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Destination Rishikesh : le yoga, la clé du bien-être

Yoga : la clé du bien-être. | © Virginie Clavières/Paris Match

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Cet été, Paris Match vous fait voyager jusqu’aux origines des grands mouvements de société qui ont bouleversé notre art de vivre. Avant de surfer à Biarritz et de découvrir la révolution hippie à San Francisco, cap sur Rishikesh, capitale du yoga en Inde. Décryptage.


Le hatha yoga a guéri ses insomnies. Depuis, Elodie Garamond lui a érigé le Tigre Yoga Club, décliné en plusieurs versions, à Paris, Neuilly et Deauville. Des temples d’harmonie où cette yogi a réussi à recréer la spiritualité des ashrams. Régulièrement, elle et son équipe de professeurs se ressourcent en Inde pour se perfectionner : troquer le chic du Tigre contre des lieux de retraite rudimentaires. Ses retours se font toujours en catimini : « De l’Inde, on ne rentre jamais pareil… J’ai besoin de m’isoler quelques jours avant de retrouver la vie parisienne. Ce que j’apprends là-bas auprès de mes maîtres Sri Sri Ravi Shankar et Shiamjy Bhatnagar n’a rien d’équivalent. C’est un combat d’ego avec soi-même », explique Elodie.

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Car au bout du chemin il y a la liberté du corps et de l’esprit. Une harmonie recentrée sur l’essentiel et qui séduit désormais la terre entière. Le yoga serait la solution miracle du bien-être… En France, près de deux millions de fervents pratiquants se sont lancés dans cette recherche de la paix intérieure.

Situé près d’une réserve de tigres d’un côté et de la route des éléphants de l’autre, l’ashram où séjournèrent les Beatles en 1968 attire toujours les yogis qui improvisent une séance en plein air. © Virginie Clavières / Paris Match

Rishikesh attire chaque année des millions d’adeptes. Cette petite ville, nichée à 250 kilomètres de New Delhi, au pied de l’Himalaya, est la capitale mondiale autoproclamée du yoga. Ses façades colorées se reflètent dans la rivière sacrée et ses deux ponts suspendus (Ram Jhula et Lakshman Jhula) sont devenus le terrain de jeu des singes. Là-bas, le hatha yoga est roi. Rishikesh voit ses écoles fleurir, et ses dizaines d’ashrams ne désemplissent pas. Les restaurants ont eux aussi remplacé leurs chaises par des tapis de yoga colorés ! Cette « ville de sages » que l’on appelle aussi la « porte du pays des dieux » serait la dernière étape avant le nirvana… C’est la raison pour laquelle ce lieu sacré n’attire pas seulement des adeptes venus pratiquer mais aussi des Indiens en pèlerinage ou des sadhus (ascètes hindous). Dans ces ruelles étroites où les vaches, les singes et les scooters tentent de se frayer un chemin, les pèlerins ont renoncé à toute attache matérielle pour méditer. À Rishikesh, les fleurs de frangipanier attendent d’être jetées en offrandes dans le Gange et les couleurs de l’arc-en-ciel ont disparu pour laisser place à celles de la spiritualité, de la dévotion et du soleil : rouge, orange et jaune. Au temple du yoga, il y a les incontournables…

Piscine privée des villas de l’Ananda In the Himalaya, là où viennent séjourner de nombreuses stars. © Virginie Clavières / Paris Match

Comme l’ashram de Parmarth Niketan, l’un des plus célèbres, qui dispose de 1 000 chambres. L’institution est chapeautée par la star Swami Chidanand Saraswatiji. Avec sa longue barbe, son collier de prière en graines de rudraksha et ses tenues orange, il est considéré comme un demi-dieu. Chaque soir, de 18 heures à 19 heures, il déplace les foules venues assister à la cérémonie de l’« Aarti » (rituel de la lumière dédié au Gange) sur les ghats (les marches sur le bord du fleuve). Adolescent, il a tout quitté pour s’isoler dans les montagnes de l’Himalaya. Depuis, le sexagénaire a consacré sa vie aux autres, à la prière et à la quête spirituelle. Il séduit aussi les célébrités comme Sting ou Demi Moore. « Les gens célèbres sont comme les autres, ils recherchent la sérénité », déclare le maître. À ses côtés, Sadhvi Bhagawati Saraswati (Phoebe Garfield), qui ne le quitte jamais. Cette Américaine aux longs cheveux de jais est venue en vacances à Rishikesh il y a vingt ans. Elle n’est jamais repartie et s’est imposée comme la gardienne de l’ashram où elle donne des cours de yoga.

