Bruno Humbeeck : « L’anxiété des jeunes témoigne de leur intelligence »

Un jeune de moins de 30 ans sur trois se déclare anxieux ou dépressif. Tous chez le psy ? Surtout pas, clame le psychopédagogue Bruno Humbeeck. | © nik-shuliahin-unsplash
En Belgique, un jeune de moins de 30 ans sur trois se déclare anxieux ou dépressif. Tous chez le psy ? Surtout pas, clame le psychopédagogue Bruno Humbeeck, qui prescrit plutôt d’être à l’écoute de ce que les jeunes ont à nous dire du monde actuel, pour coconstruire avec eux celui de demain.
Paris Match. Selon une récente enquête de Sciensano, le sentiment d’anxiété atteint un niveau plus important que jamais chez les jeunes belges. D’autres études de santé publique, en France, confirment l’expression de cette détresse. Comment décodez-vous cela ?
Bruno Humbeeck. Dans votre question, vous utilisez le mot « détresse », qui renvoie à une forme de désespérance, à des dérèglements pathologiques, à des dépressions avérées et profondes. Je ne minimise pas, cela touche nombre de jeunes. Mais pour l’immense majorité des « un sur trois » dont nous parle l’étude de Sciensano, il n’est pas question d’un problème de santé mentale : les jeunes ne sont pas malades, on ne va tout même pas tous les envoyer chez le psy ! Alors oui, beaucoup d’entre eux sont anxieux, beaucoup d’entre eux ont le moral qui fluctue. Cela témoigne d’un grand mal-être, de questions existentielles très prégnantes. Mais il n’y a là rien de pathologique. J’y vois plutôt l’indice d’une grande lucidité. L’anxiété des jeunes témoigne de leur intelligence, de leur regard plus clairvoyant qu’on ne l’aurait imaginé sur le monde dans lequel ils doivent se construire. Alors plutôt que de contingenter la discussion sur le terrain de la santé mentale, voyons cette énergie incroyable qui est mobilisable, qui est porteuse de nouvelles idées d’avenir. Beaucoup de jeunes sont anxieux ? Mais oui, bien entendu ! Comment ne le seraient-ils pas dans cette société qui est particulièrement anxiogène ?

Il est vrai que ces dernières années, nous avons connu des secousses qui étaient tout à fait inattendues…
Et comment ! Un virus s’est mondialisé. Il a gelé la vie sociale pendant très longtemps. Le spectre d’un rebond de cette pandémie est régulièrement commenté dans les médias. Cela crée une immense inquiétude chez les jeunes. Pendant les confinements, leur existence fut mise entre parenthèses. Cela s’est joué à un moment crucial de leur développement personnel. Ils craignent de devoir revivre une telle expérience. Mais il y a aussi ce conflit qui se déroule à nos frontières et porte en lui la crainte d’une généralisation. Beaucoup de jeunes pensent qu’une troisième guerre mondiale aura lieu tôt ou tard. Nombre d’entre eux s’intéressent aux questions géostratégiques. Ils sont bien plus informés qu’on ne l’imagine. Ils ont une lecture du passé qui nourrit la crainte d’un éternel retour de tragédies qui se sont déjà jouées pour les générations antérieures. Peut-on leur donner tort lorsqu’on voit apparaître tant de « démocratures », qui ressemblent presque à ces pays d’Amérique latine caricaturés dans les aventures de Tintin ?
« D’un certain point de vue, l’anxiété est une nécessité »
Sans parler de la crise économique et sociale qui contrarie l’avenir ?
