Paris Match Belgique

Jean Graton : « Michel Vaillant est ce que j’aurais voulu être. J’ai créé un pilote de course avec mon éducation ‘travail, famille, patrie’ »

Jean Graton lors d'un grand entretien donné à Paris Match Belgique dans son studio, en 2008. ©Ronald Dersin/Paris Match Belgique

Littérature

L’intrépide Michel Vaillant, l’homme au visage taillé à la serpe, icône plastique impénétrable, partage mine de rien quelques valeurs avec son créateur. Jean Graton, le Breton aux accents bougons nous avait accordé, en juin 2008, un entretien long.

Lors de notre reportage, Jean Graton prépare la sortie de l’intégrale de Michel Vaillant, un demi-siècle, 70 aventures, 20 millions d’albums vendus. En parallèle, des bonus, une série limitée de miniatures… Et un projet de feuilleton encore au stade d’ébauche. Dans les cartons souvenirs, on se rappelle aussi le film produit par Luc Besson, qui n’obtint pas le succès escompté, et aussi, beaucoup plus « vintage » biens sûr, le feuilleton de l’époque pour la télévision, tourné avec des bouts de ficelles sur tous les grands circuits d’Europe. En filmant de vraies courses dont un vrai pilote avait endossé pour la bonne cause la combinaison et le casque de Vaillant et une pléiade de coureurs jouant leur propre rôle et venant déclamer quelques lignes divertissantes en face caméra.

Lire aussi > Jean Graton, papa de Michel Vaillant, est décédé à 97 ans

Sacré personnage. Il trône comme l’Oncle Paul qu’il dessinait pour Spirou avant de passer chez le concurrent de toujours, Tintin. « En débarquant à Bruxelles, après la pub, je me suis vite retrouvé chez Spirou. J’y ai décroché mon premier « Oncle Paul » J’en ai fait une trentaine et quand ils ont dit stop ! Je me suis retrouvé au chômage, mais pas longtemps. Je suis tout de suite allé voir en face, chez Tintin ! Ils ont été ravis. A l’époque, on ne débauchait pas les dessinateurs ouvertement mais on était content quand ils venaient frapper à la porte, surtout venant en direct du concurrent ! »

Jean Graton reçoit Match dans le vaste bureau des studios du même nom, chaussée de Waterloo à Uccle. Une espace lumineux, aux murs couverts de posters encadrés qui évoquent quelques frissons de l’enfance : L’homme sans visage par exemple, ce mystérieux pilote dont on ignorait l’identité avait fait vibrer plus d’un gamin dès les premières pages. Sur le bureau, des modèles réduits aux couleurs flamboyantes.

Le plus jeune fils du dessinateur, Philippe, scénariste des dernières aventures de Michel Vaillant (et qui prépare alors un autre album sur la moto, « avec beaucoup de jolies filles ») est l’homme des produits dérivés aussi. C’est lui qui a négocié avec Besson la production du film sur Vaillant en 2003. A ses côtés, trois dessinateurs se relayent pour peaufiner les aventures du héros créé par le grand monsieur qui pour l’heure prend la pose pour notre photographe tout en maugréant discrètement lorsque les choses se prolongent.

 

Jean Graton avec son fils Philippe dans les studios de la chaussée de Waterloo où il recevait Match. ©Ronald Dersin / Paris Match Belgique

Né en 1923, Jean Graton le Breton n’a plus vingt ans, c’est même carrément un homme d’un autre siècle mais avec la trempe qui va avec. Un caractère du tonnerre. Son fils Philippe en plaisante volontiers. Fruit du troisième mariage de son père, Philippe a deux demi-frères; Jean-Claude et Gurvel, « un nom très breton » rappelle-t-il, allusion aux origines paternelles clairement revendiquées. Ils ne sont alors aucun des deux engagés professionnellement dans l’univers Vaillant.

Jean Dujardin ? Alain Delon ? « Trop mous ». Parlez plutôt à Jean Graton de Sean Connery ou de Rock Hudson, ces mâles d’antan !

Cet univers, c’est Jean Graton qui en est l’orfèvre bien sûr. Avec des idées bien arrêtées sur les looks des héros. Jean Dujardin, Alain Delon ? « Trop mous ! » Ah, parlez-lui plutôt de Sean Connery ou de Rock Hudson, ces mâles d’antan !

