La Reine des neiges délivre enfin sa suite avec pour décors les puissants paysages d’Islande

La Reine des neiges 2 a été inspirée par les paysages de l'Islande. | © Capture d'écran Youtube de la bande-annonce
Six ans après le succès phénoménal du premier volet de La Reine des neiges, c’est en Islande que les équipes de Disney sont allées chercher les décors de ce nouvel opus aux accents écolo-féministes. Embarquement immédiat.
La scène est impressionnante : sur une plage de sable noir, dans une ambiance apocalyptique de fin du monde, Elsa, la Reine des neiges, se bat contre les éléments déchaînés. La jeune femme a des pouvoirs immenses mais la nature est plus forte qu’elle. Et c’est à elle qu’elle va devoir se mesurer. Pour affronter l’origine de sa force.
Cette plage, décor d’une des scènes clés de La reine des neiges 2, existe dans la réalité. Elle est située en Islande, à 180 kilomètres de Reykjavik et quelques encablures du volcan Katla, balayée par des vents quasi surnaturels et surmontée de colonnes de basalte où de rares panneaux mettent en garde contre la violence des vagues.
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C’est là qu’un petit groupe de journalistes a été convié à découvrir en septembre les premières images de la suite la plus attendue de la firme aux oreilles de Mickey et à ressentir in situ, entre la visite d’un volcan et les soubresauts bipolaires d’un geyser, la « puissance mythologique » des lieux.
Car si les paysages hivernaux de Norvège avaient servi de modèle officieux aux images du film initial, en 2013, et plus particulièrement au monde de la petite sœur Anna, cette fois c’est en Islande que les animateurs sont allés prendre un grand bol d’inspiration pour donner corps à l’univers d’Elsa. Le scénariste en chef Marc Smith, qui a refait pour l’occasion le périple, se souvient des défis qu’il a fallu relever.
« Nous voulions explorer dans ce film les pouvoirs d’Elsa, répondre à la question : pourquoi est-elle née avec des pouvoirs magiques et pas sa sœur ? Puisqu’elle est capable de sculpter des châteaux de glace avec ses mains, il fallait lui trouver un ennemi à la hauteur de cette puissance… Dès que nous sommes arrivés ici, sur cette plage de Reynisfjara, on s’est dit “OK, voilà, c’est plus fort qu’Elsa !” Tout est si extrême ici… »
Le prénom Elsa a refait surface dans les listes de prénoms les plus donnés à travers le monde
Jennifer Lee, première femme réalisatrice de l’histoire des studios Disney, arrivée sur le projet en 2012, après une expérience de scénariste sur Les mondes de Ralph, confirme : « Si La reine des neiges se terminait sur la note classique du “Et ils vécurent heureux à tout jamais”, La reine des neiges 2 raconte ce qui se passe après “à tout jamais”. » Indice : ça se complique un peu… Pensez donc. Six ans que les parents du monde entier sont désormais dans l’incapacité de se libérer-délivrer de la chanson-titre du film, irréversiblement tatouée dans leur lobe temporal gauche par leurs marmots brailleurs. Six ans qu’une reine au cœur de glace et sa cadette prête à tout pour la sauver ont plongé la planète dans un éternel hiver.
Indifférentes au réchauffement climatique et à l’obsession de l’époque pour les super-héros. Six ans enfin que le prénom Elsa a refait surface dans les listes de prénoms les plus donnés à travers le monde. Bref, six ans que les fans attendent le retour des demoiselles d’Arendelle, princesses rebelles très librement inspirées du conte homonyme d’Andersen. Un texte convoité par Walt Disney dès 1937, avant d’être abandonné pour cause de Seconde Guerre mondiale, puis remis au goût du jour et des millennials…
Ainsi, dans la lignée de Raiponce et Rebelle, autres héroïnes maison émancipées, La reine des neiges version 2013 ne trouvait pas l’amour d’un homme à la fin. Pire : elle ne le cherchait même pas. C’est sa sœur Anna qui la sauvait d’une mort certaine. Au point que certains y aient vu un hymne à l’amour LGBT. Un hashtag avait même été créé sur Twitter pour demander à Disney de « donner une fiancée à Elsa ». Résultat : près de 1,3 milliard de dollars de recettes mondiales pour ce premier volet. Soit le plus grand succès au box-office de tous les temps pour un dessin animé, devant Toy Story 3, un Oscar du meilleur film d’animation, un autre de la meilleure chanson originale (« Libérée, délivrée », donc), la licence de jouets la plus vendue devant Star Wars… À ce niveau, on parle de phénomène de société.
Cette fois il n’y a plus de « bad guy », juste une nature en colère qu’il va falloir dompter, écouter, avec laquelle se réconcilier…
Problème : en six ans, les petites filles qui se pavanaient en robe de princesse à l’effigie d’Elsa et Anna ont grandi. Comment alors réitérer l’exploit d’autant plus fou qu’il n’avait pas été anticipé, et que la suite a tardé à être mise en chantier ?
Réponse de Marc Smith : « En prenant en compte la maturation du public ». Exit donc les codes du conte de fées tradi avec méchants et gentils. Place à l’heroic fantasy, aux paysages automnaux, aux conflits intérieurs. Une suite plus épique, plus sombre, plus proche du Seigneur des anneaux que de Cendrillon, qui trois ans après les événements du premier opus se concentre sur les origines du pouvoir d’Elsa. Histoire de s’adresser aussi aux ados. Et aux spectateurs masculins que l’intitulé « conte de fées musical » aurait pu effrayer. « Ça sonne toujours faux et artificiel de chercher à véhiculer un message. Pour moi, le seul manifeste qui vaille est de suivre le destin de deux femmes fortes. C’est un film qui prône l’émancipation », insiste Marc Smith.
Tout comme la figure du prince charmant volait en éclats dans le premier volet, atomisée dans un twist final qui dénonçait l’idée d’une jeune fille (Anna) épousant le premier prétendant venu, faux gendre idéal mais vrai pervers narcissique déguisé, cette fois il n’y a donc plus de « bad guy ». Juste une nature en colère qu’il va falloir dompter, écouter, avec laquelle se réconcilier… Car désormais l’ennemie d’Elsa, c’est elle. Son pouvoir incontrôlé, son passé, ses secrets… Dans La reine des neiges 2, une mystérieuse voix revient ainsi la hanter et l’exhorte à quitter le château et sa vie heureuse toute tracée pour se lancer dans une quête de ses origines qui la conduira dans une étrange forêt enchantée où elle devra apprendre à dompter la force (tiens, tiens…). Ironie de l’affaire : c’est bien au 9e (et dernier) épisode de Star Wars (L’ascension de Skywalker) que devront se mesurer au box-office les filles libérées-délivrées cet hiver.