Le photographe chinois Ren Hang s’est suicidé

Ren Hang, l'un des pionners de la photographie contemporaine en Chine. | © Instagram @artdosedaily
La galerie Blindspot à Hong Kong a confirmé ce samedi 25 février 2017 à l’AFP le décès du jeune prodige de la photographie chinoise, Ren Hang. Il avait 29 ans.
Il était l’un des photographes contemporains les plus prometteurs de Chine bien que censuré dans son propre pays qualifiant ses photos de « pornographiques », il allait sur ses 30 ans en mars prochain, il s’appelait Ren Hang et surtout, il avait un talent complètement fou. Ses photos érotiques frôlant avec le soft porn décomplexaient le corps d’une jeunesse nue et libre. Elles bousculaient les codes et étaient reconnaissables d’entre mille. Mais le vendredi 24 février 2017, le quotidien belge De Morgen a annoncé le suicide du jeune prodige à Pékin survenu la veille, un décès confirmé aujourd’hui à l’AFP par la galerie Blindspot à Hong Kong. Ren Hang luttait depuis longtemps contre la dépression, dont il parlait en prose et en poésie sur son site dans l’onglet « My Depression ». « Chaque année, je forme le même vœu : mourir plus tôt », disait-il dans l’un de ses derniers posts sur le populaire site chinois de microblog Weibo, publié en janvier à la veille du Nouvel an chinois. « Depuis tant d’années, j’ai essayé de me soigner, partageant mon moi entre les rôles de médecin et de malade », écrivait-il sur son site. « Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler ».
Des corps nus, entremêlés, empilés les uns sur les autres, des tétons en gros plan, des pénis en érection… Dans une interview accordée à Vice en 2013, il expliquait : « Les gens viennent au monde nus et je considère le corps nu comme l’apparence authentique d’une personne ». Il y parlait de son rapport aux sexe, et précisait que ses modèles étaient ses amis : « La majorité de mes modèles sont mes amis. J’aime les prendre en photo parce qu’ils me font confiance, ce qui me permet d’être plus détendu ; travailler avec des étrangers me rend nerveux ».
L’éditeur allemand Taschen a publié la première et unique anthologie éponyme de Ren Hang, réunissant ses principales œuvres entre 2008 et 2015. Dedans, il expliquait : “Les idées politiques exprimées dans mes images n’ont rien à voir avec la Chine. C’est la politique chinoise qui veut s’introduire dans mon art. Une de mes expositions a déjà été annulée par le gouvernement chinois pour ‘suspicion de sexe’.”
Le Foam Museum à Amsterdam expose Ren Hang à travers Naked/Nude jusqu’au 12 mars 2017, et le musée Fotografiska de Stockholm l’expose également via une rétrospective intitulée Human Love, jusqu’au 2 avril prochain.
(Avec l’AFP)