Il tolère difficilement les humoristes récents sauf Coluche auquel il a dédié un dossier, et avec qui il partageait entre autres le goût de la moto. Il a côtoyé Steve Mc Queen et tous les as du bolide, à l’ère, dit-il, où les pilotes étaient encore d’es aristocrates, pas comme « ce petit Alain Prost » ! « Les pilotes de F1, c’était l’élégance : les Graham Hill et bien d’autres étaient de vrais grands personnages. Plus tard, on a eu des petits bonshommes comme Prost ! »

Sur un cd truffé de photos souvenirs, on le découvre prenant la pose, tantôt avenant, parfois un peu ronchon, avec des profils comme Steve McQueen t Jacky Ickx, d’autres comme Luc Besson ou Samy Naceri. « Jacky Ickx, je l’ai connu gamin. Je connaissais bien son père le chroniqueur Jacques Ickx. Quand il a commencé à rouler pour Ferrari, il avait alors une vingtaine d’années, Jacky m’a dit : « J’aimerais bien faire partie de l’écurie Vaillant ! ». Dans l’histoire qui s’appelle « De l’huile sur la piste », c’est Vaillant qui gagne, Ickx termine deuxième, or ce n’est pas un type facile Jacky Ickx, vous savez ! »

Sa fascination constante pour la F1 ? « Ce sont les hommes qui vont le plus vite, tous sports confondus ! En plus, il y a une notion de danger qui demeure et ajoute encore à la tension dramatique. Et puis c’est le sport le plus pointu, techniquement parlant, de toute la planète. Ce sont de vraies bombes roulantes, il ne faut pas l’oublier ! »

Lire aussi > BD & livres Match : Histoires d’hommes, Bruxelles sous les bombes, figures de la Maison-Blanche, félin qui déride, anagrammes coquins

De vraies beautés mâles dans le cinéma ? « Il y a eu Rock Hudson… Sean Connery aussi… » Quant à Alain Delon ou, plus récemment Jean Dujardin ? « Trop mous » donc. « D’abord, les acteurs français aujourd’hui, comme les animateurs, sont mal rasés. Je trouve qu’ils devraient respecter le public. Quant aux nouveaux comiques, ils m’insupportent à rire sans cesse à leurs propres blagues ! C’est vrai que la télé les obligent à raconter des trucs censés faire rigoler et ce n’est pas toujours drôle hélas. »

Le film sur Vaillant produit par Luc Besson ? «Il y avait moyen de mieux faire. Au départ, Luc Besson avait l’air de comprendre Vaillant, il avait choisi tous les albums mais il a rétrocédé le scénario a des scénaristes qui se sont écartés de Vaillant et de son esprit. Cela dit, Philippe a participé à des scénarios; il a donné son avis, il ne pouvait pas faire plus. Le boulot de Besson, c’est son boulot et pas le nôtre. »

Difficile de concevoir que ce monsieur important à la bouille ronde, sans ossature apparente et au nez mutin d’un héros de B.d. enfantin a fait du patinage artistique dans sa jeunesse, obtenu un diplôme d’ajusteur avant d’atterrir à Bruxelles chez u ne vieille tante. Là, il va démarcher les agences de pub et commencer par dessiner Tiger Joe, Surcouf et Buck Danny, « au pinceau et non à la plume », sous la houlette magistrale de Victor Hubinon.

Passé de Spirou à Tintin, Jean Graton pourra enfin monter de toutes pièces son héros, son double, l’homme qu’il aurait aimé être. Un détective ? Déjà vu ! Un cow-boy, un explorateur, un agent secret ? Surfait ! Mais un pilote de course, oui, dix fois oui ! Il adhère et noircit ses pages avec délices, en se souvenant de l’huile de ricin d’antan. Et de ses courses en taxi, enfant, pour le simple plaisir de rouler quand son père n’avait pas de permis. Oui, Michel Vaillant, vraiment, c’est lui.

« Michel Vaillant est ce que j’aurais voulu être. J’ai décidé de faire un pilote de course et, avec mon éducation du type « travail, famille, patrie », j’ai tout de suite créé une famille autour de lui. Je sentais que contrairement aux personnages de B.d. classiques, Michel Vaillant devait avoir des attaches, une maman ; une épouse… On le voit descendre le matin et dire : « Bonjour maman, as-tu bien dormi ? » … Et en 1968 ça a fait un scandale ! A ce moment là, j’ai un peu décroché de la bande dessinée. Comme Goscinny, un très bon copain, j’ai mal vécu 1968…On nous cherchait misère. Les jeunes étaient toujours en train de nous critiquer, j’étais dégoûté… J’ai mon diplôme d’ajusteur, remporté haut la main, je le précise même si ce n’était pas ma tasse de thé ! Et puis, il y a quelques années, j’ai été nommé Commandeur des Arts et des Lettres ! C’est assez marrant, non, comme trajectoire ? Entre-temps j’ai reçu aussi la médaille de l’Ordre de Léopold. Pour services rendus… Est-ce pour me remercier d’avoir autant payé d’impôts ici en Belgique ? »

Jean et Philippe Graton dans le studio ucclois en 2008. Ils replongent avec bonheur dans les aventures de Michel Vaillant, conçues sur un mode « travail, famille, patrie ». Moule éducatif de Jean Graton élevé, comme il le raconte, dans un esprit très vieille France. ©Ronald Dersin / Paris Match Belgique

Vous vous considérez comme belge ou français pur jus?

