Exclusif : Voici les photos de la planque des terroristes du 13-Novembre

Photo prise dans la planque des terroristes du 13-Novembre, au 48 rue de la République. © DR
Jawad Bendaoud est de retour au palais de justice de Paris à partir de mercredi : après sa relaxe en première instance en février, il est rejugé pour avoir logé deux djihadistes du 13-Novembre, dont l’un des cerveaux présumés des attaques. Paris Match a obtenu les photos de la planque.
Jawad Bendaoud, dont les déclarations fantasques et décalées lors du premier procès ont fait fureur sur les réseaux sociaux, sera-t-il à nouveau relaxé ? C’est la question centrale de ce procès en appel, qui doit durer jusqu’au 21 décembre. Cet homme de 32 ans est jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes », pour avoir fourni l’appartement où Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh s’étaient repliés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). C’est là que les deux djihadistes sont morts le 18 novembre dans l’assaut des policiers du Raid.
Contrairement au procès qui s’est tenu en janvier et février, Jawad Bendaoud comparaitra libre. Après avoir été détenu 27 mois à l’isolement, il a été libéré de prison le 14 février, quelques heures après l’annonce de la relaxe. Entre-temps, le parquet avait annoncé qu’il faisait un appel général du jugement.
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Le tribunal correctionnel a jugé qu’il n’était « pas prouvé » que Jawad Bendaoud avait « fourni un hébergement à deux individus qu’il savait être des terroristes du 13 novembre, afin de les soustraire aux recherches et éviter ainsi leur arrestation ». Ce jugement avait conclu le premier procès en lien avec les attaques du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Un procès retentissant, avec plus de 700 parties civiles, marqué par les rires déclenchés par les propos incongrus de Jawad Bendaoud et les larmes des victimes des attentats.
Les habitants sont toujours traumatisés et délaissés
La plupart de ces parties civiles ont interjeté appel, après l’appel principal du parquet: elles seront 780 au total. Parmi celles-ci, des anciens locataires et propriétaires du 48 rue de la République qui se sont bruyamment manifestés lundi pour attirer l’attention sur leur sort, inchangé depuis trois ans maintenant. Délaissés et méprisés, une soixantaine d’entre eux seront représentés au procès par Me Méhana Mouhou. Nous les avions rencontrés lors du premier procès et leur situation personnelle ne s’est pas arrangée. Leur seul tort est d’avoir résidé dans l’immeuble où le « logeur » planquait camés, prostituées, terroristes, et organisait son juteux trafic de stupéfiants. « Pour nous, c’est la triple peine, nous confiait Salima. Non seulement nous avons dû endurer les nuisances des activités de Bendaoud, mais nous avons aussi subi l’assaut des policiers venus déloger les terroristes. Aujourd’hui, locataires, propriétaires et commerçants, jetés dans la précarité, sont ignorés, méprisés et spoliés ».
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Les habitants de l’immeuble n’ont toujours pas été reconnus comme victimes d’actes terroristes. Conséquence : aucune indemnisation, aucune aide, pas de soutien psychologique. Et pourtant, pendant quatre heures, ils ont été plongés dans une scène de guerre comme Cindy, Sydney et Meilly, adolescent et enfants traumatisés par ce qui s’est passé. Ce 18 novembre 2015, à Saint-Denis, on compte plus de vies détruites que de cadavres, écrivait-on. Après le déchaînement de fureur, le corps du terroriste déchiqueté par l’explosion, la mort des deux autres écrasés par les décombres, les habitants ont eu dix minutes pour rassembler quelques affaires et déguerpir. Scène de crime, scellés judiciaires, grillage et caméra de surveillance : interdiction formelle de remettre les pieds ici. Sana Mariage, confection de robes de soirée et de noces, en bas de l’immeuble, a tiré le rideau. Comme la boutique Lycamobile que tenait Mahamadou depuis 2009. « À l’intérieur du magasin, j’avais pour 40 000 euros de matériel, précise Mahamadou. Tout est là. J’ai tout perdu ». Pas un centime d’indemnisation ne lui a été accordé. « J’aimerais pouvoir rouvrir un commerce. Pour le moment, je cumule les intérims ».