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Un jeune entrepreneur belge fournit l’armée française en visières de protection contre le Covid-19

Après avoir étudié à Bordeaux, le Belge Bastien Vanlathem s'est lancé dans l'aventure de l'impression en 3D. Aujourd'hui, il rend utile son entreprise et aide l'armée. | © GRYP

Société

Une histoire franco-belge débutée sur les bancs d’un auditoire d’une haute école de commerce à Bordeaux quelques années plus tôt avec deux passionnés de bagnoles. Gauthier Laviron et Bastien Vanlathem ont créé leur société GRYP en 2018. Frappés par l’arrêt net de l’économie, ils ont décidé de ne pas rester les bras croisés durant cette crise sanitaire mais d’aider leur prochain. Hôpitaux et défense nationale française sont parmi les plus nécessiteux…

 

Par Laurent Depré

De la banale et inopinée rencontre durant leur cursus entre deux jeunes passionnés d’automobiles anciennes est née une start-up bien en vue en région bordelaise qui aujourd’hui, comme des milliers d’autres entreprises en France et ailleurs, est confrontée de plein fouet à la pandémie mondiale. « Heureusement que les deux premières semaines du mois de mars avaient été assez bonnes. Depuis… «  nous glisse Bastien Vanlathem, Belge de 28 ans et originaire d’Overijse en Brabant flamand. 

GRYP, société installée et incubée à Bordeaux il y a un peu plus de deux ans, est spécialisée dans la reproduction de pièces détachées sur mesure grâce aux techniques d’impression 3D. Le core business ? Le dessin industriel et la reproduction des pièces automobiles rares voire introuvables. Qui ne sont en tout cas plus produites en usine. « Nos clients, en temps normaux, ce sont les particuliers passionnés qui possèdent des oldtimer, des garages spécialisés dans la remise à neuf de vieux véhicules et certains constructeurs ou revendeurs comme Aston Martin ou D’ieteren. Nous vendons essentiellement en ligne et nous possédons en atelier dix imprimantes » , explique le Belge installé en France depuis de nombreuses années maintenant.

Comme les deux associés l’expliquaient sur le site automoto.com, restaurer une voiture de collection coûte cher et s’avère parfois aléatoire. La qualité des pièces n’étant pas toujours égale… «Après une étude de marché, j’ai fait le constat qu’il y avait de la place pour notre activité. Le marché français regorgent de vieux modèles. On constate aussi un gros intérêt dans des pays comme l’Allemagne et la Belgique. Mon pays d’origine représente entre 10 et 15% de notre activité », note le Bordelais d’adoption.

La start up se développait gentiment jusqu’à l’arrivée de ce satané Covid-19 qui a gelé le marché naissant. « C’est assez simple : nos fournisseurs, clients ou acheteurs ont stoppé leur activité… » Mais notre duo n’est pas du genre à attendre calmement à la maison que l’orage passe. Que du contraire…« Nous avons donc pris contact en premier avec le CHU de Bordeaux qui était en manque de visières en PVC de protection dans leur gestion des patients atteints par le coronavirus. Nous avons aussi travaillé sur la fourniture gratuite de valves 3D de respirateurs artificiels tant nécessaires lors de l’afflux de malades en milieu hospitalier. Cela s’est étendu au reste de la France et plus uniquement sur les centres de soins régionaux ».

 

Les deux associés avec à droite le Belge Bastien Vanlathem. ©GRYP

L’armée de l’air comme gros client

GRYP était déjà en partenariat avec le secteur de la Défense. Mais face à la pénurie et devant la nécessité pour de nombreux militaires de devoir assurer malgré cette période de confinement une présence sur les bases de France et d’outre-mer, la jeune entreprise en est à 4 000 visières sorties de ses imprimantes pour protéger les soldats sur le terrain. « Nous ne gagnons pas d’argent et nous mettons nos machines à disposition de la collectivité. C’est notre philosophie, c’est comme cela que nous voyons notre rapport à la société. Ne pas vouloir faire de l’argent à tout prix. Comme certaines entreprises de notre région qui n’ont pas voulu nous suivre gratuitement. Honteux… Nous avons été choqués par de telles attitudes et nous ne travaillerons plus avec elles dans l’avenir. Certaines sont revenues vers nous, mais il était trop tard… »

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Nouvelle image de marque

La décision altruitse de « prêter » leur outil de travail (Ndlr : notons que la matière première a été financée par un mécène) a eu de bénéfiques répercussions sur GRYP. « C’est vrai que nous avons eu une excellente couverture médiatique régionale et nationale. Notre participation à l’effort général, nous ne sommes pas les seuls dans la région, pour combler les manques a attirer l’attention sur nous et nous avons de nouvelles commandes, payantes celles-là ! C’est évidemment formidable mais ce n’était pas le but recherché », détaille Bastien.

Le mot de la fin de cette expérience inédite et humainement riche revient à un général français croisé lors d’une commande pour l’armée tricolore et qui marqué notre compatriote : « Habituellement, c’est l’armée qui vient en aide à la population. Cette fois-ci, les rôles sont totalement inversés… » Et on ne peut qu’en féliciter l’entreprise française.

 

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