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Antica Namur, le retour en grâce

musée Belgique culture

Le secteur de la culture se réveille. | © D.R.

Art et Scène

Après une mise sous cloche des activités culturelles auxquelles les foires d’antiquaires n’ont pas échappé, la première d’entre elles à ouvrir à nouveau ses portes en Belgique est Antica Namur.

On imagine l’euphorie des marchands après avoir deux ans d’inactivité forcée, et l’enthousiasme de la directrice du Salon, Diane Kervyn qui livre à Paris Match ses premières impressions.

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Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à la veille de l’ouverture du salon ?

« Nous retrouvons le goût de la foire, le goût des autres et nous en sommes ravis après en avoir été privés depuis le début de l’année 2020. Dès que nous avons appris la bonne nouvelle en juin que nous allions pouvoir rouvrir cet automne, nous avons mis les bouchées doubles pour offrir au public un salon de grande tenue. Il ne faut pas s’en cacher : nous avons été frustrés après les reports et les annulations successives contre lesquels nous étions totalement impuissants. Cette frustration a été aussi celle des antiquaires qui ont, eux aussi, traversé une période difficile. Le fait d’être privés de salon en Belgique a affecté leur chiffre d’affaires et ils comptent bien sur un retour de force pour nous séduire avec leurs plus belles acquisitions. »

Le développement de foires on line n’a pas tenu ses promesses ?

« Ce modèle s’est développé sous la contrainte et a sans doute permis la reprise du marché de l’art mais dans des proportions très mesurées par rapport aux salons réels. Ce fut certes un signe positif mais il ne faut pas se leurrer : rien ne remplacera les rencontres en vrai dont les gens ont besoin. Celles-ci confortent souvent l’acte d’achat car nous avons tous besoin de contacts et aucun initiative virtuelle ne remplacera jamais une discussion passionnée avec un galeriste qui transmet son expertise entre quatre yeux. Nous le constatons ici au vu des nombreuses réactions que nous avons déjà enregistrées : il y a de l’euphorie dans l’air et on peut miser sur de belles ventes car l’émulation est toujours contagieuse. »

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Rassurons tout de suite les lecteurs: Antica Namur mise résolument sur le pass sanitaire afin de garantir à chacun des retrouvailles sans appréhension et en toute sécurité.

« En effet, le protocole suivi est le meilleur pour nous tous et ce qu’on appelle « le Covid safe Ticket » sera rendu obligatoire et exigé à l’entrée. Mais une fois franchi la porte du salon, on est affranchi de toute autre mesure de sécurité. Donc, en clair, pas de masque, pas de gestes barrières, ni de distanciation entre les gens. Chacun est libre d’aller à sa guise et de profiter de ce beau moment de liberté. On retrouvera ainsi le salon qu’on a toujours connu, comme si rien ne s’était passé. Je crois que cette absence de contrainte permettra à chacun d’en profiter pleinement. »

Quelle incidence cet épisode sanitaire dommageable a-t-elle eue sur les exposants ? Sont-ils aussi nombreux que lors de la dernière édition ?

« Nous enregistrons une légère baisse des participants, mais cela se comprend. Nous sommes malgré tout dans une année de transition. C’est un phénomène général enregistré dans tous les secteurs d’activité et nous n’échappons pas à la règle. La baisse est de l’ordre de 20%, ce qui porte le nombre des participants à 102 contre 130 il y a deux ans, en 2019. Imaginez-vous que cela fait déjà deux ans que nous avons été privés de ce plaisir d’automne sans cesse reporté ! Mais maintenant, finie la frustration. Nous allons de l’avant avec l’intention d’en profiter. « La foire » est un maillon essentiel dans le marché de l’art. »

En observatrice attentive, vous avez dû scruter les signes de cette reprise à Paris lors des differents salons organisés en septembre et octobre dernier. Était-ce vraiment si positif ?

« Oui, les salons de Paris ont été une réussite et pour nous, c’est un bon repère, un signe fort que le public est au rendez-vous. Le taux de fréquentation était impressionnant et il y a fort à parier que nous allons bénéficier à Namur d’un phénomène identique. Je le répète, la foire reste le mode d’achat privilégié par rapport aux autres initiatives qui ont été mises en place, faute de mieux. »

Alors, puisque nous les évoquons, peut-on avoir une idée des antiquaires qui ont répondu présents ?

