Journal intime d’une grande brûlée : un compte Instagram pour guérir les plaies

" Je l'ai créé pour m'aider à me décomplexer et au final, ça aide aussi les gens ". | © Instagram @douzefevrier
Brûlée sur près de la moitié du corps, Julie Bourges, jeune française de 20 ans, surmonte son calvaire et réapprend à s’aimer en partageant son quotidien sur Instagram. Des photos pour combattre les clichés, et un compte suivi par plus de 88 000 abonnés.
Le visage souriant, les yeux qui pétillent, souvent vêtue de tenues de sport : au premier abord, le compte Instagram de Julie ne semble pas très différent des autres. Pourtant, quand on y regarde de plus près, le corps de la jeune fille est marqué par de nombreuses cicatrices. Brûlée il y a quatre ans au troisième degré sur 40% de son corps, Julie a décidé de partager sa vie sur les réseaux sociaux pour faire face aux préjugés. C’est grâce à une grande force de caractère et au soutien de ses proches que la jeune fille se lance dans la conception d’un compte Instagram. Aujourd’hui, il est suivi par plus de 88 000 personnes, qui félicitent sa victoire.
Un accident de lycée
Le malheur de Julie arrive il y a quatre ans. À l’époque, l’étudiante participe au carnaval de son lycée.« On avait décidé avec ma meilleure amie de créer un costume de mouton, qu’on avait réalisé nous-mêmes avec du coton », raconte la jeune fille. Sur le chemin du retour, elle s’arrête pour fumer une cigarette avec sa copine. « Mon amie me propose de fumer une dernière clope avant de rentrer. Elle était au téléphone avec son copain et tout d’un coup, elle me dit que mon costume prend feu ». Par peur, la lycéenne court, ce qui attise encore plus les flammes. C’est en entendant des cris de douleur, qu’une voisine intervient en stoppant le feu à l’aide d’un tuyau d’arrosage.
Lire aussi > Don d’organes, don de vie : Le Belge est dans le top européen, mais peut mieux faire
Brûlée au troisième degré, entre la vie et la mort, Julie sera plongée dans un coma artificiel pendant trois mois. « En me réveillant, j’étais perdue dans le temps, mais pour moi c’était pas grave parce que je ne sentais rien » poursuit-elle. Mais en se regardant dans le miroir, recouverte de bandages, ne pesant plus que 35 kilos, les cheveux rasés, la jeune fille ne se reconnaît plus. « C’est à ce moment là que j’ai réalisé la gravité de mon accident ».
Une date symbolique
« En choisissant la date de ce calvaire, ça a été pour moi un nouveau point de départ ». Le 12 février. Pour Julie, forte de caractère, c’est un moyen de démystifier ce jour et d’en faire une force. Jeune sportive, elle se rétablit vite. En septembre 2013, la jeune fille reprend la gymnastique, mais reste complexée par son corps et décide d’arrêter les compétitions. Lui vient alors l’idée de créer un compte Instagram à deux facettes : le fitness et son histoire depuis l’accident.
Petit à petit, il devient une sorte de journal intime. Au regard de la toile, le compte lui permet de partager ses doutes, ses joies, ses peines mais aussi sa lutte contre les préjugés. « À la base, je l’ai créé pour appréhender les réactions des gens en me voyant. Je n’ai eu que des retours positifs, ce qui m’a permis de mieux m’accepter », témoigne Julie.
Lire aussi > Échappées belles et fesses à l’air : la nouvelle tendance déculotée d’Instagram
Instagram : le meilleur remède
Son compte lui vaut quotidiennement des compliments. « Les gens me disent que ça représente ma force, mon courage, il y en a même qui disent que c’est artistique, que ça ressemble à des tatouages » La jeune fille est aussi régulièrement sollicitée par des ados, des femmes et des hommes en manque de confiance en eux. « Beaucoup de brûlés me contactent, mais il y a aussi des personnes complexées par leurs cuisses, ou des jeunes filles qui ont des problèmes avec leur copain. J’essaye de répondre à tout le monde, mais il y en a tellement que ce n’est pas toujours évident » déclare-t-elle.
Aujourd’hui, en couple depuis plusieurs mois avec son copain, Julie continue à actualiser son compte. Sur le point de passer les tests pour devenir prof de fitness, elle a réussi à démontrer que tout est possible dans la vie. Son slogan : « C’est pas parce qu’on a un accident qu’on doit se laisser abattre ! »