Les Beatles ont écrit et pensé leurs maux dans l’ashram de Maharishi Mahesh Yogi

Mais si Rishikesh est devenu une destination si prisée, c’est aussi grâce à eux : Ringo, George, John et Paul. En 1968, les Beatles débarquent à l’ashram du gourou Maharishi Mahesh Yogi avec Mia Farrow et sa sœur Prudence. Ringo Starr plie bagage au bout d’une dizaine de jours mais les autres restent entre cinq et huit semaines dans ce temple qui a rouvert au public en 2016 après avoir été laissé à l’abandon. Aujourd’hui, des novices viennent improviser une séance de yoga au milieu des tags et de 84 igloos en galets. Comme des ermites, les quatre garçons de Liverpool ont médité quatre heures par jour pour tenter de « combler une sorte de vide », expliquera plus tard McCartney. Ils ont aussi écrit et pansé leurs maux… Les trente titres de l’album blanc verront le jour dans cet ashram, et Lennon parviendra à soigner ses addictions aux drogues et à l’alcool grâce à la méditation.
Rishikesh est toujours lié à cette histoire des Beatles qui ont élu ce petit coin du nord de l’Inde pour vivre une expérience inédite. Selon les rumeurs, cette parenthèse s’est achevée brutalement à cause du comportement déplacé de ce chef spirituel qui aurait fait des avances à Mia Farrow !

Une équation parfaite entre le corps et l’esprit

Si le yoga est devenu tendance aux quatre coins du monde, son statut est presque sacré en Inde. Pratiquer inlassablement est un art de vivre, un remède pour anticiper, prévenir et guérir. Un premier ministre du Yoga a d’ailleurs été désigné et il existe dans le pays des hôpitaux où l’on soigne exclusivement par la pratique et la méditation. Dans le dédale des couloirs, on croise des patients ordonnance à la main qui viennent suivre, en guise de prescription, des cours spécialisés sous les chapiteaux de l’établissement. À la tête de ce centre, Baba Ramdev, un yogi qui s’est fait connaître en se contorsionnant avec une souplesse étonnante devant des millions de téléspectateurs. Ce maître à penser a fondé un empire sur l’ayurvéda pour contrer les grandes enseignes commerciales et pratiquer le made in India à des coûts imbattables. Sa marque Patanjali compte quelque 800 produits vendus dans plus de 177 000 magasins et son chiffre d’affaires dépasse les 680 millions d’euros. Plus haut dans les montagnes, d’autres stars ont leurs habitudes dans un complexe de luxe. À l’Ananda in the Himalayas, on pratique l’art du yoga et du bien-être avec volupté.

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Dans cet ancien palais de maharajas, le prince Charles, Kate Winslet, Oprah Winfrey ou Uma Thurman viennent se ressourcer dans ses villas qui se fondent dans la brume de la forêt. Le séjour dans ce paradis perché débute systématiquement par une consultation avec le médecin ayurvédique : une étude de votre pouls et un très long questionnaire sur vos habitudes alimentaires et sociales. Ce rituel est essentiel pour établir votre dosha qui correspond à l’humeur du moment de chaque individu. Il en existe trois : Vata (air), Pitta (feu) et Kapha (terre et eau). Alors le séjour est ensuite programmé (menu, massage, alimentation) selon votre profil. Dans ce havre de silence, on utilise les techniques ayurvédiques qui se pratiquent depuis des millénaires. Chaque geste a une symbolique, les pierres chaudes viennent de la rivière sacrée, et tout n’est qu’harmonie entre l’eau, le feu, la terre, l’espace et les sons. Le pilier de cette tradition reste les 2 à 3 litres d’huile tiède que l’on fait couler sur le front et les cheveux à l’aide d’un bol balancier pour rééquilibrer les énergies. Là-bas, le yoga est un voyage des sens. Une équation parfaite entre le corps et l’esprit… Une parenthèse suspendue.

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