Pourquoi cette paire de Nike pourrait être interdite des compétitions

La Vaporfly NEXT% de Nike écrit un nouveau chapitre de l'athlétisme. | © Nike
Nike est au cœur d’une controverse à cause de ses chaussures jugées… trop rapides.
« La Nike ZoomX Vaporfly NEXT% est la chaussure la plus rapide que vous ayez jamais vue (ou portée) ». Voilà comment la célèbre marque à la virgule présente sa paire révolutionnaire. Équipés de ce modèle – ou de son évolution, de nombreux coureurs ont pulvérisé des records ces derniers mois. À commencer par le Kényan Eliud Kipchoge qui est devenu le premier homme à courir un marathon en moins de deux heures, 1h59’40 » exactement, record du monde non homologué le 12 octobre dernier. Le lendemain, sa compatriote Brigid Kosgei battait également le record du monde de marathon de Paula Radcliffe datant de 2003.
Course après course, un nombre incalculable de performances impressionnantes ont été enregistrées par des athlètes chaussés de modèles similaires, au point de susciter des interrogations sur cet accessoire.
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Évolution ou dopage technologique ?
La gamme Vaporfly de Nike est dotée d’une plaque en fibre de carbone sous la semelle, pour une sensation de propulsion, et d’une mousse d’air pour un retour d’énergie exceptionnel à chaque foulée. Une simple évolution technologique pour certains, un avantage déloyal pour d’autres. Le débat fait rage entre les coureurs et les experts.
« Quand un fabricant met plusieurs lames de carbone dans la semelle, avec des coussins d’air, ce n’est plus une chaussure, c’est un ressort », a réagi Ryan Hall, le recordman des États-Unis du semi-marathon. Le recordman Kipchoge, qui a couru avec la prochaine génération, AlphaFly, dotée de trois plaques en fibre de carbone, a insisté auprès du Telegraph que ces chaussures sont « justes » et que le sport devrait accueillir ces avancées technologiques. « Je me suis entraîné dur. La technologie se développe et nous ne pouvons pas le nier – nous devons aller avec la technologie », a lancé le Kényan.

Plusieurs études, indépendantes et sponsorisées par Nike, ont montré que les chaussures Vaporfly, dont le premier modèle date de 2016, augmentent l’efficacité énergétique des athlètes de 4% ou plus, bien que cela ne signifie pas nécessairement qu’un coureur sera 4% plus rapide. Au-delà de l’équipement, c’est bien le coureur qui est à l’origine de la performance.
Un règlement assez flou
Face à cette controverse, World Athletics a ouvert une enquête le 17 octobre dernier et pourrait, selon la presse anglaise, prochainement interdire ce modèle de chaussures, en limitant notamment l’épaisseur de la semelle. Cela pourrait signifier que la Vaporfly Next% – disponible sur le marché en ce moment au prix de 275 euros – serait acceptable, mais la paire inédite portée par Eliud Kipchoge lors de son marathon historique ne le serait pas.
Pour l’instant, selon le Parisien, le règlement de la Fédération internationale d’Athlétisme, modifié pour valider le premier modèle Nike avec une plaque en fibre de carbone, stipule : « Les chaussures ne doivent pas être construites de manière à donner aux athlètes une aide ou un avantage quelconque inéquitable. Tout type de modèle est autorisé à condition qu’il soit accessible pour tous dans l’esprit de l’universalité de l’athlétisme. » Mais l’organisation ne définit pas ces normes plus spécifiquement. L’an dernier, World Athletics avait déclaré que le défi était de trouver « le juste équilibre dans les règles techniques entre l’encouragement au développement et à l’utilisation de nouvelles technologies en athlétisme et la préservation des caractéristiques fondamentales du sport : accessibilité, universalité et équité. » La conclusion de l’enquête, qui pourrait arriver fin du mois, permettrait d’obtenir un règlement plus précis.
Boost commercial
Mais, peu importe la décision de l’organisation, Nike ressortira gagnant de cette polémique qui a jeté une lumière sur sa gamme controversée, qui sera toujours disponible pour les coureurs amateurs, alors que ses concurrents ont déjà lancé des chaussures utilisant des technologies similaires.