Jean Graton. Breton avant tout !Vous vivez tout de même à Bruxelles depuis des lustres…Depuis 1949.Avec des retours réguliers au pays ?Oui j’ai des copains là bas et on a du plaisir à se retrouver. Je suis belge à 100% dans ma vie de tous les jours mais au fond, je reste français d’origine. Cela dit, je suis très content d’avoir fait ma carrière en Belgique.Quel regard portez-vous sur les premiers albums de Michel vaillant?Quand je regarde l’intégrale, je fais un réel bond en arrière et je revois toute ma carrière. Je me rends compte que les dessins n’étaient pas terribles au départ; mais ça, comme je le dis, on devient dessinateur en dessinant. Et ça me rappelle des souvenirs, je vois des dessins dont je ne me souviens plus du tout, et ensuite des situations, des moments de ma vie… C’est un plaisir de retrouver ces moments de jeunesse, avec ma femme. C’est merveilleux. J’ai fait la mécanique et l’ajustage, j’ai plutôt bien réussi dans ce genre mais c’était trop salissant ! Je n’ai pas eu une enfance très facile, j’ai perdu ma mère quand j’avais 11 ans. Et mon père a été emprisonné par les Allemands pendant 5 ans.

Qu’est-ce qui a engendré ce goût-là avant tout ? Votre contexte familial a-t-il joué ? Les valeurs que l’on vous a inculquées sont-elles celles de Michel Vaillant ?

Ma famille était très vieille France. On m’a inculqué : le travail, famille, patrie. Quel type de parcours scolaire avez-vous eu ?Je n’ai pas été un élève épatant. J’ai fait la mécanique et l’ajustage, j’ai plutôt bien réussi dans ce genre mais c’était trop salissant ! Je n’ai pas eu une enfance très facile, j’ai perdu ma mère quand j’avais 11 ans. Et mon père a été emprisonné par les Allemands pendant 5 ans. Il est parti pendant la Guerre. J’avais 16 ans… J’ai dû aller vivre chez ma grand-mère.J’ai fait du sabotage sur un chantier naval à Nantes.C’était une forme de résistance!Votre père était résistant ?Non. Moi non plus, en revanche, j’ai fait du sabotage sur un chantier naval à Nantes. Quand je voulais j’étais capable de bien travailler mais là, j’ai travaillé tellement mal que les bateaux coulaient, et ce sabotage était une forme de résistance ! Mais vous savez quoi, les Allemands n’étaient pas fâchés : ils étaient tellement contents de pouvoir revenir à quai, tranquilles !

Lire aussi > Philippe Geluck, Boualem Sansal, Ismaël Saidi, Michaël Privot nous parlent culte

Vous étiez en pleine adolescence pendant la Guerre, ça forge le caractère…

J’ai vécu aussi les bombardements ; j’étais dessous, vraiment dessous hein ! Quand je vois les états d’âme des jeunes aujourd’hui, ça me fait sourire parfois… Nous, nous ne pouvions pas nous permettre d’en avoir ! Il y avait d’autres impératifs : il fallait éviter de se faire prendre, il fallait se nourrir… J’ai eu deux fois dans mon existence un revolver braqué sur moi : Une première fois, on était dans une file de cinéma et des Allemands ont braqué un revolver sur nous pour nous déplacer. La deuxième fois, c’est quand on a voulu me voler ma Mercedes – une tentative de car-jacking comme on dit… Mais je ne lui ai pas donné les clés. Ce n’est pas une façon de demander une voiture bon sang ! J’ai remis les clés dans ma poche je l’ai regardé l’air de dire : « Vas-y donc si tu oses !» C’était sans doute de l’inconscience. C’est vrai qu’il aurait pu tirer. Après coup, ça m’a paru démesuré ! Le gars a vu que ça devenait compliqué ; il est parti. C’était à Bruxelles, il y a une dizaine d’années.

Votre éducation vous a en tout cas forgé un certain caractère.

Oui, à l’époque y avait du danger partout. Et j’ai dû me débrouiller seul à partir de 16 ans, même si je vivais chez ma grand-mère.

Votre famille, vous la décririez comme plutôt bourgeoise ?

Mes grands-parents étaient bourgeois, mon père pas. Ils auraient voulu que mon père devienne notaire et lui il voulait devenir ingénieur..

Il y avait un goût pour la mécanique dans la famille ?

Absolument pas !

Mais votre père s’occupait de sports tout de même, vous avez eu par ce biais notamment une connivence?

On a vécu ensemble bien sûr, tous les deux, après la disparition de ma mère. Il s’occupait d’un club de motos. Nous faisions du hockey sur roulette et nous faisions partie d’un club de patineurs à Nantes.

Une atmosphère sportive donc, voilà déjà un terreau de base pour vos futures aventures…

J’avais, c’est vrai, des préoccupations très sportives. On disputait le tournoi de France et des tournois extérieurs. Je faisais du patinage artistique aussi. Mon père était mon formateur. Comme patineur artistique, je tenais tellement bien sur mes quilles qu’après je trouvais la force de me bagarrer avec les plus forts; cela faisait ma force de hockeyeur. Au chantier je fréquentais des durs; je jouais le jeu…

Sans pour cela devenir une petite frappe ?

