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Après le Black et le Green, voici venu le Red Friday, pour lutter contre la précarité menstruelle

le red friday pour lutter contre la précarité menstruelle

Avoir ses règles alors qu'on vit dans la rue, c'est un combat de tous les jours. | © Erol Ahmed/Unsplash

Société

Le Black Friday a tendance à devenir un jour de lutte pour le bien-être, l’environnement et la société.

 

Le Black Friday, c’est ce vendredi et on ne peut pas dire qu’il passe inaperçu. Vénéré par les uns comme le Saint Graal de la consommation à prix réduit, il est nié et dénoncé par les autres qui y voient principalement un appel au consumérisme de masse, dénoncent l’impact environnemental qu’une telle consommation massive engendre et tentent de mettre en lumière le coût sociétal et social qui se cache derrière une telle aberration. Pour faire face à cette journée de soldes monstres, le Green Friday se veut l’alternative éco sympa qui propose de mettre la priorité sur l’environnement en privilégiant les alternatives écologiques, renouvelables, ou d’occasion. Quitte à acheter un vendredi de novembre, autant que cela soit de manière responsable.

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Le principal, au final, c’est de consommer autrement. Et comme chacun semble profiter de ce vendredi noir pour mettre sous le feu des projecteurs ses revendications, c’est aussi ce vendredi qu’a choisi Camille Aumont, la fondatrice du compte Instagram « Je m’en bats le clito » pour attirer l’attention de la population sur la précarité menstruelle. En collaboration avec le média Wondher et l’association Règles Élémentaires, elle prévoit un week-end spécial de collectes de protections hygiéniques en faveur des femmes les plus démunies, en commençant jeudi par une conférence autour du thème « Pourquoi la précarité menstruelle existe-t-elle toujours en 2019 ? »

Basée en France, l’association Règles Élémentaires a été créée en 2015 pour collecter des produits d’hygiène intime à destination des femmes sans-abri et mal-logées et tenter de lutter contre la précarité menstruelle. Depuis, elle a déjà permis de récolter et de distribuer plus d’un million de produits d’hygiène intime qui ont bénéficié à 35 000 femmes grâce à des dons venus pas seulement de France mais aussi de Belgique et de Suisse. Son QG du week-end sera basé à Paris, dans l’hôtel The Hoxton, où les dons peuvent être déposés et où les conférences auront lieu.

 

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Et chez nous ?

Si une telle mobilisation ponctuelle n’a pas atteint nos frontières, la Belgique n’est pas en reste concernant les récoltes et les distributions qui se déroulent tout au long de l’année en faveur des femmes précarisées. En Belgique, 350 000 femmes vivent sous le seuil de pauvreté d’après Alter Echos. À Bruxelles, parmi les personnes sans domicile fixe, 23 % s’identifient comme femmes. Soit 800 personnes, ou presque, qui doivent gérer chaque mois leurs menstruations alors qu’elles se trouvent à la rue. Chez nous, c’est l’ASBL Bruzelle qui s’est fixé comme objectif de lutter contre la précarité menstruelle en collectant des serviettes hygiéniques et en les distribuant gratuitement et dans la dignité aux femmes en situation de précarité. Depuis sa création en 2017, l’ASBL a déjà récolté plus de 240 000 protections périodiques. 

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Depuis juillet 2018, un projet de loi a été approuvé pour que la TVA sur les tampons, serviettes, protège-slips et coupes menstruelles passent de 21 % à 6 %. Cette décision a permis de faire passer ces biens sous l’étiquette des biens de première nécessité et cela engendrait par la même occasion une baisse des prix d’environ 15 %, soit 50 € par an environ et près de 2 000 euros sur une vie. C’en est donc bel et bien fini de la taxe tampon. C’est bien beau, mais pour les femmes sans-abri et sans revenu, cela ne change pas grand-chose. Et pour le collectif Belges et Culottées qui a mené le combat contre la taxe tampon du début à la fin, c’est une victoire, mais loin d’être une fin en soi. L’association voudrait arriver jusqu’à la gratuité des protections hygiéniques, du moins partiellement. « Ces produits représentent un coût conséquent pour beaucoup de personnes en difficultés financières, et on pourrait se demander pourquoi ils ne seraient pas tout simplement offerts gratuitement dans les institutions scolaires, dans les prisons, dans les refuges pour personnes SDF, dans les centres de Planning Familial, voire même dans les toilettes publiques (car à l’instar du papier toilette, on ne peut pas s’en passer) ».

Si le Red Friday ne sera pas présent en soi ce week-end en Belgique, on ne doute pas que cette initiative donne des idées à plus d’une. Et pour les personnes qui veulent agir, des collectes sont organisées tout au long de l’année.

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