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Belmondo rend hommage à Rochefort : « Nous étions heureux même dans nos silences »

Avec sa femme Françoise, chez Jean-Paul Belmondo, le 31 décembre 2015 : les copains du Conservatoire sont restés inséparables. | © Christian Brincourt / Paris Match

Cinéma et Docu

Jean-Paul Belmondo rend hommage à Jean Rochefort, -décédé le 9 octobre 2017 à 87 ans- avec qui il a partagé soixante ans d’amitié. 

 

Paris Match : Je te sais attristé par la disparition de Rochefort. Redoutais-tu cette nouvelle depuis longtemps ?
Jean-Paul Belmondo : C’est au-delà de la tristesse. Je suis dévasté par sa mort. Je la redoutais chaque jour depuis son troisième coma, à l’hôpital Saint-Joseph. La semaine dernière, je suis allé le voir. Hélas, je n’ai pas pu lui parler. Il avait des crises d’asthme qui le terrassaient.

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C’est une partie de ta jeunesse qui s’en va !
Exactement. Nous avions entre 20 et 23 ans, totalement inconnus mais unis par une volonté farouche de devenir acteurs. Rochefort faisait partie de cette bande soudée, c’est le mot.

C’est le théâtre qui vous unissait ?
Le théâtre était le ciment de nos vies à venir. Et non le cinéma, comme on pourrait le croire. Jean, comme les autres, a travaillé comme un fou pendant ces trois années. Il avait une volonté farouche de gagner sa place dans le répertoire, un acharnement à bosser ses textes.

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Tu n’as pas été étranger à ses débuts au cinéma ?
Nous avons partagé des moments formidables, comme le tournage des Tribulations d’un Chinois en Chine. Que ce soit à Hong Kong ou sur les pentes du mont Blanc, en montgolfière ou sur des ponts de lianes… quelles rigolades !

Nous étions heureux ensemble, même dans nos silences. Jamais une ombre au tableau.

Je revois Jean chez toi, à table à ta droite, avec vos fous rires de gamins…
Une vraie merveille d’avoir encore des complices à soixante ans du Conservatoire… Quel beau cadeau nous a donné la vie ! Nous étions heureux ensemble, même dans nos silences. Jamais une ombre au tableau. Je pense tendrement à son épouse et à ses enfants, mais ils savent tout cela.

On connaît sa passion pour les chevaux, ses formidables commentaires à la télévision lors des concours équestres. Tu as joué un rôle dans ce coup de foudre…
Je l’ai fait monter sur un cheval pour la première fois, dans Cartouche. Une véritable passion s’est emparée de lui ! Dans sa propriété à la campagne, il possédait plusieurs chevaux. C’était un remarquable cavalier et il était très fier d’avoir reçu le Mérite agricole. Souviens-toi, dans le film d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément, sa prestation hilarante pour séduire Anny Duperey… Un grand moment du cinéma français

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