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Kendrick Lamar fait monter une fan blanche sur scène et rallume la controverse sur le « N-word »

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Kendrick Lamar à Coachella en 2017. | © AFP PHOTO / VALERIE MACON

Musique

Un blanc peut-il chanter un air de rap incluant le mot « nigger », sans reprendre à son compte des siècles de racisme ? Lors d’un récent concert, le rappeur américain Kendrick Lamar a très publiquement affirmé que non, suscitant une nouvelle controverse autour du très explosif « N-word ».

La polémique est partie d’un concert que le célèbre rappeur, récompensé par 12 Grammy Awards et le mois dernier par le Pulitzer de la musique, donnait dimanche dans le cadre du Hangout Festival dans l’Alabama, un Etat du sud américain où la mémoire de l’esclavage et de la lutte des noirs pour l’égalité des droits est omniprésent. Kendrick Lamar a invité une jeune fan blanche, identifiée uniquement par son prénom « Delaney », à venir chanter avec lui sur scène son tube de 2012, « m.A.A.d city », où le mot revient plusieurs fois.

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Après que la jeune femme eut repris le mot plusieurs fois, il l’interrompt : « Attends, attends, attends ! », lance-t-il à la jeune fille, selon des images vidéo du concert diffusées sur internet. La jeune fille lui demande pourquoi, si « elle n’est pas assez cool » pour lui, et Lamar répond : « Il faut que tu censures un mot ». Ce sur quoi elle semble comprendre et s’excuse : « Est-ce que j’ai fait ça ? Je suis désolée (…) je suis tellement désolée », dit-elle. Lamar l’autorise alors à reprendre la chanson, malgré les sifflets du public contre « Delaney ».

Pédagogie ou hyprocrisie ?

Depuis la mise en ligne de ces images sur les réseaux sociaux, l’histoire a sucité un torrent de réactions, très divisées, à l’image du contexte racial très tendu aux Etats-Unis. Les détracteurs du rappeur dénoncent son « hypocrisie », pour avoir invité la jeune fille à chanter une chanson dans laquelle il savait très bien que le mot était présent, précisément dans le but de la sermonner publiquement. Mais d’autres au contraire soutenaient son initiative « pédagogique ». « Comment peut-on écouter suffisamment sa musique pour en connaître les paroles et ne pas en ressortir en comprenant qu’il ne faut jamais employer le mot ? » commentait notamment une jeune new-yorkaise, Elizabeth Adams, sur Twitter.

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Le mot « nigger », hérité de la période esclavagiste, est couramment utilisé par les rappeurs et par les noirs dans l’argot urbain, mais est perçu comme l’une des plus graves insultes raciales lorsqu’il est utilisé par des blancs, qui l’évitent le plus souvent en parlant de »N-word » (le « mot N »).

Avec Belga

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