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Pourquoi Nike refuse de chausser l’équipe iranienne

Nike, le chausseur historique de l'équipe iranienne, vient d'annoncer qu'il ne lui fournirait finalement pas les chaussures. | © JOEL MARKLUND

Sport

L’équipementier américain, qui chausse habituellement l’équipe de football iranienne, refuse de le faire en raison des sanctions économiques infligées au pays par Donald Trump.

Les footballeurs iraniens seront peut-être contraints de disputer la Coupe du Monde pieds nus, ou en tout cas sans les Nike qu’ils portent habituellement. L’équipementier américain, chausseur historique de l’équipe iranienne, vient en effet d’annoncer qu’il ne lui fournirait finalement pas les chaussures.

« C’est la conséquence assez inattendue du retrait des États-Unis de l’accord nucléaire signé en 2015 », rapporte ce matin le site web du journal L’Équipe. L’administration Trump a en effet rétabli l’intégralité des sanctions imposées à Téhéran. « Impossible », lance donc Nike.

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Le sélectionneur iranien, le portugais Carlos Queiroz, crie lui au scandale : « Les joueurs, explique-t-il, s’habituent à leur équipement de sport, ce n’est pas juste de les changer une semaine avant des matches importants » . Il a déposé un recours auprès de la FIFA, mais il ne reste que trois jours pour trouver une solution, alors que l’Iran joue son premier match ce vendredi 15 juin, contre le Maroc.

Les droits sociaux délaissés au profit du sponsoring

« Nike est le premier équipementier du Mondial, puisqu’il chausse, rappelle le site iranien Persian Football60% des joueurs qui participent à la compétition ». Pas vraiment numéro un en revanche pour ce qui est des droits sociaux. C’est ce qu’affirme un rapport publié lundi 11 juin, et que relaie ce matin le quotidien français l’Humanité. « Nike et Adidas toujours hors-jeu sur les droits sociaux », titre le journal.

Nike et Adidas, des champions du sponsoring qui oublient les droits sociaux. © AFP PHOTO / FRANCK FIFE

Le collectif Éthique sur l’étiquette [qui rassemble une vingtaine d’ONG, de syndicats et d’organisations de défense des consommateurs] dénonce dans son rapport les conditions toujours plus précaires des ouvriers des deux grandes marques, alors que celles-ci investissent des sommes de plus en plus faramineuses en sponsoring.

Le rapport, intitulé « Anti-Jeu : les sponsors laissent les travailleurs sur la touche », montre qu’entre 1995 et 2017, sur le prix d’une paire de chaussures de Nike ou Adidas, la part revenant au travailleur a baissé de 30%, alors que la rémunération de leurs actionnaires a décuplé. Dans les chaînes de production, les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader. « Sur un maillot Adidas de la Coupe du monde vendu 90 euros, les travailleurs touchent 0,8 euros ; Adidas empoche 18 euros de bénéfice net », déplore le rapport.

Des salaires moyens inférieurs au salaire vital

Les équipementiers désertent la Chine, où les salaires sont déjà jugés trop élevés, au profit de l’Indonésie, du Cambodge ou du Vietnam. Et dans ces pays où les deux géants s’approvisionnent de plus en plus, les cas de non-respect des droits fondamentaux du travail sont plus fréquents et les salaires moyens des ouvriers sont inférieurs de 45 à 65% au salaire vital.

Un milliard de dollars, ou le contrat d’une vie pour Cristiano Ronaldo. © VEGARD WIVESTAD GROTT

De l’autre côté du miroir, Adidas a négocié avec l’équipe nationale d’Allemagne un contrat record de 65 millions d’euros par an, soit trois fois plus qu’en 2016. De son côté, Nike a conclu un partenariat en 2016 avec Cristiano Ronaldo, le tout premier contrat de sponsoring à vie avec un joueur de foot, pour un montant total d’un milliard de dollars, soit 25 millions de dollars par an.

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Des chiffres qui donnent le vertige et qui sont aussi bien loin des contrats des joueurs iraniens, qu’on espère voir jouer au Mondial avec des crampons.

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