Sonny Vandevelde ou quand la photographie belge surfe en Australie

Le photographe Sonny Vandevelde, 50 ans. | © http://sonnyphotos.com
« J’adorais vivre en Belgique, mais je rêvais de nager avec les dauphins depuis que j’étais tout petit ». Alors, Sonny Vandevelde a pris sa planche de surf sous le bras, a mis son appareil photo autour du cou et est parti vivre en Australie, où il est devenu un photographe de mode de renom.
Alors qu’il n’était encore qu’un enfant, Sonny Vandevelde a quitté la Belgique pour aller vivre son rêve : surfer en Australie et faire de sa passion qu’est la photographie, son travail. Ses photos ont été publiées dans les plus grands magazines : le New York Times, Vogue, Grazia, Cosmopolitan ou encore V Magazine. Sa photographie qu’il définit comme mêlant « mode et lifestyle », montre souvent des mannequins en mouvement, posant dans des lieux extérieurs, ce qui contraste avec ces photos prises dans des studios. Plus récemment, c’est la photographie de backstage qui est devenue la carte de visite de Sonny Vandevelde. Il se rend dans les plus grand défilés du monde entier et se glisse en coulisse pour capturer avec son appareil photo les modèles. Des photos colorées, animées, excentriques, solaires, à l’image de Sonny. Nous avons parlé avec lui de mode, de surf, de Belgique, d’Australie, des Fidji et de photographie bien sûr.
Le surf est devenu ma vie.
« Lors de mes vacances d’été à Knokke et à Den Haan, j’avais l’habitude de bricoler avec mes grands-parents des vieux appareils photo Kodak Box Brownie. Puis nous sommes partis en Australie. Je prenais des photos de mes amis à la plage… Ma vie a changé : je suis passé d’un enfant d’un petit village fermier à un surfeur de la plage de Narrabeen, au nord de Sydney, où les vagues sont des plus difficiles à surfer. Et si vous n’êtes pas un local, vous n’y êtes pas le bienvenu. Le surf est devenu ma vie ».
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Puis après le surf, vient le monde adulte et nocturne avec les boîtes de nuit, les concerts… « J’emportais toujours avec moi mon appareil lorsque je sortais. Et à l’époque, personne n’emportait encore d’appareil photo en boîte de nuit, donc cela n’a pas pris beaucoup de temps pour que mes photos se retrouvent dans la presse ».
Des rencontres et des années plus tard, Sonny s’est retrouvé à faire des shootings pour de grands magazines. La carrière du Belge en Australie était lancée : « Et de par mon parcours de surfeur, je me suis retrouvé à faire toutes les campagnes pour Quiksilver et j’ai été le premier à faire celle de Roxy ».
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Sa passion sa carrière
Mais en 1991, Sonny ressent le besoin de rentrer sur sa terre natale. Il rencontre « par hasard » un journaliste belge qui lui donne le contact du photographe Frederic Leemans : « Il a finit par jouer un rôle crucial dans mon introduction dans la scène de la mode belge : il m’a présenté à des agents, à des maquilleurs…. Nous faisions de grosses soirées le vendredi au Mirano à Bruxelles. Et c’est là que j’ai photographié ma première couverture pour l’édition belge de ‘Elle’ ».
La photographie et le surf faisaient partie intégrante de ma vie, et je ne pouvais faire les deux en Belgique.
Sonny retourne ensuite en Australie et travaille d’arrache-pied pendant six ans, avant de retourner à nouveau en Belgique, mais cette fois pour plus longtemps : huit ans. « Je retournais toujours à Sydney en décembre/janvier pour échapper à l’hiver et aller surfer. J’avais un agent à Bruxelles qui me bookait beaucoup pour du travail éditorial et publicitaire, et cela me faisait voyager dans le sud de l’Europe, en Afrique du Sud et en Amérique Latine. Mais après huit années passées en Belgique, le surf me manquait trop. La photographie et le surf faisaient partie intégrante de ma vie, et je ne pouvais faire les deux en Belgique ».

Belgique VS Australie
Ses années passées dans les deux pays, Sonny les compare à une veste : « Quand j’arrivais en Belgique, je mettais une veste qui m’allait très bien, était confortable, et qui venait avec tout un super cercle d’amis et de collègues. Quand j’allais à Sydney, je mettais une autre veste, plus légère, et qui venait aussi avec des amis et des collègues de travail. Mes deux vies étaient différentes, mais elles étaient toutes les deux réconfortantes, accueillantes et chaleureuses ».
« Après, il y a naturellement le temps qui n’est pas le même. Ce n’est pas pour rien que Vivaldi à écrit ‘Les Quatre Saisons’ en Belgique. En une journée de travail, j’en faisais l’expérience ! Ce sont juste les lieux qui sont différents finalement. Vous avez des endroits en Belgique qui sont incroyables, tout comme en Australie. (…) Mais en ce qui concerne la vie et les gens, la plus grosse différence entre la vie belge et la vie australienne, c’est le côté « fashion » de Sydney. Je trouve que les gens en Belgique sont plus authentiques. Alors qu’en Australie, ils sont plus « faux ». Après, il y a aussi des gens superficiels en Belgique, mais en Australie il y en a trop, et je n’aime pas cette attitude ».
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En mai dernier, Sonny Vandevelde n’était ni en Belgique ni en Australie, mais à Fidji, où avait lieu la dixième Fashion Week.

Vous qui avez fait les plus grandes Fashion Weeks du monde, en quoi celle de Fidji est différente ?
Il n’y a pas de réelle différence : les gens vont et viennent, les lumières s’allument, la musique commence, les modèles défilent…
Depuis combien de temps êtes-vous photographe à la Fashion Week de Fidji ?
Il y a quelques années, j’étais en vacances à Fidji où j’allais souvent surfer, et en lisant le journal au petit-déjeuner, j’ai vu qu’il y avait une Fashion Week, et je me suis dit que ce serait intéressant de la couvrir. J’ai contacté les personnes qui l’organisaient, mais je n’ai jamais eu de retour. Des années plus tard, durant la Fashion Week de Sydney, j’ai rencontré Nicolas Hukley de la Fashion Design School, qui m’a présenté à Ellen Whippy-Knight, directeur de la Fiji Fashion Week. J’ai de suite été invité, et six mois après, l’événement avait son premier retour de presse dans une publication new-yorkaise.
Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans cette Fashion Week et que vous ne retrouvez pas ailleurs, mis à part la beauté du lieu ?
Moins de drame, moins d’attachés de presse, moins de sécurité… Et ma compagne et moi sommes les seuls à pouvoir photographier les coulisses. Alors que par exemple, aux défilés Dior, nous sommes une douzaine à y avoir accès.
La Fiji Fashion Week en trois mots ?
Sourires, couleur et bonne énergie.

Fashion in Belgium
Qu’est-ce que vous pensez du milieu de la mode en Belgique ?
Authentique, innovant, révolutionnaire… Je veux dire, regardez, Raf Simons vient tout juste de gagner deux CFDA Awards (le conseil des créateurs de mode américains – Council of Fashion Designers of America, Inc. ndlr) !
Vos créateurs belges préférés ?
Glenn Martens et Dries Van Noten.
