Jean Rochefort, Don Quichotte forever

Jean Rochefort dans "Lost in La Mancha". | © Quixote Films / Low Key Producti / Collection ChristopheL / AFP
L’acteur français devait incarner le rôle de sa vie devant la caméra de Terry Gilliam. Las, le destin en a décidé autrement.
Jean Rochefort compte de nombreux chefs d’œuvre dans sa filmographie : Le Crabe-tambour, Le Mari de la coiffeuse, Un Eléphant, ça trompe énormément ou encore Tandem… Si sa mort nous bouleverse tant aujourd’hui c’est qu’il incarnait l’élégance et la classe à la française, l’humour et la fantaisie. Pourtant, il manque peut-être à sa carrière un grand rôle qui aurait pu permettre à son grand talent de franchir les frontières : celui de Don Quichotte, qu’il devait incarner devant la caméra du réalisateur américain Terry Gilliam.
Victime d’une double hernie discale
Nous sommes en 2000. L’ancien Monty Python a réuni un casting de haute volée pour L’Homme qui tua Don Quichotte, son adaptation très libre du roman de Miguel de Cervantès : Jean Rochefort incarne une variation moderne du célèbre pourfendeur de moulins à vent, Johnny Depp, Toby Grosini, un publicité londonien qu’il prend pour son fidèle écuyer Sancho Pança et Vanessa Paradis en Lady Dulcinée. Le tournage débute en octobre et une série de fléaux s’abat sur le film : Jean Rochefort souffre de la prostate, puis d’une double hernie discale, des pluies diluviennes emportent une partie du matériel et des avions militaires espagnols survolent quotidiennement le plateau, rendant impossible la prise en son direct. Terry Gilliam doit se résoudre à abandonner son projet.
Les assureurs se retournent alors contre lui et la production et deviennent les propriétaires des droits du scénario original. Ce naufrage artistique assez unique dans ses proportions devient l’objet d’un making of d’une qualité rare, Lost in la Mancha, réalisé par Keith Fulton et Louis Pepe, qui rencontre, lui, un vrai succès au cinéma et dans le monde entier. Mais Terry Gilliam n’a pas renoncé : L’Homme qui tua Don Quichotte devait voir le jour 18 ans après, en mai 2018, avec Jonathan Pryce (Brazil) et Adam Driver (Le Réveil de la force).
Terry Gilliam bouleversé
Via un message sur le réseau social Facebook,Terry Gilliam s’est déclaré bouleversé par la mort de l’acteur. « Don Quichotte est mort, mais il vivra pour toujours », a-t-il posté. « Pour moi, il était le seul et unique Don Quichotte, à l’origine de mon long voyage avec ce film. (…) Il était à la fois le visage et l’âme du Chevalier à la Triste Figure », a-t-il continué. « Quand je l’ai vu il y a quelques années de cela, il semblait rajeunir. Je l’imaginais comme Don Quichotte, capable de vivre éternellement ».