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Venezuela : Un violon face aux balles

Wuilly Arteaga joue des airs durant les manifestations, souvent violentes. | © AFP PHOTO / FEDERICO PARRA

Société

Au Venezuela, les manifestants anti-Maduro n’en finissent pas d’affronter les forces de l’ordre dans les rues. Leur dernière victime : un jeune violoniste aux airs révolutionnaires.

Il est devenu l’un personnages emblématiques de la révolution des rues contre le président Nicolas Maduro : Wuilly Arteaga, 23 ans, dégaine régulièrement son violon face aux forces de l’ordre, dans les rues de Caracas en proie aux cris de révolte et aux tirs. On l’a vu pour la première fois à l’enterrement d’un musicien de 18 ans, Armando Cañizales, tué par balle le 3 mai dernier au Venezuela, durant une manifestation. Il y a joué pour le jeune homme disparu sous les coups d’un régime qui réprime durement la colère et la contestation.

Plomb contre violon

Depuis, Wuilly participe régulièrement à ces joutes dangereuses entre police et jeunesse énervée. Son arme ? Un archet et des airs vénézuéliens traditionnels. Samedi pourtant, le violoniste a été blessé au visage au cours d’un rassemblement dispersé par les militaires. Le jeune homme a été pris en charge en urgence dans la rue par des médecins volontaires qui apportent leur aide aux manifestants blessés, a constaté l’AFP. Saignant abondamment, il a été transféré dans un centre de soins.

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Le jeune homme a été atteint au côté gauche du visage par des plombs de chasse. Il a été blessé quand la Garde Nationale a bloqué, à l’aide de grenades lacrymogènes, une marche sur le Tribunal Suprême de Justice (TSJ, Cour suprême).

©AFP PHOTO / JUAN BARRETO – Des membres de l’Orchstre national manifestaient en mai 2017 contre la mort de jeunes gens durant les manifestations anti-Maduro

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Une occasion comme une autre pour lui de clamer son engagement : « Je ne vais pas me laisser intimider (…). Nous allons continuer la lutte », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur Twitter, où on peut le voir sur un brancard, le visage bandé et tuméfié.

La veille, l’opposition qui se mobilise depuis début avril avait mis sur pied une sorte de « Cour suprême parallèle », en « nommant » 33 magistrats, en protestation contre les juges de la TSJ qu’elle estime être soumis au président et avoir été désignés de façon irrégulière par l’ancienne majorité chaviste. Le TSJ a lui-même rétorqué que les juges « nommés » par l’opposition s’exposent au délit d' »usurpation de fonction » et de « trahison de la patrie ».

Avec Belga

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