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Marius Gilbert : « On a trop opposé les enjeux sanitaires et économiques »

Marius Gilbert : « Pour certains intervenants politiques, même dans les toutes dernières semaines, l’idée de prendre des mesures sanitaires plus fortes ne parvenait pas à passer. Il y avait une vraie peur de couler notre économie ; cette peur prenait le dessus sur toute autre considération.» | © Olivier Polet

Société

« En termes d’hospitalisations, on est passé à un taux de croissance supérieur à 1 depuis le 6 septembre 2020. On aurait pu agir, on aurait dû agir de manière forte, dès ce moment-là », regrette Marius Gilbert. Pour ceux qui gèrent la crise sanitaire, le regard dans le rétroviseur est cruel. Mais l’épidémiologiste de l’ULB, en toute franchise, s’inclut dans un certain nombre de critiques. Il affirme aussi qu’ « on a trop mis en opposition les enjeux sanitaires et économiques alors qu’en fait, ils sont complémentaires. »

Pendant cet été, les décideurs politiques belges, mais aussi nombre de citoyens, des opérateurs économiques voire des experts ont sous-estimé la possibilité que nous soyons confrontés à un rebond de l’épidémie de grande amplitude. Collectivement, on s’est comporté comme la cigale dans la célèbre fable de Jean de La Fontaine. Fin août, début septembre, les prudents étaient considérés tels des « marchands de peur ». Formulons le souhait qu’une leçon importante sera retenue de cette seconde vague qu’on n’a pas voulu voir venir ; un enseignement que Marius Gilbert synthétise en ces quelques mots : « Quand on parvient à faire baisser les chiffres de l’épidémie, il faut faire tous les efforts pour maintenir la courbe à un niveau bas. (…) Cette constance dans l’effort est bien plus profitable que de passer par des cycles successifs de mesures strictes et de relâchements, que de laisser se développer des incendies qui deviennent ensuite difficilement maitrisables. J’espère que, dans quelques mois, nous garderons la mémoire de cette seconde vague que nous commençons seulement à traverser… Afin de ne plus jamais devoir réemprunter un chemin qui s’annonce très éprouvant… »

Paris Match : Quelques minutes avant nous entamions cette nouvelle conversation, le ministre-président de la Région wallonne déclarait : « Je m’attends, malheureusement, à des drames, notamment dans les hôpitaux ». Incontestablement, l’heure est grave… Plus grave qu’en mars au pic de la première vague ?

Marius Gilbert : Oui, la situation est plus grave. En termes d’hospitalisations, on arrive déjà au niveau du pic observé en mars alors que l’effet des premières mesures qui ont été annoncées ne peut être espéré que dans quelques jours. Toutefois, parmi les personnes qui sont hospitalisées, il y a une proportion plus faible de patients qui se retrouvent en soins intensifs. C’est une résultante de deux facteurs : l’amélioration de la prise en charge des malades par l’utilisation de la dexaméthasone et le fait que dans un premier temps, les personnes hospitalisées étaient plus jeunes, bien que cela commence à changer.

Ces facteurs favorables suffiront-ils à compenser l’augmentation exponentielle des contaminations observée durant ces dernières semaines ?

Si les chiffres n’infléchissent pas vite, ce ne sera certainement pas le cas. Il faut aussi prendre en compte les limites humaines : du personnel soignant en nombre toujours plus insuffisant, fatigué, parfois malade, cela débouche inévitablement sur une dégradation de la prise en charge. A cela s’ajoute le risque devenu très important de saturation du système hospitalier et une relative reprise de l’épidémie dans les maisons de repos. Ces éléments conjugués permettent de craindre un accroissement important du nombre de décès dans les semaines à venir. La seconde vague a déjà tué quelque 1000 personnes…

Marius Gilbert : « Oui, la situation est plus grave. En termes d’hospitalisations, on a de très fortes chances de dépasser la première vague.» © BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Une plus grande part de la population active est désormais touchée par un virus qui, lors de sa première offensive, avait surtout ciblé des personnes âgées. Ce n’est évidemment pas sans conséquences sur la désorganisation du corps social et de l’économie : travailleurs malades ou en quarantaine…

En effet, si on prêtait au virus l’intention de toujours plus paralyser notre société, on pourrait dire qu’il arrive à ses fins. Regardez ce qui se passe dans le secteur de l’enseignement. On y a observé une augmentation de la transmission chez les professeurs et les élèves qui était parallèle à ce qui s’est passé dans d’autres secteurs de la société. Pour arriver au constat qu’à un certain moment le fonctionnement normal devient impossible parce qu’il n’y a plus assez de travailleurs disponibles. On observe la même chose dans les milieux hospitaliers et dans combien d’autres encore.

