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Amnesty International dénonce les crimes au Yémen devant l’ambassade d’Arabie saoudite

Cette démarche fait écho à la protestation devant l'ambassade d'Arabie saoudite ce 18 mars au Yémen. | © AFP PHOTO / MOHAMMED HUWAIS

Société

Des militants d’Amnesty International mèneront une action symbolique ce jeudi 23 mars en fin de journée devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Bruxelles pour dénoncer les crimes de guerre et autres violations graves du droit international commis au Yémen.

Par cette action symbolique, l’organisation souhaite marquer le deuxième anniversaire des premiers bombardements imputables à la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen. Amnesty International souhaite également rappeler à la Belgique, et plus particulièrement à la Région wallonne, dont l’Arabie saoudite est l’un des principaux acheteurs d’armes, « de veiller à ne pas se rendre complice des graves crimes perpétrés dans le pays ».

Concrètement, les militants poseront devant l’ambassade d’Arabie saoudite des tombes de victimes civiles pour dénoncer la responsabilité des États qui fournissent des armes et du matériel militaire à ce pays du Moyen-Orient, non sans effets dévastateurs sur les civils. « Les deux années de conflit ont contraint trois millions de personnes à fuir leur logement, ont détruit les vies de milliers de civils et ont provoqué une véritable catastrophe humanitaire au Yémen, où plus de 18 millions de personnes ont désespérément besoin d’aide », explique Lynn Maalouf, directrice adjointe de la recherche au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.

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« Depuis deux ans, l’Arabie saoudite et ses alliés – le Bahreïn, la Jordanie, le Qatar, le Maroc, l’Égypte, le Koweït, le Soudan et les Émirats arabes unis – mènent des attaques dévastatrices au Yémen, lesquelles ont pour principales victimes les civils. Ce sont des écoles, des hôpitaux, des mosquées, des marchés qui sont pris pour cibles. C’est insupportable », renchérit Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, renvoyant à la responsabilité des gouvernements, notamment en Belgique. « Nous n’oublierons pas que l’Arabie saoudite reste le principal client en matière de vente d’armes de la Région wallonne; quant à la Flandre, elle a, selon nous, une vue insuffisante de l’utilisation finale qui est faite de son matériel militaire de haute technologie, avec le risque que celui-ci soit utilisé dans des avions de combat au Yémen ».

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Au vu de la situation, Amnesty International réclame la prise de mesures par la communauté internationale en vue d’imposer un embargo sur les armes et la mise en place d’une enquête internationale sur les violations commises par toutes les parties au conflit. L’organisation encourage par ailleurs le gouvernement belge à continuer à user de son influence pour presser les parties de respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire. Concernant la Région wallonne, elle lui demande de ne plus vendre d’armes à l’Arabie Saoudite tant que cette dernière se rend coupable de violations des droits humains.

Une crise humanitaire

Amnesty International rappelle que, selon les estimations, quelque 18,8 millions de personnes au Yémen sont dépendantes de l’aide humanitaire et ont désespérément besoin de nourriture, d’eau, de carburant et d’abris pour survivre. Les Nations Unies ont tiré la sonnette d’alarme, soulignant que la malnutrition atteignait un tel niveau que le pays était au bord de la famine. « Le conflit au Yémen constitue à présent la plus grande urgence pour la sécurité alimentaire dans le monde », a alerté le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien. « Sans action immédiate, la famine est un scénario possible pour 2017 ».

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Au moins 4 600 civils ont été tués et plus de 8 000 blessés depuis que la coalition menée par l’Arabie saoudite a commencé ses frappes aériennes au Yémen en mars 2015, déclenchant un conflit armé ouvert.

(Avec Belga)

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