Bien entendu. Et il faut encore évoquer les angoisses que suggère le « progrès », cette profonde mutation de la société qui s’opère devant nos yeux, devant les leurs, à une vitesse inédite. Cette accélération des changements qui les plonge dans une sorte de tourbillon, de tempête. De tout cela découle une crise de sens. Bien plus qu’ont pu l’être les adultes actuellement aux commandes du monde, les jeunes sont face à un avenir incertain, difficile à anticiper. Par exemple, 80 % des métiers de demain, ceux que l’on exercera dans dix ans, ne sont pas encore connus. Des fonctions disparaissent. D’autres vont apparaître, mais lesquelles ? Si vous demandez à un adolescent le métier qu’il voudrait faire plus tard, il aura bien du mal à vous répondre. Ce questionnement était plus simple pour les générations antérieures, qui pouvaient se projeter dans des projets relativement précis. Nous avons connu le temps où l’enseignement proposait de nombreuses trajectoires diplômantes qui promettaient un avenir professionnel plus ou moins écrit à l’avance, plus ou moins radieux. Aujourd’hui, les jeunes doivent prendre place dans un monde beaucoup plus mouvant. Il est plutôt question d’acquérir des compétences qu’il s’agira de renforcer, qu’ils devront enrichir dans un parcours professionnel en évolution constante. S’y ajoute encore, comme une cerise sur un gâteau déjà indigeste, l’éco-anxiété. Des espèces disparaissent, les écosystèmes sont menacés, le climat est déréglé. Le monde montre des signes de finitude, des théories circulent sur son possible effondrement. La planète sera-t-elle encore habitable pour les générations futures ? Comment ne pas être anxieux quand on doit envisager le temps à venir dans un tel contexte ?
Il ne faut pas se tromper de combat en parlant de génération sacrifiée, de jeunes fragiles et au comble du malheur qu’il faudrait conduire en autocar chez des thérapeutes
À vous suivre, il serait donc plus préoccupant de devoir poser le constat qu’il n’y aurait pas beaucoup de jeunes porteurs d’inquiétudes profondes ?
C’est bien mon propos : jeunes ou adultes, elles manqueraient bien de clairvoyance, ces personnes qui vous diraient que le monde est merveilleux, qu’il ne suscite aucune interrogation, que tout se passe bien et que tout continuera éternellement à bien se passer. D’un certain point de vue, l’anxiété est une nécessité. C’est un état d’âme qui, s’il est pris en compte comme il se doit, peut être un moteur pour faire avancer le monde. Dit autrement, il s’agit d’une forme d’intelligence qui peut aider la société à se mettre en mouvement, y compris de façon positive. Il ne faut donc pas se tromper de combat en parlant de génération sacrifiée, de jeunes fragiles et au comble du malheur qu’il faudrait conduire en autocar chez des thérapeutes.

Ne pas « pathologiser » les états d’âmes d’une génération, soit. N’empêche que des indicateurs alertent : selon Santé Publique France – et il n’y a pas de raison de croire que ce serait fort différent en Belgique – les passages aux urgences des 11-24 ans pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l’humeur sont en augmentation constantes depuis 2018.
La crise sanitaire a certainement eu un impact négatif. On constate évidemment plus de détresse et de désespoir dans un monde anxiogène. Loin de moi l’idée de snober ce problème de société. Ces idéations suicidaires, ces passages à l’acte en regard d’une vie que certains jeunes jugent absurde, qu’ils ne sont plus en mesure d’aimer, demandent une réponse médicale, des renforcements en termes de prise en charge (en Europe, le suicide est la deuxième cause de décès des jeunes de 15-24 ans, après les accidents de la route, NDLR). Là, nous sommes bien sur le terrain des psys. Pour autant, vous ne me ferez pas dire que toute la jeunesse est actuellement dans cette situation de détresse. Les désespérés, forcément peu disponibles pour une réflexion collective, sont beaucoup moins nombreux que les « anxieux » dont nous parle l’enquête de Sciensano. Ces derniers, pour l’immense majorité d’entre eux, ne souffrent d’aucune maladie. Ils sont capables, voire demandeurs de concertation sur l’état du monde. Ils peuvent dire : « OK, il y a des tas de difficultés. Quelles sont les leviers sur lesquels on peut agir ? Qu’est-ce qui dépend de nous, qu’est-ce qui dépend de vous, l’ancienne génération ? Et enfin, qu’est-ce qui dépend de nous ensemble ? » J’insiste : une concertation avec les nouvelles générations serait bien plus profitable pour notre société qu’un discours catastrophiste qui se résumerait à pathologiser les jeunes en mettant à leur disposition des psychologues dont beaucoup ne sauront que faire.