Je n’en étais peut-être pas loin mais ce n’était pas une question de castagne; ni de jeu ni de triche. Le patinage m’a sauvé et m’a beaucoup occupé.

Ce sport vous a imposé aussi des règles d’hygiène de vie, une certaine combativité ? Tout ça est en train de forger le caractère de Michel Vaillant d’une certaine façon ?

Je pense que oui. Ne pas tricher ne pas perdre mon temps. J’étais assez actif.

Mon père organisait des concours de moto lorsque j’étais gosse. J’adorais l’odeur de ricin ; le goût du bruit et de la compétition. Je raffole du parfum de carburant ! L’huile de ricin me manque terriblement.

Revenons à votre parcours scolaire : vous suivez donc une formation professionnelle…

J’ai mon diplôme d’ajusteur, remporté haut la main, je le précise même si ce n’était pas ma tasse de thé ! J’ai donc obtenu ce diplôme d’ouvrier qualifié et puis, il y a quelques années, j’ai été nommé Commandeur des Arts et des Lettres; c’est assez marrant comme trajectoire ! Entre-temps j’ai reçu aussi la médaille de l’Ordre de Léopold. Pour services rendus. Est-ce pour me remercier d’avoir payé autant d’impôts ici en Belgique ? Il est écrit dessus « Créateur d’une bande dessinée belge ».J’en suis fier évidemment.

Vous aviez pu développer entre-temps le goût des voitures aussi ?

Depuis tout petit, j’étais très porté sur les sports mécaniques, oui. Mon père organisait des concours de moto lorsque j’étais gosse. J’adorais l’odeur de ricin ; le goût du bruit et de la compétition. Quant à mon père était motocycliste, il n’aimait pas la voiture, n’avait d’ailleurs pas son permis. Ce que j’adorais c’était les rares fois ou on prenait le taxi j’étais enfin dans une voiture; autrement je passais mon temps à moto. J’ai appris à conduire voitures et camions à l’armée.

Quand vous allez sur les circuits aujourd’hui, ces parfums vous reviennent-ils, façon madeleine de Proust?

Absolument, je raffole du parfum de carburant ! L’huile de ricin me manque terriblement.

Quand avez-vous réellement plongé dans le dessin ?

J’ai commencé à dessiner comme tous les gosses. J’ai fait mon service militaire en partie dans l’école du génie à Angers. On faisait des ponts, on préparait des terrains pour ça. Un dessinateur ça peut se débrouiller partout ! Et hop ! Un an et huit jours après, j’ai été démobilisé ! J’ai fait un peu de pyrogravure à la fin de la Guerre, je composais des souvenirs bretons mais la faïence a supplanté tout ça. J’ai choisi de me lancer dans le dessin de façon plus ou moins consciente. Une chose était sûre, je n’avais aucun espoir à Nantes. Mais il m restait le choix du pays, la France ou la Belgique, donc Paris ou Bruxelles…

« Chez Tintin, on m’a confié des histoires complètes à écrire, des histoires sportives : automobile, cyclisme… Ensuite on m’a proposé de créer un héros. Et là je me suis dit que tout avait déjà été fait, exploité : policier, journaliste, cow-boy… Et puis je dessinais mal les chevaux ! Alors j’ai pensé au pilote de course, un sujet dans lequel je suis vraiment à l’aise … » ©Ronald Dersin/ Paris Match Belgique

Et Bruxelles s’est imposée.

J’ai une vieille tante qui habitait ici. Elle m’a logé et m’a permis d’aller sonner aux portes. J’ai fait les agences de publicité dans l’espoir de placer des dessins. Ma première chance est venue du journal « les Sports » qui était l’équivalent de « L’équipe ». Et le patron était directeur d’une écurie nationale belge qui avait de très grands champions : Bianchi, Johnny Claes.

Là, retour vers le moteur…

Oui, je baignais à nouveau dans les sports mécaniques ! Je suis même allé faire la signalisation de l’écurie nationale belge. Les frères Bianchi (Lucien et Mauro – n.d.l.r.) qui avaient un garage et qui préparaient les voitures de course, m’ont donné des renseignements et m’ont beaucoup aidé. Mais ce n’était pas suffisant, j’étais pas assez payé ; alors j’ai voulu augmenter mon budget. Je me suis alors présenté dans plusieurs agences de publicité, et un vendredi 13 je suis tombé place de Brouckère à Bruxelles sur la World Publicité Presse ! Un aimable monsieur me reçoit et me dit «  Est-ce que la B.d. vous intéresserait » ? J’ai dit oui ! Le monsieur qui était Jean-Michel Charlier m’a dit : « Voyez Victor Hubinon, il va vous conseiller. » Victor Hubinon, qui était dans le bureau d’à côté avec « Attanasio » ; m’a donné des filons : ici on travaille au pinceau et non pas à la plume…J’ai mis à l’encre des planches de Tiger Joe, Surcouf et Buck Danny pour apprendre l’épaisseur du trait.

