Elodie Bouchez : « Pour Pupille, j’étais heureuse de la mettre à nu face à l’adversité »

Elodie Bouchez dans Pupille. | © StudioCanal
L’actrice ne cherche pas la lumière mais les rôles forts. Elle revient dans Pupille, un film bouleversant sur la naissance sous X.
D’après un article Paris Match France par Margaret Macdonald
Dans le milieu du cinéma, elle fait figure d’ovni : il lui aura fallu vingt ans, depuis sa consécration à Cannes avec La vie rêvée des anges, d’Erick Zonca, pour accepter un premier rôle. Son principe : elle ne fait que ce qu’elle veut, quitte à se laisser oublier. En 2015, elle déclarait avec malice : « Je cherche un truc fou. Un personnage de femme qui aurait mon âge, mon corps, et une profondeur… » Jeanne Herry, la réalisatrice d’Elle l’adore, saura lui redonner l’envie de tenir le haut de l’affiche. Dans Pupille, en salle depuis le 5 décembre, Elodie Bouchez incarne Alice, une quadragénaire célibataire qui adopte un petit garçon après dix ans de combat pour avoir un enfant. « Alice m’a plu parce que j’ai su que j’allais pouvoir travailler cette matière humaine, ses émotions face à ce qu’elle traverse. J’étais heureuse de la mettre à nu face à l’adversité ». Cruelle même avec les personnages qu’elle endosse.
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Elle refuse de jouer les lolitas
La douce rebelle, gentiment névrosée, refuse de jouer les lolitas. Gainsbourg l’a appris à ses dépens. Après lui avoir offert son premier rôle dans Stan the Flasher, il veut faire d’elle une chanteuse. « J’ai instinctivement senti qu’il allait me transformer en quelque chose que je ne voulais pas devenir ». Elle a 16 ans et d’autres rêves, nés sur les sièges usés des complexes de cinéma de la banlieue parisienne. « J’allais voir des films américains en version française… Je n’avais pas une culture particulièrement pointue. Je ne viens pas du tout d’un milieu artistique et intellectuel. » Son père a connu des revers de fortune. Il a renoncé à être architecte pour se reconvertir en chauffeur de taxi. Sa mère est assistante de direction en Seine-Saint-Denis. Ils seront son premier public. « À la maison, aux fêtes de famille, aux fêtes de fin d’année de l’école à Vitry-sur-Seine et à Choisy-le-Roi, en colo, dès que je pouvais, je me mettais en scène et je faisais le spectacle. » Les feux de la rampe sont encore bien loin, mais, pour multiplier ses chances, elle intègre, à 13 ans, l’école de danse de Sylvie Vartan. « C’était une porte d’entrée dans un monde qui me paraissait fermé. Je n’étais pas très douée, mais j’avais trouvé où m’exprimer chaque semaine et j’ai fini par être repérée. »