« Les mécanismes de résilience ont été mis à mal. D’évidence, la crise sanitaire a laissé des sédiments »
N’est-ce pas pourtant cette approche psy qui fut privilégiée après le second confinement ?
Les psys font évidemment de l’excellent travail. Mais lors de ces prises en charge de l’après-confinement, on a bien dû constater qu’ils ont eu bien peu de « matériel » à travailler. Ce qui est apparu, c’est une forme d’engourdissement psychique. Pendant la crise sanitaire, les jeunes se sont littéralement congelés d’un point de vue émotionnel. Comme l’a souligné justement le professeur de psychologie Olivier Luminet (UCLouvain), les mécanismes de résilience, la capacité à rebondir après une épreuve traumatisante, ont été mis à mal. D’évidence, la crise sanitaire a laissé des sédiments (ce constat est confirmé par la récente étude de Sciensano qui révèle que 58 % de jeunes de 18 à 29 ans déclarent avoir une faible capacité de résilience, NDLR).
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Pourquoi les jeunes ont-ils été plus affectés que les adultes par la crise sanitaire ?
Parce que les adultes ont une plus grande capacité à mettre leur vie en suspens, à limiter leur vie sociale, à ne pas rencontrer de gens nouveaux. Tandis que pour un jeune en pleine construction de son identité, un confinement équivaut à un étouffement presque total de son « devenir ». C’est comme si on lui disait : « Il ne va plus rien se passer dans ta vie, tu ne feras plus aucune rencontre, reste dans ta chambre, même ton imaginaire amoureux, on va te le prendre. » Cet assèchement de la nourriture identitaire des jeunes, plus encore pour les adolescents, a été traumatisant. C’est comme cela qu’est apparu, surtout après le second confinement, cet engourdissement psychique.
Que vous définiriez comment ?
Tel un retrait, un retour sur soi-même. Vous l’aurez remarqué, les sorties du jeudi pour le climat ne font plus l’actualité. Les jeunes battent beaucoup moins le pavé qu’avant la crise sanitaire. Même des figures emblématiques comme Greta Thunberg ont fait un pas de côté. Beaucoup de ces jeunes en sont revenus à leur petit espace personnel, s’enfermant en somme dans leur coquille.
Faut-il entendre que le Covid a perturbé leur rapport au monde ?
C’est exactement cela : on était dans un modèle de société préfiguratif et nous voici revenu à un modèle post-figuratif.
« Où entend-on leur point de vue par rapport à la crise énergétique, par rapport à la guerre, par rapport à l’emploi ? Tout se débat entre des personnes âgées, voire fort âgées »
En clair ?
Le modèle pré-figuratif qui se mettait en place avant le Covid renvoie à ces jeunes qui descendaient dans la rue pour nous montrer du doigt : « Les adultes, vous avez foiré, donnez-nous les clés du monde. » On avait une jeunesse, certes un peu prescriptive, avec comme symbole une Greta Thunberg, qui nous secouait, voire qui nous engueulait : « La maison brûle, je veux que vous paniquiez. » C’était une attitude positive qui mobilisait l’éco-anxiété en la transformant en une force de revendication.
Dans un modèle pré-figuratif, ce sont en quelque sorte les jeunes qui ouvrent le chemin ?
Exactement. D’ailleurs, cela se matérialisait aussi dans des messages publicitaires où, par exemple, on voyait une gamine faire la leçon à son père parce qu’il achetait des bouteilles en plastique. Dans notre société en mutation ultrarapide, les jeunes avaient pris les commandes. Cela ne se résumait pas à leur demander de nous faire bénéficier de leurs connaissances digitales pour brancher nos ordinateurs. De manière proactive, ils s’étaient mis en position de bouleverser nos repères, d’éveiller les générations plus anciennes à une autre manière de voir le monde. Et puis le Covid est passé par là, avec cette conséquence d’avoir provoqué un grand retour en arrière.