« Le contrôle permanent de la transmission à un niveau bas est la meilleure stratégie même d’un point de vue strictement économique »

Cela nous rappelle que les hommes, leur santé, doivent être au centre de toutes les préoccupations car sans eux, sans les travailleurs, il n’y a plus de services publics, il n’y a plus d’économie… Tout s’écroule ?

Tout à fait. Quand on manque de prudence et de constance sur le plan de la prévention et qu’une épidémie redémarre, le prix pour l’économie devient alors très cher à payer : on va malheureusement le vérifier dans les semaines à venir. Il faudra faire des évaluations formelles, mais il apparaît de plus en plus clairement que le contrôle permanent de la transmission à un niveau bas est la meilleure stratégie même d’un point de vue strictement économique. Certes cela a un coût en termes de confort de vie pour la population, pour les opérateurs économiques (distanciation, port du masque) et pour les institutions (mise en place et entretien d’outils performants pour détecter, tracer, soigner) mais, à l’arrivée, le coût d’une prévention bien organisée sera toujours moins important que celui d’une perte de contrôle comme celle que nous vivons actuellement.

Marius Gilbert : « Actuellement, nous ne sommes plus maîtres de la situation, on subit. Et de fait, on est forcé de réagir dans la précipitation.» © BELGA PHOTO POOL SEBASTIEN PIRLET

Cacophonie, improvisions voire football-panique, on a en effet l’impression que les décideurs politiques belges ont perdu le contrôle de la crise sanitaire… Que le virus a repris la main, qu’une fois encore on lui a laissé l’initiative et qu’on lui court derrière.

Actuellement, nous ne sommes plus maîtres de la situation, on subit. Et de fait, on est forcé de réagir dans la précipitation. Les hôpitaux sont proches de la saturation, le suivi des contacts est dépassé, le testing plafonne et ne permet plus d’identifier les asymptomatiques. Et alors qu’on pouvait envisager précédemment des actions ciblées, on est forcé de revenir à des mesures plus générales qui impactent plus lourdement l’ensemble de la société. Il ne faut pas s’en cacher : on a échoué. Les experts n’ont pas su assez convaincre. Notre politique de prévention n’a pas été à la hauteur.

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N’y-avait-il pas quelque part dans un ministère en Belgique un plan de réponse bien défini pour répondre à une possible seconde vague importante de l’épidémie ?

Un tel plan avait été mis en place par le cabinet De Block mais il a sous-estimé l’amplitude de la seconde vague. Il était trop optimiste quant à notre capacité à contrôler la transmission et à limiter le nombre d’hospitalisations. Après la première vague, on a rechigné à prendre suffisamment en compte le taux de croissance de l’épidémie qui était trop haut. On n’a voulu voir que le nombre absolu des hospitalisations qui était devenu très bas…

« J’ai été moi-même trop optimiste et j’espère de tout cœur ne pas m’être trompé à propos de la mortalité. »

Mais vous aussi, il y a quelques semaines, vous nous parliez en termes relativement optimistes ? Le 2 mai, vous nous disiez : « Il peut toujours y avoir des taches aveugles dans une épidémie, mais il me semble qu’une seconde vague plus forte que la première est peu probable. » Le 19 septembre, vous renchérissiez : « Une deuxième vague aussi meurtrière que la première, en toute franchise, je n’y crois pas. »

C’est exact, j’ai été moi-même trop optimiste et j’espère de tout cœur ne pas m’être trompé à propos de la mortalité. Sans doute, comme d’autres, j’ai sous-estimé l’importance du facteur saisonnier. La première vague nous avait assaillie à la fin de l’hiver dans un contexte climatique plutôt favorable : le lockdown et le déconfinement qui a suivi, se sont faits par beau temps. La capacité de nuisance de ce virus dans des conditions automnales (et bientôt hivernale), impliquant des températures plus basses, est nouvelle pour toute l’Europe. Il sera probablement démontré que ces circonstances météorologiques ont été l’un des facteurs aggravant en termes de contamination.

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A la mi-mai 2020, alors que nous étions en phase 2 du déconfinement, une balise n’avait-elle pas été placée par les experts ? Vous nous expliquiez que le taux de croissance des hospitalisations mesuré sur une semaine devait être impérativement inférieur à 1. Vous nous disiez : « Il faudra que les décideurs politiques tiennent parole. Si le taux de croissance remonte, ils seront face à un impératif de santé publique. Ils devront être capables de dire « stop » à l’une ou l’autre mesure de déconfinement. » Or, on doit bien constater que ce fameux taux de croissance était largement dépassé et ce depuis plusieurs semaines lorsque, tout récemment, les décideurs politiques en sont arrivés de confinement partiel…

Ce constat est parfaitement exact. En termes d’hospitalisations, on est passé à un taux de croissance supérieur à 1 depuis le 6 septembre 2020. On aurait pu agir, on aurait dû agir de manière forte dès ce moment-là.

