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Libération de Dutroux : « Me Dayez fait du marketing à destination de ceux qui se croient plus malins »

Marc Dutroux à l'époque de son procès en 2004.

Société

Michel Bouffioux est journaliste à Paris Match Belgique. Pour cet expert de « l’affaire Dutroux », il est totalement délirant d’envisager une libération de Marc Dutroux comme le suggère son avocat Bruno Dayez

Bruno Dayez, l’avocat de Marc Dutroux, ne s’en cache pas. Il veut, plus de 20 ans après l’arrestation de Marc Dutroux dans l’affaire Julie et Mélissa, envisager toutes les conditions, légalement disponibles, pour la libération du « l’ennemi public numéro 1 belge ». Première étape : avoir une expertise psychiatrique du détenu belge le plus tristement célèbre.

Bruno Dayez, le nouvel avocat de Marc Dutroux depuis le printemps 2017, entend en effet introduire prochainement une demande afin que des psychiatres extérieurs et indépendants puissent examiner son client à la prison de Nivelles, a-t-il expliqué aux titres Sudpresse. Le conseil veut ainsi évaluer la dangerosité de l’assassin pédophile, condamné à la réclusion à perpétuité en 2004.

Pour rappel, Marc Dutroux avait été condamné en 2004 par la cour d’assises d’Arlon à la réclusion à perpétuité avec mise à disposition du gouvernement pendant 10 ans. Il avait été reconnu coupable, notamment, de l’enlèvement de Laetitia Delhez et Sabine Dardenne, ainsi que de la séquestration, du viol et de l’assassinat d’An Marchal, Eefje Lambrecks, Julie Lejeune et Mélissa Russo, comme le rappelle 7sur7 dans un article résumant les faits.

Me Dayez se dit non convaincu que Marc Dutroux a besoin de soins particuliers. « Le temps passant, les gens s’améliorent parfois« , fait-il valoir, estimant que « le temps a fait son oeuvre« . Cependant, l’avocat veut d’abord consulter des experts afin de déterminer la dangerosité de son client. « Je ne suis pas f ou. (… ) On ne va pas demander qu’il tienne un garage, une échoppe à bonbons ou qu’il vende des fleurs ! Je ne prendrai pas de risques inconsidérés. » Objectif avoué de l’avocat : remettre un  un plan de reclassement pour Marc Dutroux d’ici 2021.

« On ne soigne pas un psychopathe comme Marc Dutroux »

Cette volonté de l’avocat de Marc Dutroux a fait bondir Michel Bouffioux, journaliste au sein de notre rédaction depuis de nombreuses années et qui a couvert « l’affaire Dutroux » à l’époque de l’enquête au procès.  « Je croyais cet homme (NDLR : Bruno Dayez) plus sérieux », s’exprime-t-il dans une opinion publiée sur Facebook. « S’est-il seulement documenté sur les criminels psychopathes ? Il ne s’agit pas d’une maladie qui se soigne mais d’un trouble du comportement sans évolution possible. Tous les psychiatres expliqueront à l’avocat qu’en vieillissant un psychopathe reste insensible aux souffrances qu’il a infligées… Et à celles qu’il pourrait infliger encore. Attention, chausse-trappes : bien évidemment le conseil de Dutroux fait du marketing en direction de ceux qui voudraient se croire plus « malins », plus « démocrates » ou plus « libre d’esprit » que le tout-venant « populiste » ; Il n’y a là que vieilles ficelles et démagogie mais ça peut fonctionner auprès d’un public peu informé, en quête « d’opinions fortes », par ces temps de « fake news » ».

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Pour lui, il ne faut absolument pas tenter d’accélérer la libération de Marc Dutroux : « l’évidence est pourtant qu’il n’est en rien « populiste » de vouloir prémunir la société, le plus longtemps possible, de la remise en liberté d’un tueur en série se percevant comme étant la « victime » d’un complot ». Et cet expert de l’affaire de revenir sur la personnalité de Marc Dutroux : » En voyant les déclarations de Dayez, cet intellectuel que je croyais fin, je n’ai pu m’empêcher de songer à la scène du dîner dans le film « Hannibal » où, sans s’en rendre compte, l’un des personnages mange son propre cerveau offert en repas par le tueur. Ce serait toutefois faire beaucoup d’honneur à Dutroux que de lui conférer une intelligence maléfique aussi développée que celle du personnage de fiction interprété par Antony Hopkins. Mais, pour violer et tuer des enfants, un Q.I. élevé n’est pas nécessaire ».

Un des arguments avancés pour la libération de Marc Dutroux est également son âge. L’homme aura 61 ans en novembre prochain. Ce qui, pour Michel Bouffioux, n’exclut en rien le risque de récidive de sa part : « ce type d’activité criminelle visant des personnes fragiles peut encore être mené par un sexagénaire qui n’a jamais admis sa culpabilité pleine et entière pour les crimes qu’il a précédemment commis ».

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