« Nos parents brûlaient des Juifs » : Bruges condamne le chant antisémite de ses supporters

Image d'illustration. | © BELGA PHOTO KURT DESPLENTER
Après la diffusion d’une vidéo qui témoigne de chants profondément antisémites de la part de supporters, le Club de Bruges la condamne et s’en distance radicalement.
La vidéo date du 28 août dernier. Après le duel face à Anderlecht au stade Jan Breydel, plusieurs supporters du FC Bruges, qui a remporté la rencontre 2-1, reprennent en cœur un chant douteux : « Mon père faisait partie d’un commando, ma mère était SS, et ensemble, ils ont brûlé des Juifs, car les Juifs brûlent le mieux », ont traduit nos confrères de La Libre. Après la diffusion de cette vidéo qui ne lui était pas étrangère, le club a tenu à réagir dans un communiqué. « Aujourd’hui est apparue une vidéo online datant du 26 août 2018 dans laquelle des chants antisémites ont été entonnés. C’est un petit groupe, présent au match Club Bruges – Anderlecht, qui a diffusé ces propos immondes. Quelques jours après la rencontre, le Club Bruges a été avisé de ces faits par ses propres supporters et par ses stewards. Le Club a réussi à identifier ces personnes et les a exclues de son stade avant d’entamer contre elles des poursuites judiciaires. Le Club condamne avec force de tels agissements et entend par ce biais s’en distancer radicalement. De tels comportements sont inadmissibles au Club Bruges ».
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RTBF précise de son côté que l’Union belge n’est pas compétente pour sanctionner ces chants puisque cela n’est pas advenu dans les tribunes et l’incident ne figure donc pas dans le rapport de l’arbitre. Dans ce cas-ci, c’est donc la cellule foot du ministère de l’intérieur qui est compétente.
BRAVO @ClubBrugge un très beau chant. On voit en plus que ça vient d'une toute petite minorité. Vous me dégoutez. Enfin on sait qu'on peut compter sur la @ProLeagueBE pour bouger rapidement. #ludiqueettaquin #immonde pic.twitter.com/urUYHhvns6
— Péwè (@Pewalon) December 19, 2018
Ce n’est pas la première fois que les supporters brugeois sont pointés du doigt, et leur club par extension. En début d’année 2018, des chants racistes avaient été lancés à l’encontre du joueur de Charleroi Francis N’Ganga, rappelle La Libre. En 2017, aussi, les dirigeants du club brugeois avaient demandé aux supporters qu’ils arrêtent d’entonner « Al wie niet springt is een jood » (« Qui ne saute pas est un juif ») dans les tribunes.
La discrimination et le racisme n’ont pas leur place dans notre société et en particulier dans notre football.
Dans un communiqué, la Pro League a également condamné « absolument et fermement » ces chants antisémites, avant de souligner avoir contacté le Club de Bruges après avoir vu les images. « En 2018, la Pro League, conjointement avec les clubs, l’URBSFA, les ailes amateurs et le gouvernement, a pris diverses mesures telles que le plan d’action sur les chants et actions discriminatoires et l’élaboration de cours de formation sur les sanctions, la prévention et l’information. Le Conseil d’administration avait d’ailleurs ce lundi approuvé avant que les faits ne soient connus une modification du règlement fédéral pour rendre plus effectives les poursuites disciplinaires pour de tels faits. Bien entendu, la Pro League poursuivra et renforcera ces efforts en 2019. La discrimination et le racisme n’ont pas leur place dans notre société et en particulier dans notre football », explique-t-elle dans le communiqué, cité par RTBF.
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Du côté de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA), le président Joël Rubinfeld constate que le phénomène n’est pas nouveau et prend de plus en plus d’ampleur. « Il faut que quelqu’un prenne ses responsabilités, que cela soit au niveau du club, de la justice voire même au niveau des fanclubs », explique-t-il, avant d’évoquer le laxisme dans le chef des responsables. « La direction du club n’a peut-être pas envie de traiter cette affaire, sachant qu’elle va créer des problèmes. Tout le monde attend que les autres bougent mais personne n’agit ». Selon le président de la LBCA, il faudrait pouvoir sanctionner les supporters qui ne se cachent plus car ils savent qu’ils ne seront pas poursuivis. « Selon moi, en punir 1 pourrait en éduquer 100″.