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Wimbledon sous le charme d’un coming out inédit et belge

Alison Van Uytvanck Greet Minnen

Alison Van Uytvanck et Greet Minnen à Roland Garros, le 23 mai 2019. | © Virginie Lefour / Belga / Icon Sport

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Alison Van Uytvanck et sa compagne Greet Minnen sont le premier couple ouvertement lesbien à disputer le double au prestigieux tournoi londonien.

C’est là-bas que tout avait commencé. En 2018, Alison Van Uytvanck et Greet Minnen affichaient leur amour au grand jour. Depuis leur coming out, immortalisé par un baiser spontané sur le court londonien, les deux joueuses belges continuent de charmer Wimbledon en devenant le premier couple lesbien à s’aligner en double sur son célèbre gazon. L’occasion de lever une nouvelle fois le voile sur la stigmatisation de l’homosexualité dans le sport, particulièrement persistante chez les hommes.

Double dames inédit

Fidèle à son règlement strict et ses nombreuses traditions, Wimbledon s’offre cette année une grande première. Pour son double dames, le Grand Chelem a laissé Alison Van Uytvanck et Greet Minnen jouer du même côté du court, saluant dans la foulée le premier couple ouvertement lesbien à s’aligner en double à Wimbledon. Comme le rapporte la presse britannique, les joueuses qui ont franchi leur premier tour mercredi profitent de cette occasion pour dénoncer (encore) la stigmatisation de la communauté LGBT dans le monde de la petite balle jaune.

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« Pourquoi devrions-nous nous cacher ? », avançait déjà la rouquine de 25 ans en mars l’an dernier. « Ce n’est pas une maladie, ni un tabou ! » Et pourtant, assumer son homosexualité sur le terrain reste encore difficile, notamment pour les joueurs masculins. « Les femmes font leur coming-out plus facilement », estime la joueuse 58e à la WTA, en référence à certaines stars du tennis comme Billie Jean King ou Amélie Mauresmo, qui ont également rendu publique leur homosexualité. Or sur le circuit masculin, on ne dénombre aucun coming out, écrivaient nos confrères de La DH Les Sports en mai dernier. « Il doit y avoir des hommes gay dans le circuit, mais personnellement je pense que leur coming out serait plus difficile« , confie encore Van Uytvanck au Daily Mail. 

« Ce n’est pas sain de vivre dans l’ombre »

En faisant le choix de ne plus se cacher, les deux athlètes qui vivent désormais sous le même toit veulent encourager certain.e.s de leurs homologues à suivre l’exemple afin de faire bouger les mentalités. Leur objectif : faire des circuits ATP et WTA des environnements plus LGBT-friendly, précise le Daily Mail. « On aimerait voir plus de gens se manifester pour dire : c’est ok », explique Van Uytvanck. « Je pense que les gens seraient plus confiants et que cela faciliterait les choses pour ceux qui veulent vivre publiquement leur homosexualité. »

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Si les deux jeunes femmes tremblent à l’idée de s’affronter sur le court, elles savourent aujourd’hui le bonheur d’y jouer côte à côte, tandis qu’elles l’emportaient ce mercredi face aux Britanniques Freya Christie et Katie Swan. « Je sais que beaucoup de gens ont peur de l’affirmer mais ce n’est pas bon, pas sain, de vivre dans l’ombre. On ne se sent pas libre et on n’est pas soi-même », confiait Alison Van Uytvanck il y a déjà quelques mois. « Si on se sent bien, on joue bien. Maintenant, ce n’est pas non plus parce qu’on a décidé de vivre librement notre relation que je me sens subitement libérée sur un court. Tout n’est jamais aussi simple », ajoutait celle qui dit devoir toutefois « rester prudente » dans certains pays. « C’est dans tous les cas plus positif que négatif », conclut Greet Minnen, avec qui elle envisage de fonder une famille. « On représente simplement quelque chose de différent. »

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