Birmanie : des enfants, du travail et des usines

Avec le boom économique, de plus en plus d'enfants travaillent dans les usines birmanes. | © Belga
Le phénomène n’est pas nouveau. Mais avec le boum économique, de plus en plus d’enfants birmans travaillent dans les usines.
Parmi les pays les plus touchés par le travail des mineurs, la Birmanie ne cesse de voir ses enfants épuisés et blessés par le travail.
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Ils ont entre 10 et 17 ans et sont des milliers à travailler dans les usines du pays, en plein développement économique après des décennies d’isolement.

Récemment, l’un d’entre eux a perdu deux doigts dans une machine et a dû renoncer à son emploi à l’usine. À 14 ans, San Min Hteik travaille pour offrir à sa famille « un niveau de vie décent », dit-il dans un témoignage rapporté par l’AFP.
Je ne peux pas faire ce que je veux, donc je me sens déprimé (…) Je veux que ma famille puisse avoir assez à manger, qu’elle puisse porter les mêmes vêtements que les autres.
14 ans, l’âge supposé légal
En Birmanie, là où le travail des mineurs est culturellement accepté, un adolescent sur cinq travaille, selon le dernier recensement publié en 2014. Une évaluation qui fait du pays l’un des plus mauvais élèves au monde en la matière. Légalement, les enfants peuvent commencer à travailler à 14 ans. Néanmoins, ils ne doivent pas faire plus de quatre heures par jour et ne sont pas censés être employés dans des industries dites dangereuses.
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Si habituellement, ils servent le café dans les « teashops », passent le balai dans les ateliers d’usine ou sont employés comme domestiques, récemment, ils sont de plus en plus à se tourner vers les usines appartenant à des groupes étrangers. Dans un pays où tout reste à développer, favoriser le labeur en industrie leur offre la perspective d’un meilleur business.
Un smic à 28 cents
Avec un salaire minimum de 28 centimes d’euros, la main-d’oeuvre birmane est de loin la moins chère de la région, en comparaison avec la Thaïlande, le Cambodge, la Chine ou l’Indonésie.
En Birmanie, une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Devant un tel constat, difficile de faire respecter la loi qui interdit le travail aux enfants de moins de 14 ans. « Les parents demandent à leurs enfants de travailler pour faire vivre la famille« , rapporte un dirigeant syndical local à l’AFP. « Nous n’avons pas le courage de leur demander de ne pas envoyer leurs enfants travailler. Ils ont tellement de difficultés« , ajoute-t-il.

Laxisme dans le contrôle
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Les contrôles rarissimes laissent la porte ouverte au non-respect des lois et à l’accroissement du phénomène. Interrogé par l’AFP, la porte-parole du géant suédois de l’habillement H&M – dont les usines ont recours à la main-d’oeuvre des enfants birmans – assure que le groupe veille à ce que les salariés de ses fournisseurs, et en particulier les adolescents de 14-18 ans, travaillent conformément aux lois du pays et soient « traités avec respect« . Elle évoque un « code de conduite strict » de H&M.