VR, please ! De Bruxelles à Londres en réalité virtuelle

Image d'illustration. | © Flickr/Pedro Szekely
D’un festival international installé à Bruxelles à la nouvelle exposition de Modigliani, en passant par l’imparable TGV sous la Manche, la réalité virtuelle s’invite en city trip.
Le pivot de l’Europe certes, le nombril de la Belgique pourquoi pas, mais jamais encore Bruxelles n’avait été le chef-lieu d’une innovation technologique qui sera soit une révolution, soit une blague que l’on se racontera en pouffant de rire dans dix ans : la réalité virtuelle. Dans la capitale, on n’a encore que très rarement pu expérimenter ce dispositif immersif qui se pratique casque à l’appui.
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Peureuse ou résolue à laisser ce domaine au KIKK Festival namurois ? Aujourd’hui, Bruxelles peine à se démarquer dans le domaine, si ce n’est à travers quelques expériences artistiques ou ludiques – la salle de jeux futuriste « Virtual room« , par exemple – ou encore le festival « VR Experience » qui a eu lieu en juin dernier.
Stereopsia, la VR à 360°
Toujours est-il que du 11 au 13 décembre prochain, « Stereopsia », le « World Immersion Forum » viendra poser ses drôles bagages à Bozar, pour trois jours dédiés à la 3D et à la fameuse VR. Un laboratoire expérimental grandeur nature, où se réunissent depuis près de dix ans les sommités en la matière et où sera remis les Lumiere Awards, le prix le plus prestigieux au monde pour les contenus immersifs.

« Stereopsia est en adéquation avec le plan numérique bruxellois NextTech.brussels. Ce plan, c’est 20 mesures concrètes pour transformer la Région bruxelloise en un hub digital international. L’une d’entre elles consiste à faire de Bruxelles, la référence à l’échelle européenne », explique ainsi le ministre de l’économie Didier Gosuin dans un communiqué.
Mais pour voir ce qui se fait de plus innovant en matière de réalité virtuelle, rien de tel aujourd’hui qu’enfiler ses lunettes spéciales et regarder ce qui se passe autour de soi : de l’autre côté de la Manche, à Londres par exemple.
Dès l’Eurostar, façon Jules Verne
C’est une première dans le monde à grande vitesse : Eurostar, la compagnie de TGV qui rallie Bruxelles à Londres en à peine plus d’une heure, a inauguré cet été la seule expérience de réalité virtuelle à bord. Baptisée « Eurostar Odyssey », l’aventure sous-marine est surtout destinée aux enfants, mais difficile d’imaginer les parents ne pas y jeter un coup d’œil curieux – et plus que probablement amusé.

« Les voyageurs se demandent toujours s’ils peuvent voir les poissons dans le tunnel sous la manche », raconte Nick Mercer, directeur commercial d’Eurostar. Sauf qu’une fois dans le train, et après quelques paysages de campagne, c’est le noir complet. L’occasion parfaite pour glisser vers un monde virtuel, à l’aide d’un casque – disponible à bord sur demande – et d’un smartphone, ou d’une simple tablette.
L’« Eurostar Odyssey » emmène les petits à bord du même train, répliqué dans un univers sous-marin, mais dont le toit se transforme en plafond de verre. Escorté par deux experts virtuels de la mer et de ses mystères, on y explore des bateaux pirates abandonnés et on y rencontre une pieuvre géante, mais surtout une multitude de poissons à « collectionner » tout au long de la promenade subaquatique. Une bonne introduction à cette expérience technologique qui, poussée dans ses limites les plus réalistes, peut s’avérer tant déstabilisante que merveilleuse.
Dans l’atelier de Modigliani
Un premier pas dans la réalité virtuelle avant l’escale suivante, à la Tate Modern londonienne. Le peintre italien Modigliani vient d’y poser ses toiles, et ce jusqu’au 2 avril 2018. Et si l’exposition revient de manière chronologique sur la vie et l’œuvre de l’artiste, elle a bien sa place dans ce musée contemporain comme il en existe peu.
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Grâce à une expérience VR imaginée par HTC Vive Europe, le visiteur peut ici pénétrer dans l’univers intime de Modigliani : chez lui, dans un atelier qui détaille les conditions de vie et de travail du peintre. Jonchés de toiles, mais aussi de bouteilles d’absynthe vides, les lieux sont l’opportunité de se plonger dans une époque et une vie comme on peut rarement le faire d’ordinaire au musée. Car si les tableaux sont toujours bel et bien là, sagement accrochés au mur, la vie ne s’en dégage souvent qu’à l’occasion d’une visite guidée bien menée. Mais casque sur les yeux, le tour alternatif – et optionnel – du propriétaire peut commencer.
Si la Tate Modern n’en est pas à son coup d’essai en termes de réalité virtuelle, c’est bien la première fois qu’elle adapte le procédé à une grande exposition classique, susceptible d’être visitée par les amateurs d’art, mais aussi, elle l’espère, par un public plus jeune. Un signe engageant quant aux nouvelles promesses de la médiation muséale, en phase avec une époque qui se cherche, mais bien décidée à se trouver dans le futur.