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De nombreuses femmes se font avorter toutes seules au Texas, à cause des lois anti-IVG

De nombreuses femmes se font avorter toutes seules au Texas, à cause des lois anti-IVG

Des militants pro-choix manifestent devant la Cour suprême des États-Unis, le 24 janvier 2020 à Washington, DC. | © OLIVIER DOULIERY / AFP

Société

Elles sont trois fois plus que dans le reste du pays.

 

C’est un chiffre qui fait froid dans le dos. Au Texas, les femmes essayent de se faire avorter toutes seules trois fois plus que dans le reste du pays. Une étude récemment publiée par le Texas Policy Evaluation Project a révélé que 7 % des patientes cherchant à se faire avorter dans les cliniques du Texas avaient déjà essayé auparavant de mettre fin à leur grossesse par leurs propres moyens, révèle le San Antonio Current. La moyenne nationale n’est que de 2,2 %.

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Bien qu’il existe des différences méthodologiques entre les données texanes et les données nationales, cette étude montre surtout le danger bien présent pour les femmes, dans cet État où la législation sur l’avortement est l’une des plus restrictives du pays. La scientifique Liza Fuentes et son équipe ont interrogé plus de 700 patientes cherchant à se faire avorter dans des cliniques du Texas entre 2012 et 2015. « Au cours d’une série d’entretiens, ils ont constaté que beaucoup de ces femmes estimaient n’avoir d’autres choix que de s’auto-administrer la procédure, souvent avec l’utilisation de médicaments obtenus en vente libre au Mexique », explique le média américain.

Plus de 400 kilomètres pour pouvoir avorter

Suite à une loi votée en 2013 (puis rejetée par la Cour suprême des États-Unis), le nombre de cliniques au Texas a chuté de 40 à 22. La plupart des cliniques restantes sont regroupées dans les grandes villes, laissant de côté les femmes vivant dans les campagnes, qui doivent parcourir de longues distances pour se faire avorter. À titre d’exemple, il n’y a plus qu’une seule clinique qui dessert toute la vallée du Rio Grande. De nombreuses femmes du Texas du Sud doivent se rendre à San Antonio pour obtenir l’intervention, un trajet pouvant aller jusqu’à plus de 400 kilomètres, soit la distance entre Bruxelles et Francfort.

De plus, les compagnies d’assurance maladie ne couvrent pas non plus l’avortement au Texas, sauf dans les cas où la santé de la patiente est menacée. « Ce que nous savons grâce à l’étude, c’est que la distance à laquelle se trouvent les cliniques du Texas et le coût de leurs déplacements ont joué un rôle important dans les décisions de ces femmes », explique la scientifique Liza Fuentes de l’Institut Guttmacher, dans des propos repris par le San Antonio Current.

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Beaucoup de femmes interrogées ont déclaré avoir pris du misoprostol, un médicament provoquant l’avortement, qui est disponible sur ordonnance mais également en vente libre au Mexique. D’autres déclarent avoir utilisé des herbes, des thés ou des vitamines. Presque aucune des femmes ne semble avoir envisagé des moyens intrinsèquement risqués, comme un coup à l’estomac, pour interrompre leur grossesse, souligne le San Antonio Current.

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