, une vague d’indignation s’est emparée des réseaux sociaux. Les femmes, sous le hashtag #ThisIsNotConsent (#CeciNestPasUnConsentement), partagent des photos de leurs sous-vêtements. « Le fait que ma culotte soit mignonne ne signifie pas que j’ai dit oui », a écrit une internaute. « Qu’elles soient toutes petites ou larges, peu importe ce que nous portons, ces culottes ne prouvent pas que nous sommes consentantes », peut-on encore lire. « Pourrions-nous avoir la liste de ce que nous devons porter pour ne pas nous faire violer ? Est-ce que ce sont tous les strings, juste ceux en dentelle ou avec des froufrous ? Peut-être que les étiquettes dans les boutiques devraient préciser, ‘culottes sûres’ ou ‘culottes dangereuses’. Peut-être que les défilés de Victoria’s Secrets devraient s’y intéresser », a partagé une autre femme.

En réponse à la défense de l’avocate, le procureur a déclaré aux jurés : « Vous avez entendu la plaignante dire qu’elle n’était pas consentante. Vous avez entendu l’accusé dire qu’elle n’était pas consentante. Ce sur quoi vous devez vous pencher maintenant c’est : est-ce qu’elle voulait, oui ou non, avoir une relation sexuelle ? C’est oui ou c’est non. Voulait-elle ou ne voulait-elle pas ? Si vous êtes convaincu qu’elle n’a pas consenti et qu’il savait qu’elle ne consentait pas, alors il doit être reconnu coupable. Et elle a été très claire sur le sujet, elle n’a pas consenti. Elle n’avait jamais eu de rapports sexuels avant ça. L’accusé affirme qu’il y a eu plusieurs baisers entre eux. Il n’y a pas un témoin dans cette affaire qui les a vus s’embrasser. »

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Noeline Blackwell, présidente du centre des victimes de viols de Dublin, a expliqué à The Independent qu’elle n’était pas surprise de voir que les sous-vêtements de l’adolescente aient fait débat. « Nous accompagnons des gens tout le temps devant le tribunal et nous voyons régulièrement ce genre de stéréotypes visant à discréditer les plaignants afin de renforcer les éléments de la défense », a-t-elle déclaré.

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