C’était l’époque où vous plaidiez dans le désert. Vous disiez : « attention au taux de croissance ». On vous répondait : « vous êtes anxiogène, les chiffres d’hospitalisation sont encore bas… » ?

Exactement, à cette époque, on me rétorquait : « le risque zéro n’existe pas, il faut vivre avec le virus… » Et d’autres arguments du genre tel que « le virus circule, mais il ne tue plus » … Pendant l’été, avec trop d’insouciance, nous avons chanté comme les cigales, en minimisant trop le fait qu’un temps moins ensoleillé s’annonçait… Mais nous avons déjà abordé cela dans notre précédente conversation.

« Le leitmotiv des mois d’août et de septembre se résumait à quatre mots :  ‘On en fait trop’ »

Et, à propos de cigales, nous avions évoqué ce fameux Conseil national de sécurité du 23 septembre qui relâcha la bride, autorisant plus de contacts sociaux alors que le signal d’alarme « taux de transmission » était déjà au rouge depuis plusieurs semaines. Vous avez quitté le Celeval juste après ce relâchement à contre-courant de la réalité sanitaire… N’était-ce pas la traduction d’un désarroi, d’une colère que vous vous êtes refusé à exprimer publiquement ?

Dès le début des travaux du Celeval, je n’ai pas été le seul à attirer l’attention de ses membres sur le fait que le taux de croissance des hospitalisations était bien plus essentiel à prendre en compte que le nombre absolu des admissions. Mais comme les politiques avaient recomposé le groupe des experts, en y incluant plus de personnes favorables à un relâchement de l’ensemble des mesures, ce discours d’anticipation ne s’est pas reflété dans les conclusions. Mais je dois avouer que j’ai moi-même été influencé par le discours de ce temps-là qui se centrait beaucoup sur la nécessité de retrouver une adhésion dans la population. A ce moment-là, personne ne voulait entendre qu’il fallait prendre des mesures de restriction plus fortes pour diminuer ce taux de croissance. Le leitmotiv des mois d’août et de septembre se résumait à quatre mots : « On en fait trop. » Ce sentiment était alors très répandu chez les décideurs et dans une partie de la population ; de nouvelles mesures restrictives semblaient inaudibles. Avec le recul, je me dis que les experts n’ont pas été assez intransigeants. Il fallait plus prioriser les enjeux sanitaires, quitte à mieux les expliquer à l’opinion publique, c’est à dire avec toute la gravité que cela supposait. Mais encore une fois, ce discours était discrédité comme étant celui de « marchands de peur ».

 Marius Gilbert : « Avec le recul, je me dis que les experts n’ont pas été assez intransigeants. Il fallait plus prioriser les enjeux sanitaires, quitte à mieux les expliquer à l’opinion publique.» © BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK

Et nous voici avec un reconfinement partiel en octobre… C’est-à-dire bien tardivement ?

Oui, bien tardivement, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais, pour certains intervenants politiques, même dans les toutes dernières semaines, l’idée de prendre des mesures sanitaires plus fortes ne parvenait pas à passer. Il y avait une vraie peur de couler notre économie ; cette peur prenait le dessus sur toute autre considération. Mais sans doute a-t-on trop mis en opposition enjeux sanitaires et économiques alors qu’en fait, ils sont parfaitement complémentaires : sauver un maximum de vies, c’est aussi sauver l’économie. En quoi une situation de chaos comme celle que nous traversons rend service à l’économie? On constate que les pays qui ont été les plus stricts pour limiter la transmission sont aussi ceux qui ont pu se réjouir d’un impact plus faible de la crise sanitaire sur le plan économique. Avec des mesures de relâchement trop rapides qui ne sont pas contrebalancées par un investissement beaucoup plus important dans la prévention, on fait plaisir à des opérateurs économiques mais c’est une vision à court terme.

Vu le manque d’adhésion aux mesures de prévention d’une partie de la population, faut-il envisager l’hypothèse qu’un nouveau lockdown soit moins efficient que le précédent ? Une petite communauté de « rebelles » suffirait pour tout faire échouer ?

A tout faire échouer, je ne le pense pas… Paradoxalement, ceux qui ne respectent pas les mesures de prévention contribuent à ce qu’elles durent plus longtemps.

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Quel est le principal enjeu de prochains jours ?