Et puis vint l’ère Spirou ?

Oui, trois semaines après, ça devait être en 1951. J’y ai décroché mon premier Oncle Paul J’en ai fait une trentaine et ils ont dit stop ! Je me suis retrouvé au chômage, mais pas longtemps. Je suis tout de suite allé voir en face, chez Tintin ! Ils ont été ravis. A l’époque, on ne débauchait pas les dessinateurs ouvertement mais on était content quand ils venaient frapper à la porte, surtout quand ils provenaient en direct du concurrent ! Chez Tintin, on m’a confié des histoires complètes à écrire, des histoires sportives : automobile, cyclisme… J’adorais dessiner les autos mais aussi les vélos, les trucs de ce genre ! Ensuite on m’a proposé de créer un héros. Et là je me suis dit que tout avait déjà été fait, exploité : policier, journaliste, cow-boy… Et puis je dessinais mal les chevaux ! Alors j’ai pensé au pilote de course, un sujet dans lequel je suis vraiment à l’aise … Et on m’a répondu : « Ouais, bon, mais ton gars, quand il aura fait trois fois le tour du circuit de Francorchamps, qu’est-ce qu’il fera ? » Finalement, l’éditeur m’a quand même permis de tester le personnage avec cinq histoires complètes de quatre planches ; dont certaines sont d’ailleurs publiées dans l’intégrale.

Vaillant a véritablement suscité des passions, beaucoup de passions, croyez-moi ! Alain Prost, François Cevert, Didier Pironi … D’autres encore.

Ensuite, Vaillant a connu le succès que l’on sait. Mais comment avez-vous été informé dans un premier temps, que ça fonctionnait ? Avant d’avoir les chiffres des ventes… Par simple courrier des lecteurs ?

Absolument, les lecteurs en redemandaient, ça a rassuré l’éditeur qui m’a permis de continuer ! Evidemment, Vaillant est parti dans la course automobile au moment où il n’y avait pas de retransmission télévisée. On avait donc tout à gagner avec la mise en images de ces héros ! Et je peux vous dire que beaucoup de jeunes pilotes ont découvert la vocation grâce à Vaillant…

Qui précisément ?

Luc Donkervolk, lui a vraiment découvert la passion de l’automobile à travers Michel Vaillant. Vaillant a véritablement suscité des passions, beaucoup de passions, croyez-moi. Je dirais Alain Prost, François Cevert, Didier Pironi … D’autres encore.

Steve McQueen était très gentil, j’avais l’impression qu’il était simple comme tout. Personnellement, tout ça m’a permis petit à petit d’être reconnu comme l’un des leurs ! Combien de pilotes aimaient serrer la main de Michel !

Le Français François Cevert a connu un destin tragique. La beauté de ses traits et la brièveté de son parcours en ont fait un personnage magique, à l’époque du moins… Les jeunes filles l’adoraient aussi. Il était régulièrement en poster dans « Salut les copains »…

En effet. En plus, c’était devenu un ami. Le samedi après-midi où il s’est tué, c’était une triste journée. Je voudrais qu’on fasse un spécial François Cevert qui, une fois encore, était un pur fan de Vaillant.

Vous avez rencontré l’acteur et pilote Steve McQueen. McQueen, le magnifique ! A-t-il eu un quelconque impact sur la création ou plutôt l’évolution du beau blond de service, Steve Warson ?

Non pas du tout. Mais Steve McQueen était très gentil, j’avais l’impression qu’il était simple comme tout. Personnellement, tout ça m’a permis petit à petit d’être reconnu comme l’un des leurs ! Combien de pilotes aimaient serrer la main de Michel !

La Formule 1 n’est pas, n’a jamais été un sport majeur aux Usa. Vous ne mettez d’ailleurs en scène qu’Indianapolis comme circuit… Qu’est-ce qui fait que ce sport est resté avant tout européen dans l’âme – et aujourd’hui également sud-américain, japonais…

Une certaine aristocratie. Les pilotes de F1, c’était l’élégance : les Graham Hill et bien d’autres étaient de vrais grands personnages. Plus tard, on a eu des petits bonshommes comme Alain Prost !

Jacky Ickx a toujours été un pro-Vaillant à 100 % ! Alors qu’il commençait à courir chez Ferrari, il devait avoir une vingtaine d’années, il m’a dit : « Tiens j’aimerais bien une fois courir chez Vaillant ! » J’ai été très flatté

Ça reste incontestablement un sport d’élite.

Oui, d’ailleurs à l’époque, je ne vais pas dire qu’ils devaient payer leur voiture eux même mais c’était presque ça. C’est en partie la course aux sponsors qui a d’ailleurs lassé Jacky Ickx.

Il a figuré dans Michel Vaillant comme guest-star de choix.

