HERO Meals : Quand la gastronomie « zero waste » se met au chevet du personnel soignant

Les "héro.ine.s" en plein travail. | © Bouchée Double.
Elliott Van de Velde et ses équipes travaillent d’arrache-pied depuis des semaines pour sustenter les soignants des différents hôpitaux bruxellois. Un mouvement né de la rencontre entre HERO Meals, plateforme anversoise née au début du confinement, et le projet Hearth By Elliott lancé par le jeune chef. Un garçon qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et voit beaucoup plus loin.
C’est un rythme auquel il est rôdé et qui lui sied, même s’il avoue volontiers que « c’est beaucoup plus cool que sur des événements où ça envoie sec. » D’habitude, Elliott régale les papilles du parterre VIP au Palais 12, fait partir des centaines de plats en un temps record et ne voit pas le temps passer. Depuis le début du confinement, alors qu’à l’instar de tous ses confrères de l’Horeca il « galère », ce jeune chef de 31 ans se met en quatre pour aider ceux qui en ont besoin.
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Bien avant le Covid-19, il avait déjà mis en place une structure faisant la promotion de son obsession : le « zero waste ». Aidé par une enseigne de la grande distribution, il récoltait les invendus pour en faire des menus d’exception destinés aux invités de ses événements. Hearth By Elliott était née et entraînait une foule de projets durables avec elle. La crise sanitaire qui suivait pouvait tout ruiner, mais c’est mal connaître son créateur, décidé à nourrir ceux qui en ont le plus besoin.
Une mécanique bien huilée
Dés le début de la pandémie et grâce à son réseau, Elliott parvient à débloquer des stocks d’invendus pour alimenter des restaurants sociaux, tel l’Ilôt saint-gillois qui vient en aide aux sans-abris. Soucieux de faire partie d’un circuit organisé et de transformer lui-même ces invendus, il se rallie à HERO Meals, initiative créée à Anvers et dont le défi est simple : soutenir les équipes hospitalières confrontées au Covid-19 en les sustentant de la manière la plus éthique qui soit.
Se joignent à lui des équipes de bénévoles issus de l’Horeca – des amis, anciens collègues ou nouveaux venus – et la petite bande investit les cuisines de Midori, situées dans le très select open space Fosbury & Sons à Watermael-Boitsfort. C’est là que toute la transformation se passe, dans une atmosphère bon enfant, alors que les centaines de kg de produits affluent. Récolter, trier, ranger, transformer, créer : le processus se décline en différentes étapes réparties entre les bénévoles. À la fin, il faut encore livrer les centaines de barquettes dans les hôpitaux qui reçoivent les précieux repas. De 7h à 15h, il faut une bonne quinzaine de bras pour remplir le défi.
Pour une solidarité durable
Au menu du jour on se pâme devant la volaille fermière panée au curry, une mousse de petits pois réhaussée par un ketchup sriracha, alors qu’une ratatouille frémit devant nos yeux affamés. En plus de penser durable, l’équipe en cuisine rivalise d’inventivité pour que les soignants s’offrent une vraie régalade après leur shift. Contrat plus que rempli et en abondance s’il vous plaît : depuis son lancement il y a quatre semaines, HERO Meals a récolté pas moins de 4 tonnes d’invendus pour concocter plus de 7000 repas.
Mais les projet d’Elliott ne s’arrêtent pas là et notre interlocuteur du jour voit au-delà d’une solidarité temporaire liée au Covid-19. Armé de sa structure Hearth By Elliott, il travaille déjà à la suite et rêve de créer une banque alimentaire qui se fournirait exclusivement en invendus de la grande distribution, mais aussi de ceux de plus petites structures locales et durables. « Beaucoup de choses sont sur le point de se concrétiser, on y travaille », nous confie-t-il plein d’enthousiasme.
Première pierre d’une nouvelle période, la nouvelle collaboration avec Kamiano, restaurant pour sans-abris situé à Bruxelles qui est maintenant livré sur une base régulière par les équipes d’Elliott. Ce dernier insiste à la fin de notre entretien sur la nécessité d’aller plus loin que la « simple » livraison de repas, et met l’accent sur son expertise qui pourrait servir à bien d’autres associations. On ne doute pas qu’il ne s’agit là que d’un début.