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Un retour vers cette société post-figurative que vous évoquiez ?
Oui. En d’autres termes, vers une société traditionnelle où ce sont les anciens qui prennent les décisions. En Belgique, les fameux Codeco ont été très illustratifs de ce mouvement : une dizaine de personnes relativement âgées prenaient des décisions pour l’ensemble de la communauté, et tout le monde baissait la tête en disant : « OK, on va faire ce que vous dites. » Bien sûr, en pleine crise sanitaire, ces Codeco avaient du sens mais, en même temps, ils ont symbolisé un changement de paradigme : on a redonné les clés du monde aux anciens, on a renvoyé les jeunes dans leur chambre. Ensuite, ça a perduré, ils ont été mis hors-jeu. Où entend-on leur point de vue par rapport à la crise énergétique, par rapport à la guerre, par rapport à l’emploi ? Tout se débat entre des personnes âgées, voire fort âgées. L’image d’un homme de 80 ans essayant de sauver le monde en se rendant en Ukraine est tragique pour des jeunes qui ont le sentiment de subir les événements. C’est cette idée qu’on n’a de prise sur rien qui casse les mécanismes de résilience. On est en train de donner le message à toute une génération qu’elle n’a pas de capacité d’action. On lui suggère d’accepter le monde tel qu’il est.

Le psychologue Olivier Luminet insiste sur « une urgence à réagir » par « la mise en place d’états généraux de la jeunesse ». Vous êtes d’accord ?
Oui, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’états généraux de la santé mentale. La question, c’est d’entendre ce que les jeunes ont à nous dire, de mettre en place des politiques de concertation. Par exemple, on pourrait réfléchir aux moyens de rendre l’école plus participative. Enseigner que la démocratie est la meilleure organisation de la société dans une école qui, elle-même, fonctionne de manière autocratique, c’est contre-productif, cela produit de la défiance. Nombre de jeunes en arrivent à porter un regard critique sur les formes de pouvoir démocratiques parce qu’on ne leur enseigne que la théorie de la démocratie sans les amener à l’expérimenter concrètement dans leur vécu scolaire. Plutôt que de leur parler de « vivre ensemble » tel un vœu pieux, donnons-leur des outils pour expérimenter, pour cogérer et cocréer ce vivre-ensemble.
Utilisons leur intelligence pour coconstruire l’avenir avec eux, pour les aider aussi à se débarrasser d’une idée démobilisatrice qui est en train de s’installer : « Et si le monde ne changeait jamais ?
Est-ce dans cet esprit que vous avez tellement travaillé, ces dernières années, à la mise en place de dispositifs anti-harcèlement dans les écoles ?
Exactement. Cela s’inscrit tout à fait dans cette idée de donner aux jeunes des outils dont la vertu n’est pas seulement de répondre à des situations de crise ponctuelles, mais aussi de participer à la recherche de solutions, de construire un meilleur vivre-ensemble. Dans un groupe où il y a des victimes de harcèlement, on trouve des dominants, des dominés et puis tous ceux qui se rangent dans la masse flottante des observateurs qui ne s’en mêlent pas. Si vous ne donnez pas aux jeunes des outils qui permettent de déconstruire l’idée que ce sont toujours les plus forts qui prennent le pouvoir, vous aurez bien du mal à leur enseigner la théorie de la démocratie, à leur faire comprendre que c’est le seul système qui a pour ambition de laisser une place à chacun. Mettre en œuvre des dispositifs efficaces de prévention du harcèlement, c’est une façon de dire : « Voilà comment on va faire société dans le respect de valeur communes. »

In fine, l’anxiété des jeunes ne pourrait-elle pas se transformer en colère ?
