À la télé ce soir : Le documentaire qui bouscule l’histoire telle qu’on la connaît

Décolonisations, ce soir sur La Trois. | © DR
En inversant le point de vue habituel, le documentaire Décolonisations porte un nouveau regard sur l’histoire et met en lumière un déni qui perdure.
L’histoire vue autrement. Non plus du point de vue des dominants, mais des colonisés. Voici ce que propose le documentaire Décolonisations, diffusé ce samedi soir sur La Trois. Réalisé par Karim Miské et Marc Ball, accompagnés de l’historien Pierre Singaravélou, ce documentaire en trois parties porte un nouveau regard sur la colonisation.
En racontant l’histoire du point de vue des colonisés, les auteurs prennent le contre-pied d’un récit historique qui jusque-là reflétait d’abord le regard de l’Europe colonisatrice. Contée par Reda Kated, cette histoire des décolonisations met en évidence la brûlante actualité de l’héritage commun qu’elle nous a légué. De la révolte des cipayes de 1857 à l’étonnante République du Rif, mise sur pied de 1921 à 1926 par Abdelkrim el-Khattabi avant d’être écrasée par la France, le premier épisode nommé « L’apprentissage » montre que la résistance, autrement dit la décolonisation, a débuté en même temps que la conquête.
La deuxième partie, « La libération », couvre l’époque de 1927 à 1954. Que ce soit à travers la plume de l’Algérien Kateb Yacine, qui découvre à 15 ans, en 1945, lors du massacre de Sétif, que la devise républicaine française, tout juste rétablie, ne vaut pas pour tout le monde, ou celle de la poétesse Sarojini Naidu, proche de Gandhi, qui verra en 1947, dans le bain de sang de la partition de l’Inde, se briser son rêve de fraternité, un vent de résistance se lève, qui aboutira dans les années 1960 à l’indépendance de presque toutes les colonies. Mais à quel prix ? Cet épisode suit aussi les combats de l’insaisissable agent du Komintern Nguyên Ai Quoc, qui prendra plus tard le nom de Hô Chi Minh, futur vainqueur de Diên Biên Phu, ou celui de Wambui Waiyaki, intrépide jeune recrue des Mau-Mau.
Enfin, des indépendances à l’ère de la postcolonie, le troisième épisode « Le monde est à nous », de 1956 à 2013, s’ouvre avec les mots du psychiatre antillais Frantz Fanon, qui rejoint les maquis du FLN en Algérie. Il se poursuit dans l’Inde d’Indira Gandhi, qui se dote de la bombe atomique, dans le Congo sous influence de Mobutu ou dans le Londres de 1979, secoué par la révolte du quartier d’immigration de Southall, pour s’achever avec l’essor d’un cinéma 100 % nigérian dans les années 1990 et la victoire juridique des derniers Mau-Mau face au gouvernement britannique. Cette dernière partie permet de mesurer l’impact actuel de la colonisation.