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L’enquête corse : Trainées de poudre sur l’île de beauté

Longtemps réservée à la jet-set de passage, la coke fait désormais l'objet d'un trafic local | © Belga

Société

Longtemps réservée à la jet-set estivale, la cocaïne est désormais le produit phare des trafiquants corses. Les gros titres de la presse locale  se succèdent au gré des prises réalisées à travers l’île, à un rythme – et des quantités – jamais enregistrés auparavant. 

Quinze kilos de « coke » saisis dans la région de Bastia à la mi-février, quatre kilos découverts dans les bagages de Louis Carboni, vétéran du banditisme corse, interpellé à Lyon trois semaines plus tard ; cinq cents grammes récoltés par les gendarmes début mars. Si de tels chiffres peuvent paraître anecdotiques au regard des volumes de stupéfiants saisis sur le continent chaque année, Le Monde y note toutefois une tendance inquiétante. Au regard des 320 000 habitants seulement de l’île de beauté, ces chiffres témoignent en effet d’une démocratisation de l’usage de cocaïne, longtemps réservée à la jet-set de passage durant l’été.

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En Corse, par les Corses, pour les Corses

Interrogé par Le Monde, Christian Sivy, le directeur régional de la police judiciaire, parle d’un «trafic organisé en Corse, par les Corses et pour les Corses ». Tant et si bien que ses troupes, déchargées des impératifs liés à la lutte antiterroriste depuis le dépôt des armes du FLNC en juin 2014, ont vu leur activité réorientée vers cette « véritable priorité ». 

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Corse, cocaïne… et Coca-Cola

Un trafic de poudre qui rappelle les liens historiques de la Corse et de la cocaïne. Fin 19e en effet, un fils de pharmacien corse, Angelo Mariani, monte à la capitale pour y travailler comme préparateur de toniques. Selon la légende, rapportée avec verve dans un documentaire signé TV5 Monde, une cantatrice enrouée a fait appel aux services d’Angelo pour lui préparer un remède. Mariani lui aurait expliqué être en train de mettre au point une décoction à base de vin de Bordeaux et de feuilles de coca, immédiatement approuvée par la cantatrice. Le vin tonique Mariani à la coca était né, imité immédiatement à travers le monde, notamment par un pharmacien d’Atlanta, John Pemberton, qui a sorti son « French Wine Coca » mieux connu aujourd’hui sous le nom de Coca-Cola. Si l’anecdote prête à sourire, la propagation du trafic de cocaïne sur l’île de beauté est elle tout sauf drôle. Vers un retour de la French Connection ? Il n’y a qu’un pas, qu’on espère que les Corses ne franchiront pas.

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