Pourquoi les clowns nous terrifient toujours autant

Si avec le temps, le clown est devenu aussi terrifiant que drôle, ce n'est pas uniquement de la faute de Stephen King. | © Allen S. Epstein, ABC
Un gros nez rouge, deux traits sur les yeux et un air malicieux, il n’en faut pas plus pour terrifier les petits comme les grands. En atteste le succès récent du clown « Ça » revenu récemment sur les écrans pour hanter nos pires cauchemars…
Le week-end dernier, l’adaptation sur grand écran du roman de Stephen King, « Ça » a écrasé le box-office américain tout en écrivant une nouvelle page dans l’histoire du cinéma d’horreur. Non seulement il a prouvé que le genre faisait toujours recette, mais surtout que les clowns n’ont pas fini de nous effrayer.
Avec 123 millions de dollars amassés en 48 heures, le film a explose les records pour une sortie automnale et pour un film d’horreur interdit au moins de 17 ans. Car le célèbre clown Pennwise (joué par Bill Skarsgard) n’a pas seulement terrorisé la bande d’adolescents du scénario mais aussi des milliers de spectateurs, toujours aussi fascinés par un personnage éternellement cauchemardesque.
Avis aux « coulrophobes »
Si de très nombreux films ou séries télé ont déjà exploré la « coulrophobie », la peur inexpliquée des clowns, ce sentiment existerait depuis l’époque des bouffons de la Cour royale d’Angleterre au 16e siècle. Une vieille théorie datant de 1970 du Japonais Masahiro Mori voudrait que « les répliques de l’apparence humaine légèrement déformées génèrent un sentiment de révulsion chez les humains ».
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Pour le roi des films d’horreur, le producteur Jason Blum, les clowns font peur parce qu’on « ne voit aucun vestige de la personne qu’ils sont vraiment ». « Le visage du clown masque l’humain (…) et je pense qu’avoir un visage peint en blanc, en général, c’est quelque chose de très effrayant », avait-t-il expliqué à l’AFP.

Fascination quand tu nous tiens
Mais si avec le temps, le clown est devenu aussi terrifiant que drôle (sa condition primaire), ce n’est pas uniquement de la faute de Stephen King. En effet, l’image du clown triste, violent, psychopathe voire pédophile existe depuis longtemps. Combinée dès les années 80 à des grands films comme « Ça », « Clownhouse », la série « Saw » ou encore le personnage du Joker dans « Batman », il n’en fallait pas plus pour renforcer la figure horrifique du clown.
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Une psychologue de l’institut de psychologie des Enfants de New York précise toutefois que ce que nous appelons des phobies n’est en réalité qu’un « mauvais codage » des émotions : l’augmentation du rythme cardiaque, la tension des muscles, les pupilles dilatées quand nous voyons un clown maléfique pourraient en réalité résulter d’un sentiment d’excitation, et non de peur. Elle remarque que l’inconfort généré par ces visages déformés n’empêche pas la plupart d’aller dans les restaurants de fast-food McDonald’s, dont la mascotte est un clown.

Pas tous comme « Ça »
L’étiquette du « dark » clown a beau être universelle, elle ne plaît pas à tout le monde. Et encore moins à ceux qui tentent de préserver l’aspect joyeux et innocent de leur costume. En Russie notamment, des clowns professionnels ont manifesté pour interdire le film “Ça” dans leur pays, estimant que le clown tueur porte atteinte à l’image de leur profession. “Nous pensons qu’une telle vision déforme pour des siècles l’image positive du clown dans notre pays, celle d’un personnage gentil, intelligent, honnête. Cette diabolisation du clown est une atteinte à notre identité culturelle et à ce que nous avons de plus sacré”, avaient-ils affirmé dans un communiqué.
Nous ne sommes pas « Ça ».
L’Association mondiale des clowns s’est également fendue d’un communiqué pour défendre les saltimbanques qui ne veulent que faire sourire les gens : « Tous ces personnages d’épouvante ne sont pas des clowns », et les personnes déguisées en horribles clowns « prennent quelque chose d’innocent pour le pervertir et faire peur », rapporte l’AFP.
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Stephen King lui-même avait appelé à stopper « l’hystérie » en reconnaissant sur Twitter qu’il avait tout de même contrarié la communauté des clowns.
The clowns are pissed at me. Sorry, most are great. BUT…kids have always been scared of clowns. Don’t kill the messengers for the message.
— Stephen King (@StephenKing) 10 avril 2017
Traduction : « Désolé, la plupart sont super, MAIS (…) les enfants ont toujours eu peur des clowns. Ne tirez pas sur le messager ».
– Avec AFP