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Clit-moi, un jeu ludique pour libérer le plaisir féminin

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Clit-moi ! | © DR

Société

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le clitoris. Ou presque.

Tout le monde sait à quoi ressemble un pénis, le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou. Que ce soit dans les manuels scolaires d’éducation sexuelle, sous la forme d’un sextoy ou tagué dans les toilettes publiques, l’organe masculin est partout et le dessiner est à la portée de tous, même aux moins créatifs. Mais qu’en est-il du clitoris ? Pas tellement. Si de nombreux collectifs et même comptes Instagram (comme Tasjoui, ClitRevolution ou encore Gang du Clito) tentent aujourd’hui de libérer la sexualité des femmes, le clitoris, le seul organe féminin lié entièrement au plaisir, reste encore un grand mystère pour certaines et certains. En France, un quart des jeunes filles ne savent même pas qu’il existe et seul un livre scolaire sur 8 le représenterait totalement, selon France Info. Difficile alors de savoir à quoi il ressemble.

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Pour démystifier le plaisir féminin, l’Office national du film du Canada, en collaboration avec des étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a lancé ce lundi Clit-moi, un jeu ludique, seulement sur appareils mobiles. Après un rappel que tout rapport sexuel doit être consenti par les parties, le joueur peut personnaliser son clitoris, représenté par un avatar créé à partir d’un modèle 3D de l’organe génital féminin. Parce que chaque clitoris est unique. En effectuant différents mouvements de doigt, l’objectif est d’arriver à la satisfaction, mais cela s’apprend. Avant d’atteindre l’orgasme, le joueur doit ainsi passer plusieurs niveaux, séparés par des informations et des statistiques sur le clitoris et la jouissance féminine. On apprendra d’ailleurs que c’est encore la pénétration qui domine chez les hétéros, alors qu’elle mène à l’orgasme chez seulement une femme sur cinq et que le clitoris est très sensible, avec plus de 8 000 terminaisons nerveuses sur le gland.

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« Les gens pensent juste au petit bouton, ils ne savent pas à quoi ça ressemble pour vrai, un clitoris, explique Catherine Sabourin, étudiante en design graphique au HuffPost. Mais en fait, ça ressemble à un bonhomme : ça a une tête, des bras et des jambes ! » © Capture d’écran

Orgasm gap

Avec Clit-Moi, les étudiants de l’UQAM veulent briser les tabous et combler le « fossé orgasmique » qui existe entre les hommes et les femmes hétérosexuels. Selon une étude américaine de 2014, lors d’une première relation sexuelle entre de nouveaux partenaires, 62% des femmes hétérosexuelles parviennent à l’orgasme, contre 85% des hommes. Les femmes lesbiennes, elles, atteindraient l’orgasme à 75 %. L’une des raisons de ce « orgasm gap » est la méconnaissance de l’organe du plaisir féminin. Les étudiants eux-mêmes ont été confrontés à leur ignorance durant la création du jeu.

« Nous ignorons simplement ce que c’est. Nous ne pouvons même pas simplement en dessiner la forme », déclare Hugues Sweeney, producteur exécutif de l’ONF, à La Presse. « Donc, je pense que c’était l’intérêt de la démarche, comment pouvons-nous combler cet écart de compréhension ? ». Mais celui qui a supervisé le projet souligne que le but de ce dernier « n’est pas de couvrir tous les aspects du sujet. C’est pour commencer une conversation. »

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