Tout ça, c’est venu automatiquement et spontanément. Je ne pouvais pas faire des histoires de Vaillant avec des faux décors des fausses voitures; c’était cucul. Il était tellement plus simple de prendre Vaillant et de le mettre parmi les autres vrais coureurs ! Mais Jacky, ah Jacky ! Je connaissais déjà son père, Jacques Ickx, qui était un grand chroniqueur sportif. Il était accompagné d’un gamin qu’était Jacky et qui avait 8 ou 10 ans quand je l’ai connu… Jacky a toujours été un pro-Vaillant à 100 % ! Alors qu’il commençait à courir chez Ferrari, il devait avoir une vingtaine d’années, il m’a dit : « Tiens j’aimerais bien une fois courir chez Vaillant ! » J’en ai été très flatté et heureux car jusque là je me contentais de faire apparaître dans mes récits des pilotes de rallyes, je n’avais pas encore osé aborder les grandes stars.

Vous leur passiez un petit coup de fil avant de les dessiner ces pilotes de rallye pour les prévenir ou vous leur réserviez l’effet de surprise ?

Je les prévenais ! Dans l’histoire qui s’appelle « De l’huile sur la piste », c’est Vaillant qui gagne, Ickx termine deuxième, or ce n’est pas un type facile Jacky Ickx, vous savez !

J’ai imaginé que Michel Vaillant aurait pu avoir un fils naturel avec une hôtesse de l’air dans l’album « Rallye sur un volcan ». Mais chut…

Qui vous a inspiré Michel Vaillant au départ ?

Michel Vaillant est ce que j’aurais voulu être. J’ai décidé de faire un pilote de course. Mais, muni de mon bagage et de mon bon sens façon «  travail famille patrie », j’ai tout de suite créé une tribu autour de lui. Je sentais que contrairement aux personnages de B.d. classiques, Michel Vaillant devait avoir des attaches, une maman ; une épouse… On le voit descendre le matin et dire : « Bonjour maman, as-tu bien dormi ? » … Et en 1968 ça a fait un scandale ! A ce moment là, j’ai un peu décroché de la bande dessinée. Comme Goscinny, un très bon copain, j’ai mal vécu 1968…On nous cherchait misère. Les jeunes étaient toujours en train de nous critiquer, j’étais dégoûté…

On vous reprochait quoi précisément, un certain paternalisme, un conservatisme ? Il y a toujours eu de l’humour chez Goscinny pourtant… Mais cela n’a pas suffi ?

En tout cas, ça m’a découragé un temps…

Philippe Graton. Je ne sais pas pourquoi papa revient avec ces vieilles histoires de mai 68 !

Ce n’est pas grave, d’autant qu’aujourd’hui, ça tombe bien, le mariage vit plutôt un retour de flamme, même si le divorce se multiplie en parallèle !

P.G. C’est vrai, les héros de séries télé comme les Sopranos sont mariés. Et puis on fête l’anniversaire de 68 cette année alors… Mais au fond Papa, pourquoi tu l’as marié Michel Vaillant ? Tu ne m’as tout de même pas facilité la tâche pour la suite ! Ça coupe les possibilités affectives…

J.G. Tu sais j’ai imaginé qu’il aurait pu avoir un fils naturel avec une hôtesse de l’air dans l’album « Rallye sur un volcan ». Mais chut…

P.G. Mais on ne voit pas grand-chose !

J.G. Justement, ça laisse libre cours à l’imagination !

Voilà qui promet quelques rebondissements dans l’air du temps, avec des familles recomposées.

P.G. Ah oui, là, vous détenez sans doute un scoop ! Et puis c’était quand même la seule B.d. à l’époque dans laquelle on voyait des femmes !

J.G. Oui, à part la Castafiore qui est caricaturale, c’est sans doute vrai. C’était alors strictement interdit dans Tintin. Dans le comité du journal, il y avait le patron du Collège Cardinal Mercier, un pensionnat de garçons. Il était horrifié à la seule idée que ses garçons puissent découvrir les filles sur papier… Il ne fallait pas leur donner d’idées sataniques !

P.G. Ça aurait pu être casse-gueule…

« Dans le comité du journal, il y avait le patron du Collège Cardinal Mercier, un pensionnat de garçons. Il était horrifié à la seule idée que ses garçons puissent découvrir les filles sur papier… Il ne fallait pas leur donner d’idées sataniques ! » ©Ronald Dersin / Paris Match Belgique

 

Sinon Michel Vaillant vous le vouliez comment outre l’esprit de famille évoqué, une certaine fougue, une combativité, du courage, de la loyauté ?

J.G. Qu’il ait l’esprit de famille ; qu’il soit bien dans sa peau…

Au fil du temps les valeurs ou les traits de Vaillant ont évolué, inconsciemment ou non…

J.G. Oui. Ils ont évolué avec moi !

Vous avez un credo, une phrase clé dans la vie ?

On a une part de chance et il suffit de la trouver, d’y travailler et on y arrive !

