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Attentats à Paris : Une « inédite » plaidoirie collective pour un procès hors norme

Cette volonté de "coordination" qui vise à ne pas créer d'"inégalité des armes" face aux 14 accusés dans le box, a poussé plus d'une centaine d'autres avocats à renoncer volontairement à plaider pour s'en remettre à leurs confrères. | © Photo Daniel Fouray .

Société

Début des plaidoiries des parties civiles au procès des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015. Les avocats des parties civiles, rescapés ou proches des victimes, ont commencé lundi leurs plaidoiries, prévues pour durer jusqu’à début juin.

 

« Comment en quelques minutes, vous dire l’infinie diversité des victimes et le lien qui les rassemble ? C’est infaisable. Nous allons donc vous présenter autre chose, une autre forme de plaidoirie, inédite, à laquelle ont participé une centaine d’avocats », a déclaré Me Frédérique Giffard face à la cour d’assises spéciale de Paris, dans un propos introductif.

Ces avocats, qui représentent environ deux tiers des près de 2.400 parties civiles au procès, ne plaideront pas pour leur client mais pour « la communauté » des parties civiles, dans une plaidoirie organisée par thèmes.

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Pendant cinq jours, les avocats doivent se succéder à la barre pour traiter de sujets transversaux comme « le détournement de la religion » ou « la musique comme instrument de la terreur » (lundi), « le Bataclan », « le Stade de France » et « les terrasses » (mardi) ou encore « le stress post-traumatique », « les addictions », « la culpabilité du survivant » (mercredi).

Cette volonté de « coordination » qui vise à ne pas créer d' »inégalité des armes » face aux 14 accusés dans le box, a poussé plus d’une centaine d’autres avocats à renoncer volontairement à plaider pour s’en remettre à leurs confrères.

 

©Photo Daniel Fouray .

« Monsieur le président, au début de cette audience, vous avez attiré notre attention à tous sur la nécessité, bien que ce procès soit sans précédent, de rester dans la norme. Il y avait un point qui était important: c’était le respect des droits de la défense, » a annoncé Me Giffard au début de sa prise de parole. « Ça fait six ans qu’on compose pour que nos clients ne soient pas doublement éprouvés: d’abord parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment », le soir du 13-Novembre, et ensuite de ne pas souffrir « d’avoir été trop nombreux pour pouvoir être chacun une victime à part entière ».

« Nous garderons tous comme boussole la dignité avec laquelle les victimes se sont exprimées », a-t-elle promis. Tous les jours, avant le début des plaidoiries, des avocats prendront brièvement la parole pour évoquer la mémoire de victimes. Ce lundi, les histoires de Christopher, Thibault, Charlotte et Emilie, Fabrice, Stéphane, Mathieu, Estelle et Marion.

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Les premières plaidoiries sont programmées de lundi à mercredi. Il n’y aura pas d’audience jeudi (férié) ni vendredi. Certains avocats ont préféré ne pas s’associer à leurs confrères ni renoncer à la parole. Ils s’exprimeront à titre individuel à partir du 1er juin. Les plaidoiries des parties civiles devraient durer au moins jusqu’au 7 juin.

Les réquisitions des avocats généraux du Parquet national antiterroriste (Pnat) sont prévues du 8 au 10 juin avant que la parole ne soit laissée à la défense à partir du 13 juin. La cour pourrait commencer son délibéré le 27 juin, après « le dernier mot » des accusés, pour un verdict attendu le 29 juin.

Vingt accusés, dont six jugés par défaut, comparaissent devant la cour d’assises spéciale depuis le 8 septembre pour leur implication dans les attaques ayant fait 130 morts et des centaines de blessés le 13 novembre 2015. Douze encourent la perpétuité, parmi lesquels le seul membre en vie des commandos, Salah Abdeslam.

Avec Belga

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