Si on ne lui donne pas une réponse, c’est le risque. L’anxiété qui ne trouve pas à s’exprimer pourrait devenir pathologique. Elle pourrait en effet se muer en peur, en désespoir mais aussi, vous avez raison, en ressentiment. Soit en toutes sortes d’émotions brutales qui déboucheront sur des visions très pessimistes du monde. Alors qu’elle n’est pas un souci en soi, l’anxiété le devient quand elle se prolonge dans le temps, quand elle s’enracine. Il faut donc prendre garde à ne pas dépasser la cote d’alerte.
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La balle est dans le camp des décideurs politiques ?
C’est clair ! Qu’attendent-ils ? À ce stade, il n’y a rien d’irréversible. Les mécanismes qui aideront les jeunes à être moins anxieux, on les connaît : la concertation, leur donner le sentiment d’une vraie prise en compte. Comment faire ? C’est notamment de cela qu’il faudrait discuter dans des états généraux de la jeunesse. De cela et de ce que les jeunes nous apprendront. Il faudrait s’y employer avant de devoir poser le constat d’une génération trop abîmée pour se relever. Utilisons leur intelligence pour coconstruire l’avenir avec eux, pour les aider aussi à se débarrasser d’une idée démobilisatrice qui est en train de s’installer : « Et si le monde ne changeait jamais ? » Nous avons encore l’opportunité de contrer le cynisme et le repli sur soi par des mécanismes qui nourriront l’espoir et l’optimisme.
« Il faut avoir conscience que tout ce qu’on nourrit chez l’être humain a tendance à grossir, l’espoir autant que le désespoir »
Tant il est évident qu’il n’est pas possible de se projeter dans l’avenir sans utopie, qu’il est difficile de prendre pied dans un monde où l’on ne parvient pas à faire entendre sa voix ?
Bien sûr, et cela ouvre un champ à ceux qui veulent polluer cette jeunesse avec des idées délétères pour nos démocraties. On voit déjà dans les sondages que nombre de jeunes sont attirés par un État fort. C’est le mythe de l’homme providentiel, ce personnage qui apparaît dans les périodes de crise, et qui se présente comme le sauveur ultime des sans-voix, des oubliés du système. Ce n’est en effet pas étranger à notre discussion sur l’anxiété des jeunes dans une société en pleine mutation. Le philosophe Antonio Gramsci disait : « Quand vous avez un monde qui s’efface et un nouveau monde qui peine à paraître, vous voyez apparaître les monstres. » Hannah Arendt a formulé que « les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés ». Ces considérations renvoient à ces jeunes qu’il ne faut pas se laisser s’enfermer dans leur coquille. Arendt parlait de la nécessité de la table. Autour de celle-ci, chacun a sa place : les jeunes ne sont pas les adultes et vice-versa, les uns ne peuvent se substituer aux autres. La table rappelle donc les différences entre les générations mais en même temps, elle est un objet symbolique autour duquel on se réunit pour réfléchir collectivement. Il est essentiel que les jeunes puissent être invités à la table, pour mettre des mots sur leur anxiété, pour éviter qu’elle se transforme en émotions brutales. Confrontons les idées. C’est tout à fait à notre portée : avant le Covid, les jeunes, qui se sont tellement mobilisés, nous ont prouvé leur intelligence. Ils nous ont fait passer un message qui reste ancré au fond d’eux-mêmes, malgré le retour de la société post-figurative. Ils veulent être considérés sur le plan personnel, mais sont également sensibles aux idées de solidarité, soucieux de faire primer les intérêts collectifs sur l’individualisme forcené. Tout l’enjeu est donc de ne pas les désespérer en leur restant sourd. Il faut avoir conscience que tout ce qu’on nourrit chez l’être humain a tendance à grossir, l’espoir autant que le désespoir. Aussi la résilience n’est pas un mécanisme qui peut se mettre en place par un individu isolé, c’est toujours quelque chose qui est favorisé par un environnement. Des états généraux de la jeunesse pourraient aider à le créer.