Vous êtes croyant ?

Oui mais je ne suis pas calotin du tout. Je n’ai jamais été enfant de chœur !

Revenons au héros du jour, les traits de Michel Vaillant, beauté masculine très classique, quelqu’un vous les a inspirés ?

Personne, c’était un visage que j’aimais bien, tout simplement.

Ah Coluche ! Un vrai amoureux de la moto. C’est pour ça que nous lui avons consacré ce bouquin. C’était un des seuls comiques qui me paraissait valable

Est-ce qu’il y a parmi les acteurs des gens que vous auriez eu envie de dessiner ? De vraies beautés masculines selon vos critères en tout cas ?

Non il y a eu Rock Hudson… Sean Connery aussi… J’ai eu l’occasion de le croiser lors d’un cocktail qu’avait donné Jackie Stewart lorsqu’il a quitté la compétition. Parmi les invités, il y avait aussi la princesse Anne d’Angleterre et Gunther Sachs… Et puis Connery, bel homme !

Parmi les Français, Jean Dujardin peut-être, à qui on le compare parfois  ?

Non, encore trop mou !

Ou Alain Delon à l’époque ?

Idem !

Vous rejoignez donc la grande cause du « il n’y a plus de belles gueules dans le cinéma français » !

D’abord ils sont mal rasés, quel que soit leur statut, animateur, acteur, présentateur, ils sont tous comme ça ! Je trouve qu’ils devraient respecter le public. Quant aux nouveaux comiques, ils m’insupportent à rire sans cesse à leurs propres blagues !

Là vous dénoncez l’incontestable nombrilisme entretenu en partie par la télé ?

C’est vrai que la télé les obligent à raconter des trucs censés faire rigoler et ce n’est pas toujours drôle hélas. Ils finissent par glousser à leurs propres plaisanteries ! La télévision actuellement me déçoit énormément aussi.

Mais vous avez rendu hommage à Coluche dans un livre ?

Ah Coluche ! Un vrai amoureux de la moto. C’est pour ça que nous lui avons consacré ce bouquin. C’était un des seuls comiques qui me paraissait valable, même si au début il m’a paru un peu limite avec ses « enfoirés » ! Mais on s’est habitué ! Je le regrette car il était quand même drôle. J’aimais aussi Le Luron, Devos…

La production Besson était un peu mièvre. Le problème était au niveau du casting ; mais bon, le film a eu le mérite d’exister. – Philippe Graton

Parlons cinéma. Le fameux film de 2003 sur Michel Vaillant, produit par Luc Besson, vous l’auriez rêvé comment ?

C’est un film que Philippe avait réussi à négocier… Mais il y avait moyen de mieux faire. Au départ, Luc Besson avait l’air de comprendre Vaillant, il avait choisi tous les albums mais il a rétrocédé le scénario a des scénaristes qui se sont écartés de Vaillant et de son esprit. Cela dit, Philippe a participé à des scénarios; il a donné son avis, il ne pouvait pas faire plus. Le boulot de Besson, c’est son boulot et pas le nôtre.

Si vous aviez des moyens illimités et une carte blanche absolue, vous le referiez comment ce film ?

J.G. Je n’en sais rien, il faut voir ça avec Philippe. Ce que je peux vous dire c’est que la production s’est perdue dans certaines concessions, à des marques comme Michelin entre autres…

P.G. C’est une ébauche, le Besson ça donne envie d’aller plus loin…

Le reproche que vous pourriez adresser à la production Besson ?

P.G. C’était un peu mièvre. Le problème était au niveau du casting ; mais bon, le film a eu le mérite d’exister !

Lire aussi > Journée mondiale de Tintin: Toutes ces informations que vous ignoriez certainement sur la célèbre BD

Il s’est bouclé plus vite en tout cas que le Tintin de Spielberg si je peux me permettre la comparaison ?

P.G. Oui, c’est quand même pas mal que Luc Besson a accepté d’adapter la B.d. après un entretien de 20 minutes… Même si les contrats et le reste ont mis trois ans à se faire.

Donc si c’était à refaire, vous privilégieriez un meilleur casting ?

P.G. Le scénario avant tout ! Une bonne histoire, c’est le plus important. Après, qu’il s’agisse de Besson, Spielberg ou Benoît Mariage, qu’importe ! Il faut d’abord un récit solide.

Il y a eu aussi à l’époque une série télévisée. Avez-vous de nouveaux projets dans ce sens ?

J.G. Oui, avec Henri Grandsire en Michel Vaillant ! On envisage une nouvelle série. Philippe a des contacts, il va vous en dire plus.

P.G. L’ancienne série avait le mérite d’avoir été filmée envers et contre tout à Monaco à Monza etc. Tous les pilotes qui avaient accepté de jouer leur propre rôle et qui de temps en temps devaient placer une petite phrase du genre « Ah, ce sacré Michel Vaillant, il nous a encore devancés ! ». C’était très drôle. Bien pour le public qui pouvait ainsi découvrir de l’intérieur en quelque sorte toute une palette de circuits…

Une vrai docu-fiction avant la lettre ?

