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Des milliers d’enfants migrants victimes d’abus sexuels pendant leur détention aux États-Unis

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Des enfants demandeurs d'asile, originaire d'Amérique Centrale, jouent dans un refuge à Tijuana, le 20 juin 2018. | © GUILLERMO ARIAS / AFP

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Le gouvernement américain a reçu près de 5 000 plaintes entre 2014 et 2018 concernant des abus sexuels perpetrés sur des mineurs migrants non-accompagnés dans des centres de détentions aux États-Unis.

Rendues publiques par un député de Floride, les allégations ont provoqué une onde de choc aux États-Unis. Selon les chiffres diffusés par le démocrate Ted Deutch, cité par Axios, plusieurs milliers d’enfants migrants non-accompagnés ont déposé plainte entre octobre 2014 et juillet 2018 pour des agressions sexuelles, des attouchements ou des présentations forcées de vidéos pornographiques. Au total, 4 556 plaintes ont été reçues par le Département de la Santé et des Services Sociaux, et 1 303 par le ministère de la Justice. La plupart des affaires impliquent un mineur détenu abusant d’un autre mineur, mais 178 plaintes accusaient du personnel adulte travaillant avec ces enfants.

« Cela équivaut en moyenne a une agression sexuelle perpétrée par semaine par le personnel du ministère de la santé sur un mineur non accompagné », s’est indigné Ted Deutch lors d’une audience du comité judicaire de la Chambre des Représentants mardi 26 février. « Ces documents nous disent qu’il y a un problème avec des adultes, des employés du HHS (Départ de la Santé et des Services Sociaux) qui abusent sexuellement des enfants », a-t-il déclaré.

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Si les chiffres concernent également de l’administration Obama, The Guardian précise que la plupart des abus sexuels et du harcèlement signalés se sont produits depuis l’entrée en fonction de Donald Trump, en janvier 2017. Le député de Floride a rapidement fait le lien avec sa politique « tolérance zéro » de séparation des familles de migrants pour lutter contre l’immigration clandestine à la frontière mexicaine. Au total, près de 3 000 enfants ont ainsi été séparés de leurs parents. On observe d’ailleurs une augmentation du nombre d’affaires d’abus sexuels impliquant des membres du personnel contre des enfants migrants en 2018 : 12 plaintes ont été déposées en juillet, contre quatre en février, selon le journal britannique. « Ce comportement, il est méprisable, dégoûtant, et ce n’est que le début des questions auxquelles le HHS devra répondre sur la manière dont ils gèrent ce qui se passe dans ces centres », a lancé Ted Deutch.

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La défense de l’accusé

Face à cette polémique, le Département s’est défendu de tout manquement. « Les équipes du HHS ne sont pas concernées par ces allégations », a rétorqué Jonathan White, représentant du Département de la Santé et des Services Sociaux qui supervise notamment le sujet des conditions de détention des mineurs. Il affirme que les employés visés par ces allégations ne travaillent pas pour le gouvernement fédéral, mais bien pour les centres de détention. The Guardian explique à ce propos que HHS gère les soins prodigués à des dizaines de milliers d’enfants migrants, dont la plupart ont franchi la frontière seuls. Après leur détention par le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, ils sont placés dans des refuges privés jusqu’à ce qu’ils puissent être pris en charge par des parrains, souvent un parent ou un membre de la famille.

Jonathan White a souligné aussi que, dès qu’une agression est signalée, une enquête s’ensuit. Et transmise au ministère de la Justice, pour des poursuites, lorsqu’elle est avérée. Selon les données publiées par le bureau de Deutch, rapporte le journal britannique, le ministère de la Justice a reçu 29% des 4 556 plaintes initialement déposées.

Mais les enfants migrants non-accompagnés détenus par l’État restent la responsabilité de l’État. Qu’ils soient agressés sexuellement par des employés fédéraux ou non, cela reste inacceptable. Les centres de détention pour mineurs aux États-Unis n’ont pas fini d’être sous le feu des critiques. En décembre 2018, deux enfants guatémaltèques, âgés de sept et huit ans, sont morts après leur placement en détention par les autorités migratoires américaines.

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