Le scandale d’une présentatrice non-voilée fait écho au combat des Iraniennes « cheveux au vent »

Azadeh Namdari interviewée à la télévision iranienne (image d'illustration). | © Youtube Top Persian Music
Surprise sans voile et une bière à la main, la présentatrice Azadeh Namdari est au cœur d’un scandale national. En Iran, elle n’est pourtant pas la seule à se dévoiler.
En Iran, Azadeh Namdari est une présentatrice incontournable du petit écran. Mais depuis peu, elle est au coeur d’une polémique dans son pays. Sa cote de popularité a baissé après que des photos d’elle sans voile et bière à la main aient été diffusées en ligne, rapporte France 24. Si les femmes iraniennes peuvent ôter leur voile dans l’espace privé, mais la consommation d’alcool est, elle, interdite à tous et passible de 72 coups de fouet, rappelle le site.
Si ces clichés font polémique en Iran, c’est surtout parce que Azadeh Namdari est connue pour ses idées conservatrices, notamment le port du voile intégral, qu’elle défend. Selon France 24, l’État iranien vante souvent les mérites de l’animatrice qu’il considère comme « la femme musulmane parfaite ». Les photos de ses vacances en Suisse viennent porter un coup à son image.
گشت ارشاد و كتك و تحقير و القاب گاو و كفتار مال ما ابجوخوري و كشف حجاب در سوسيس و در عين حال افتخار به چادر مال شما!#آزاده_نامداری pic.twitter.com/kxJeIVjU0n
— shadi (@shadiiranii) 24 juillet 2017
Double vie
Ce qui a le plus choqué les internautes, ce n’est pas l’attitude de la jeune femme. L’activiste iranienne Asieh Amini écrit sur France 24 que beaucoup d’Iraniens mènent deux vies : une publique, où ils respectent les lois, et une privée, où ils n’hésitent pas à les contourner. Sur la Toile, c’est surtout l’« hypocrisie » de la présentatrice qui a été pointée du doigt. Les Iraniens l’accusant notamment d’avoir défendu des pratiques qu’elle n’applique pas elle-même, pour le bien de sa carrière professionnelle.
کجایه راهین تازه فقط این لو رفت!!!#ازاده_نامداری pic.twitter.com/tj5WFINsG8
— Arman Web (@ArmanWebEater) 27 juillet 2017
Face au scandale, les autorités iraniennes restent pour l’instant muette, mais France 24 rappelle que beaucoup de personnalités publiques ont été bannies du pays pour des affaires similaires au cours des 40 dernières années. De son côté, Azadeh Namdari a tenté de se défendre, plutôt maladroitement dans une vidéo. Selon elle, son voile avait glissé de sa tête au moment où les photos ont été prises.
« Ma liberté furtive »
Avoir le choix de se couvrir comme de laisser ses cheveux libres aux vent, quand elle le désire, c’est ce que revendique une autre iranienne sur Facebook, où le post qui reprend son témoignage a déjà été partagé près de 8 000 fois. « Parfois, lorsque je suis coincée dans les embouteillages, j’entends me crier ‘Madame ! Votre foulard est tombé sur vos épaules’. Néanmoins, je ne tiens pas compte de leurs avertissements ».

Mais les gardiens de la révolution veillent au grain et arrêtée, elle aussi a feint un coup de vent avant de se recouvrir, « transie de peur« . « Aujourd’hui, je sais que si jamais la même rencontre se reproduisait, je ferais tout ce que je peux pour ne pas me soumettre à leur pouvoir ».
Son message est soutenu par « My stealthy freedom », un mouvement social en ligne, lancé par la journaliste Masih Alinejad, qui a reçu le prix des Droits de l’Homme pour avoir défendu le droit à porter le voile, ou non. « Depuis la Révolution islamique en 1979, les femmes en Iran doivent couvrir leurs cheveux en public, mais beaucoup de femmes et d’hommes iraniens pensent que porter un hijab en public devrait être un choix personnel. Pour résoudre cette problématique, nous avons créé une page Facebook où les femmes en Iran peuvent partager des photos d’elles-mêmes sans voile », peut-on lire sur le site de l’initiative. Image après image, une autre révolution est en marche.