P.G. Exact ! Et puis ils ne pouvaient pas faire de vrais accidents alors quand il y avait un accident réel, une vraie panne ou une sortie de route, ce qui les sauvait scénaristiquement, c’est la voix du speaker qui venait relayer l’image en faisant un commentaire flatteur ! Et on ne montrait pas le désastre de Henri Grandsire – qui incarnait donc Vaillant tout en courant pour de vrai !

Et ce nouveau projet de série télé ?

P.G. On est en train de concevoir une histoire qui impliquerait le fils de Michel Vaillant. Vous aviez la base sans le savoir !

Avez-vous suivi la saga Francorchamps ?

J.G. (silence). Non…

Quel est votre circuit favori ?

J.G. Ah, Francorchamps, assurément !

Y a-t-il des pilotes célèbres du moment auxquels vous aimeriez consacrer d’autres dossiers comme celui voué à Coluche ou à Henri Pescarolo ?

P.G. On a consacré un récent dossier à Gilles Villeneuve (c’est le 10e, il sort en même temps que l’intégrale de Vaillant). Sinon, Schumacher peut-être ? Dans les rallyes, il y a Sébastien Loth qui m’intéresse… La passion pour les sports mécaniques permet de montrer les gens sous un angle différent : Coluche, James Dean… Personnellement, j’aimerais consacrer un livre aux frères Rodriguez, deux frères qui faisaient de la course ; à qui leur mère faisait à manger derrière, dans les paddocks…. J’entends encore beaucoup d’anecdotes qui ne sont pas connues du grand public et ça donne envie de les raconter.

Pour ces dossiers spéciaux, ce sont les critères de notoriété mais surtout de passion, d’émotion qui priment ?

J.G. Les pilotes de F1 sont plus proches du public.

Ils continuent de fasciner les foules, tout en restant un sport d’élite, ce qui est assez paradoxal. Comment expliquez-vous cette fascination ? La vitesse bien sûr… Presque un envol ?

P.G. Ce sont les hommes qui vont le plus vite tous sports confondus ! En plus, il y a une notion de danger qui demeure et ajoute encore à la tension dramatique. Et puis c’est le sport le plus pointu, techniquement parlant, de toute la planète. Ce sont de vraies bombes roulantes, il ne faut pas l’oublier !

Seule une hypothétique compétition spatiale et sportive dans le futur pourrait rivaliser avec la F1 ?

P.G. Exactement !

D’autres projets « hors papier » et télé ?

P.G. Une série de voitures de Michel Vaillant, il s’agit d’une quarantaine ou une cinquantaine de miniatures, toutes les voitures qu’il a utilisées dans les albums… Et puis nous avons un autre projet lié aussi à la voiture mais qui n’est pas encore signé. On ne peut le dévoiler.

En dehors de Michel Vaillant, vous développez aussi une nouvelle B.d. axée sur la moto, dont vous nous avez montré quelques croquis. C’est prévu pour quand ?

P.G. La moto, c’est ma passion ! Cette B.d. moto devrait sortir en 2009. On a tous dans ce studio envie de dessiner le cadre de la culture moto. On est tous fous de moto ! C’est une façon de vivre, d’être ou de penser. Dans la communauté moto, il y a ceux qui voyagent, ceux qui pensent en termes de séduction, il y a les Bosozuku qui sont des hordes au Japon…

Les Hell’s Angels aussi, pour en citer un exemple un peu fort, et plein d’autres encore. Quelles sont les valeurs communes à ces groupes selon vous ?

P.G. La liberté avant tout. Un goût de la vitesse, et puis on peut avoir les mêmes sensations que dans une Ferrari pour beaucoup moins cher quand même !

Combien d’albums de Michel Vaillant ont été vendus au total (en juin 2008 – NDLR) ?

P.G. Environ 20 millions, mais je pense que c’est sous-estimé. Et là, on ne comprend pas parce qu’on devrait être très, très riches !

Le site de Michel Vaillant est en français, néerlandais et anglais. Où est-il surtout traduit ?

P.G. La France reste le premier marché. Les lecteurs de Michel Vaillant sont français à 80%. Le deuxième marché est néerlandophone. Mais on a eu aussi des traductions qui ont bien fonctionné en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal… Mais aussi en Pologne et plus occasionnellement en Turquie, dans les pays arabes ou en Indonésie.

Et les Anglais, si friands de Formule 1 ?

P.G. C’est le marché le plus difficile à conquérir. Nous avons sorti seulement trois albums de Michel Vaillant en anglais. Pour eux, la B.d. est encore associée notamment aux comics dans les quotidiens. Mais, vu les réactions sur le site, nous sommes en progression de ce côté…

L’entretien est à lire dans le dernier numéro de Paris Match Belgique (28/01/21).

CIM Internet