Début des classiques : « Il n’y a pas un type de course où un Belge n’est pas capable de s’imposer ! »

La saison 2023 sera-t-elle aussi réussie que 2022 pour le cylisme belge ? C'est déjà pas mal parti ! | © DR
Alors que le premier monument de la saison cycliste prendra place ce samedi 18 mars avec Milan – San Remo, nous en avons profité pour faire le point avec Rodrigo Beenkens. Le monsieur vélo de la RTBF sort également un livre sur les champions belges de la génération actuelle! Idéal pour jauger les attentes réalistes du public par rapport aux héros sur route que sont Remco Evenepoel et Wout van Aert. Sans oublier les autres…
Par Laurent Depré
Parler cyclisme avec Rodrigo Beenkens, c’est comme écouter l’un de ses commentaires en direct. On se trouve rapidement happé par ses histoires, ses anecdotes, ses analyses… Comme rattrapé par un peloton explosif qui fondrait sur nous ! Aux éditons Kennes donc, le journaliste sportif vient de sortir, avec l’aide de son confrère Julien Bialas,le livre Wout, Remco & Co. Il s’agit d’un retour pointilleux sur la saison 2022 et ses grands faits. Ainsi qu’une analyse en profondeur de nos champions : des déjà confirmés à ceux qui commencent à tailler la route.
« Je voudrais insister sur le fait que ce livre concerne bien entendu nos locomotives actuelles que sont van Aert et Evenepoel mais également tous nos autres espoirs qui sont mentionnés : les Lennert Van Eetvelt, Cian Uijtdebroeks, Alec Segaert… Ce qui est incroyable avec cette génération, c’est qu’en plus d’avoir de solides aptidudes physiques, ils ont la tête bien sur les épaules. Beaucoup étudient à l’univeristé la psychologie, la médecine, le métier d’ingénieur… Ils entendent profiter à fond du présent tout en préparant l’avenir et en déjouant le piège éventuel d’un arrêt brutal de leur carrière qui est toujours possible. Chapeau ! » nous explique-t-il en préambule.

Alors, entrons dans le vif du sujet. Pouvons-nous déjà espérer une bel exploit noir-jaune-rouge en Italie dès ce week-end ? « Nos deux champions nous ont habitué à suivre des programmes radicalement différents et les objectifs le sont tout autant. L’objectif principal en 2023 de Evenepoel est le Tour d’Italie qui se dispute au mois de mai. Lundi prochain, il prendra néanmoins part au tour de Catalogne où il pourra déjà se mesurer à son gros concurrent sur le Giro, Primoz Roglic. Sa seule présence sur le sol belge sera à Liège-Bastogne-Liège, il viendra y défendre son titre de 2022. En ce qui concerne van Aert, il a deux gros objectifs: remporter le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix. Donc, pour répondre à la question : Milan – San Remo ne fait pas partie des objectifs de début de saison de nos champions. »
Bien entendu, ils ne sont pas les seuls cyclistes belges du peloton. D’autres prendront le départ de la course d’un jour comme le jeune Arnaud De Lie (20 ans). « Arnaud nous montre de très belles aptitudes. On le savait capable déjà d’une série de choses mais cela dépasse actuellement les attentes. C’est un coureur très véloce qui peut gagner au sprint. Il sera présent à Milan pour la première fois de sa jeune carrière et courir 300 km pour la première fois, ce ne sera pas une mince affaire. Mais… Certains le voient bel et bien en outsider, cela veut quand même dire beaucoup ! N’oublions pas non plus Philipsen qui a fait le plein de confiance à Tirreno-Adriatico la semaine dernière. »
Comment expliquer l’essor de cette génération, oserait-on dire dorée par analogie avec le football, qui fait actuellement les beaux jours du cyclisme belge ? Il y a toujours un peu le facteur hasard mais cela n’explique pas tout. « Pas mal d’émulation et la culture du cyclisme de notre pays. Au sud du pays, c’est une passion et au nord une véritable religion me disait un vieux suiveur du peloton » commente Rodrigo Beenkens. « La Belgique fait partie des plus grandes nations et est représentée par trois équipes en UCI World Tour sans oublier Lotto-Soudal qui reste très forte aussi. N’oublions pas non plus la grande concentration des classiques sur notre petit territoire. Et l’arrivée d’un monument comme Paris-Roubaix qui se fait à quelques kilomètres de la Belgique… C’est un sport qui bouillonne chez nous. »

Forcément, on regarde le cyclisme belge si pas avec jalousie avec tout de même une pointe d’envie depuis l’étranger… Car en 2023, ce n’est plus comme avant ! Lorsque pour de nombreuses courses on savait pertinemment que les chances de victoire belge étaient proche de zéro. « Aucun registre cycliste ne nous échappe aujourd’hui: chrono, sprint, étape avec pavés et bordures même la montagne… Il nous manquait le classement général mais là Remco Evenpoel la fait l’an passé en remportant la Vuelta ! »
Bien entendu le Tour de France reste l’évenement cycliste de l’année probablement le plus regardé par le public le plus large. Peut-on sereinement envisager une victoire belge dans l’avenir ? « Sauf surprise monumentale, non… » nous refroidit un peu le commentateur. « Je pense néanmoins que nous aurons les coureurs pour essayer de le faire dans la décennie à venir ! Ce qui est déjà pas mal par rapport au passé. Et je dirais également ceci : à part le Tour de France, rien n’est impossible pour notre armada de coureurs. Aucune course, aucun championnat du monde, aucun autre Tour n’est hors de portée… «