Cela doit être dit sans langue de bois : c’est celui de ne pas tomber dans une situation où les médecins devront faire des choix entre des patients qui pourront être sauvés et d’autres qui ne le seront pas ; comme dans des hôpitaux de guerre. Et cet écroulement redouté du système hospitalier n’impacterait pas uniquement les personnes infectées par le Sars-Cov 2 mais tous les patients souffrant de pathologies graves, y compris des jeunes.

« Si l’on se place du point de vue strictement épidémiologique, ce serait mieux de reconfiner totalement et immédiatement »

Quand on voit toutes les erreurs de pronostic qui ont pu être faites dans le passé, n’est-il pas devenu très audacieux de parler de l’avenir de cette crise sanitaire ?

C’est évident… Depuis qu’on a reconfiné partiellement, il n’y a pas encore eu d’élément perceptible d’un ralentissement de l’épidémie. Il faudra attendre encore quelques jours évidemment. Il va de soi que les mesures actuelles n’ont pas été prises au hasard mais personne ne peut être certain qu’elles suffiront à casser la seconde vague.

Marius Gilbert : « Depuis qu’on a reconfiné partiellement, il n’y a pas encore eu d’élément perceptible d’un ralentissement de l’épidémie.» © BELGA PHOTO THIERRY ROGE

Ne serait-ce pas mieux de tout de suite passer au reconfinement total ?

Si l’on se place du point de vue strictement épidémiologique, ce serait mieux de reconfiner totalement et immédiatement. Ce serait un vrai reset mais on ne peut pas exclure de ce débat l’impact social qu’aurait un choix aussi radical. C’est vraiment…

… un sombre horizon ?

Oui, un sombre horizon, je ne sais pas comment le dire autrement. Faudra-t-il passer par un lockdown dur ? Ce serait vraiment compliqué d’en arriver là après autant de mois de frustration dans la population.

Il se peut que les images d’hôpitaux débordés, de tris entre des malades, fassent basculer l’opinion dans le sens d’une politique sanitaire plus stricte ?

C’est clair. La courbe à venir du nombre du décès pourrait aussi contribuer à cette évolution de l’opinion. Pour l’instant, on en est à 40 morts par jour en moyenne mais cela va malheureusement augmenter encore dans les prochains jours puisque l’évolution des décès suit toujours celle des hospitalisations et des admissions en soins intensifs.

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Quand saura-t-on si un nouveau lockdown s’impose ?

Certains fonderont peut-être des espoirs d’amélioration sur les congés de la Toussaint mais leur impact éventuel ne pourra être évalué qu’à la fin novembre. Or beaucoup de choses se seront déjà jouées dans l’intervalle. A vrai dire, si l’épidémie ne ralentit pas d’ici une semaine, on ne pourra pas éviter un reconfinement total.

Pourquoi ?

Parce que dans un tel cas de figure, les hôpitaux ne seront plus en mesure de faire face. Une telle situation nous confrontera à des scènes intolérables qui appelleront des mesures d’exception pour y mettre un terme au plus vite.

« Il faut reconnaître honnêtement qu’on ne peut pas être certain par avance de l’efficacité du dispositif qui vient d’être mis en place »

Plus que jamais, le mot clé n’est-il pas « incertitude » ?

De fait, il faut reconnaître honnêtement qu’on ne peut pas être certain par avance de l’efficacité du dispositif qui vient d’être mis en place. En même temps, il faut souligner que cette efficacité dépend du bon vouloir de chacun, d’un effort collectif de respect des consignes de prévention. C’est la raison pour laquelle j’en appelais récemment à une mobilisation de tous sur les réseaux sociaux.

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Soyons optimistes, disons-nous qu’on va juguler cette deuxième vague… Mais alors, cette fois, ne devrait-on pas mieux se préparer afin de réagir vite et bien en cas de troisième vague ?

J’espère en effet qu’on va tirer un enseignement essentiel de ce que nous avons vécu ces dernières semaines : quand on parvient à faire baisser les chiffres de l’épidémie, il faut faire tous les efforts pour maintenir la courbe à un niveau bas.  En aucun cas, il ne faut snober les signaux d’alarme. C’est un travail de veille permanent, il faut des « pompiers » efficaces (dépistage, suivis de contact, équipes d’investigations) et des citoyens collectivement vigilants pour éteindre chaque foyer avant qu’il ne s’étende. Cette constance dans l’effort est bien plus profitable que de passer par des cycles successifs de mesures strictes et de relâchements, que laisser se développer des incendies qui deviennent ensuite difficilement maitrisables. J’espère que, dans quelques mois, nous garderons la mémoire de cette seconde vague que nous commençons seulement à traverser… Afin de ne plus jamais devoir réemprunter un chemin qui s’annonce très éprouvant.

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