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La Forme de l’eau – la critique de l’Oscar du meilleur film

la forme de l'eau

"La Forme de l'eau". | © DR

Cinéma et Docu

Guillermo del Toro signe son film le plus accessible : une histoire d’amour aquatique entre Freaks qui a remporté l’Oscar du meilleur film.

Depuis le début de sa carrière, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro (la saga «Hellboy», «Pacific Rim») voue un culte aux freaks sociaux et aux « gentils » monstres. Avec La Forme de l’eau, il signe une sublime déclaration d’amour au cinéma qu’il aime depuis la plus tendre en enfance – les authentiques séries B, les péplums et le cinéma enchanteur des années 30 – et bien sûr aux créatures humaines ou non qui les peuplent. Ce n’est pas un hasard si les héros sont tous des déclassés –  femme muette, préposées au ménage, extraterrestre que l’on hésite à disséquer, scientifique russe sans pouvoir –, Guillermo del Toro ne sera jamais dans le camp des vainqueurs et des autorités. Ce qui l’intéresse depuis le début de sa carrière est plus intime : vivre son amour pour le cinéma bis en plein jour.

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Le scénario qu’il a co-écrit avec Vanessa Taylor («Game of Thrones) suit une trame très classique – une jeune femme affublée d’un handicap tombe amoureuse d’un prisonnier retenu par les autorités pendant la guerre froide. Sauf que le prisonnier n’est pas un espion soviétique mais une sublime créature sous-marine. Le talent de Guillermo del Toro est d’adapter son esthétique à son histoire. Dans «La Forme de l’eau», tout est une affaire de fluide, tout devient liquide, des sols aux plafonds. Même la partition d’Alexandre Desplat participe à ce grand bain créatif. La moindre goutte d’eau se transforme  ainsi en une formidable idée de mise en scène et si l’histoire romantique est cousue de fil blanc, elle nous touche par la simplicité avec laquelle il filme l’amour d’une femme pour un homme-poisson. Del Toro voue un culte à ses monstres, écrivait-on en introduction. C’est l’une des belles idées du film : transformer le Freak en être d’inspiration divine, renverser le postulat de l’histoire d’amour. Ce n’est pas la créature qu’il faut humaniser, mais l’humain qui doit accepter sa part monstrueuse. Beau film qui mérite la pluie de récompenses…

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