L’incroyable « Journey » de Steve Perry

Steve Perry. | © Paris Match
Depuis vingt-deux ans, le chanteur de l’un des plus grands groupes de rock aux États-Unis vivait en reclus. La mort de sa fiancée l’a fait sortir de son silence. Son nouvel album est en tête des charts américains.
En France, Journey n’a jamais eu de succès. Le groupe américain fondé par Neal Schon à la fin des sixties n’a à vrai dire pas eu besoin du Vieux Continent. Dès l’arrivée du chanteur Steve Perry, Journey s’impose sur les radios américaines comme LE groupe de la décennie. Pendant dix ans, les Californiens vont vendre des millions de disques, remplir des stades chaque été. Mais en 1996 Steve Perry explose. « J’étais complètement cramé. Je suis parti en pensant vraiment que je ne referais jamais de musique », raconte « The Voice » dans un palace londonien. Journey continue sans lui. Le groupe remplit encore les salles et sort des disques. Mais Perry, lui, s’est bel et bien retiré du monde. De 1996 à 2012, l’homme s’est installé en Floride. A voyagé. A vécu avec de confortables royalties. « Je n’avais pas besoin de me soucier du quotidien, c’est vrai. Et puis je suis tombé amoureux de Kellie. » Dix années d’anonymat tranquille, d’amour vrai, déconnecté du show-business. Jusqu’à ce qu’un cancer du sein l’emporte en 2012. « J’ai alors recommencé à écrire. Le temps a passé, la musique m’a vraiment aidé à surmonter ce que je vivais. »
Perry chante merveilleusement l’amour perdu
Steve Perry a donc retrouvé le chemin des studios, vingt-deux ans après les avoir quittés. « Traces » est un grand disque de rock classique, à l’ancienne, comme si Bon Jovi était accompagné des Heartbreakers de feu Tom Petty. Perry, 69 ans, chante merveilleusement l’amour perdu. « Après le décès de Kellie, j’ai voyagé seul en Europe, je suis retourné dans les endroits où nous étions allés ensemble. À Paris, je me suis souvenu de ce qu’elle m’avait dit : ‘Si un jour je ne suis plus là, ne te laisse pas envahir par la solitude.’ C’était sa manière de me dire de retourner à la musique. » Alors Steve s’est exécuté.
Je suis prêt à défendre mes chansons sur scène. Je dois ça à Kellie.
Quid de Journey, qui l’an passé a été consacré au Rock’n’Roll Hall of Fame de Cleveland, en sa présence ? « J’ai été très content de revoir les garçons. Mais ils ont passé plus de temps sans moi qu’avec moi. Je ne vois pas pourquoi je repartirais avec eux, ils ont eu trois chanteurs depuis mon départ. Ma priorité est de défendre mes propres chansons. » Un peu à l’ancienne, Steve Perry est étonné du regain d’intérêt qu’il provoque. « C’est étrange de parler de soi, même à la grande époque de Journey, on ne donnait pas d’interviews. La musique nous semblait suffisante. » Se plaît-il à replonger dans ce monde si ancien ? « Difficile de savoir. En tout cas, si le public répond présent, je crois que je suis prêt à défendre mes chansons sur scène. Je dois au moins ça à Kellie. » Le public américain, qui s’est précipité sur le disque dès sa sortie, le 5 octobre, lui a offert le plus beau des hommages.