« Pas de lien certain » entre pilules contraceptives de 3e et 4e génération et séquelles

Des soupçons mais pas de preuve tangible | © Flickr @ Canned Muffins
Embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral : autant de séquelles graves que celles qui en ont souffert attribuaient à leur pilule contraceptive. La justice ne leur a pas donné raison : au terme de quatre ans d’enquête, le parquet de Paris vient de classer sans suite le dossier des pilules de troisième et quatrième générations.
C’est à l’hiver 2012 que l’affaire avait été mise en lumière par Le Monde, qui avait rendue publique l’histoire de Marion Larat, une étudiante de prépare promise à un avenir brillant avant d’être victime d’un AVC massif en 2006. Un accident que la jeune femme et ses parents attribuent à la prise de Méliane, une pilule contraceptive produite par Bayer, et sur la notice de laquelle ne figuraient pas à l’époque les risques accrus de thrombose liés à sa prise.
29 pilules passées au crible
Face à la multiplication des plaintes et des témoignages, le Ministère de la santé s’empare de l’affaire, et décide en mars 2013 de ne plus rembourser les pilules « mini-dosées » de la 3e et 4e génération. 130 plaignantes, elles, victimes de séquelles, décident de porter l’affaire devant la justice. En tout, les gendarmes de l’Oclaesp, spécialistes en santé et en environnement, ont enquêté sur vingt-neuf pilules de troisième et quatrième générations et les huit laboratoires pharmaceutiques à l’origine de leur commercialisation, soit Bayer, Biogaran, Effik, Fabren, Mylan, Pfizer, Schering Plough et Teva.
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Verdict ? Malgré des suspicions très fortes, il n’existe « pas de lien de causalité certain » entre la prise des pilules de 3e et 4e génération et les séquelles qui leur sont attribuées. Un jugement que n’accepte pas Maître Coubris, avocat des plaignantes. Interrogé par Le Monde, il souligne qu’il « est un peu trop facile d’écarter la responsabilité des laboratoires au motif qu’une preuve scientifique absolue ne puisse être apportée. J’ai déjà vingt rapports d’experts qui confirment ce lien d’imputabilité entre la prise de la pilule et les séquelles des victimes en écartant toute autre cause ».
Aucun bénéfice
Ce mardi, l’avocat a déposé plainte avec constitution de partie civile pour qu’un juge d’instruction poursuive les investigations. Dans son viseur, les fabricants des pilules concernées et l’Agence nationale du médicament (ANSM), qu’il accuse d’avoir commis une « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine ». Et Maître Coubris de questionner publiquement le maintien dans la circulation des pilules de 3e et 4e génération « l’agence du médicament dit très clairement qu’elles n’apportent aucun bénéfice ; et que le risque estimé est au moins du double par rapport aux pilules de 2e génération ».
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Et en Belgique ? Si Mon généraliste avance que 75% des pilules contraceptives prescrites chez nous sont de la 3e ou 4e génération, les experts soulignent toutefois que « l’exemple français ne doit surtout pas nous affoler. Nos autorités de santé insistent auprès des médecins sur la nécessité de faire un bilan des facteurs de risque, notamment la thrombose, lors de la prescription d’un contraceptif à une nouvelle utilisatrice ».