« Nous retrouvons les plus fidèles. Parmi eux : La Fondation Albert Vandervelden , Bernard De Leye, Francis Janssens van der Maelen, Gallery de Potter d’Indoye, la Galerie Raf Van Severen, NF Gallery, Henri Vanhoenacker, Costermans & Pelgrims de Bigard, Jean Lemaire , Jan Muller ,Frederik Muller, Arnaud et Sylvie de Spa, Galerie Lamy , Famarte , Artimo Fine Arts, Jean Nélis, Veronique Malaise, Dus’Art Gallery, La galerie Le Tout Venant, Galerie K&G Van De Ven ……. Le noyau dur d’Antica Namur est au grand complet auquel s’ajoutent quelques nouveaux venus dans le secteur du moderne et du contemporain, même si le classique demeure l’offre centrale de notre salon. On remarque aussi une présence accrue du design des années 40, 50 et 60, en mobilier comme en luminaires, tel que la galerie bruxelloise New Hope , Thibaut Wolvesperges tout comme la galerie anversoise Modern Living, sans oublier la galerie parisienne Arcanes et la galerie Zèbres egalement concentrées sur les années 60 et 70 et le contemporain .Ces dernières présenteront des artistes comme le Corbusier, Jacques Adnet, Mies Van Der Rohe, Jean Prouvé …. et même des céramiques contemporaines signées Gustavo Perez, Hélène Mordu ou Marionneau. »

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Retrouvera-t-on cet éclectisme auquel Antica Namur nous a habitués ?

« Bien sûr, argenterie, bijoux, art asiatique sont de la partie, sans oublier le mobilier ancien qui est très représenté et constitue l’un de piliers du salon. Jan Muller est toujours là avec ses tableaux de maîtres anciens dont un Brueghel le Jeune intitulé Diane et ses Nymphes épiées par les satyres, tout comme Costermans & Pelgrims de Bigard. A côté de ces grandes pointures, nous saluons l’arrivée de plusieurs jeunes comme Alexandre Werner, le fils de Victor Werner, la galerie anversoise spécialisée dans la sculpture belge du XIXème et XXème siècle ainsi que Remarquable Paintings, une toute jeune galerie spécialisée dans les scènes campagnardes du XIXème siècle d’Eugène Verboeckhoven. Notons également la présence de Guillaume Beguin qui nous présentera ses dernieres acquisitions en bijoux anciens et Sophie Derom qui nous dévoilera sa collection de bijoux ,tableaux et arts decoratifs du XXe . »

Les musées namurois, en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin, sont aussi fidèles au rendez-vous. Quelles surprises nous réservent-ils ?

« Elles sont nombreuses cette année et très diversifiées : une pendule Empire en bronze doré signé par l’horloger Vaillant de Paris, une acquisition toute récente de la Ville de Namur représentant une Vénus ainsi qu’un fragment de bloc sculpté retrouvé sur le site gallo-romain de l’agglomération de Braives, une boucle de ceinture mérovingienne, un buste de Mercure provenant de la ville d’Antée, une fibule émaillée retrouvée dans la nécropole de Berzée, un masque du Congo belge datant de la deuxième moitié du XXème siècle, et, cela va s’en dire, une gravure de Félicien Rops, l’enfant du pays. »

Vous avez toujours été soucieuse d’organiser, dans le cadre du salon, un cycle de conférences assez pointues. Qui sera particulièrement à l’honneur cette fois ?

« Patrick Weber, historien de l’art et journaliste, nous entretiendra de « la Monarchie et Patrimoine » tandis que Laurent Stevens, historien de l’art, parlera des peintres belges du XIX et XXème siècle ayant voyagé en Espagne. Et nous réentendrons avec toujours autant d’intérêt l’intervention notre partenaire la banque Degroof Petercam au sujet du patrimoine artistique et sa transmission, un thème auquel les visiteurs restent attentifs. »

Une halte est prévue pour se désaltérer ou savourer un bon plat ?

« Bien sûr, pour que la fête soit complète, nous retrouverons avec plaisir le restaurant et la brasserie situés au sein du salon ainsi que le bar à champagne Je crois que tout le monde a envie d’en profiter et de se laisser aller à un peu d’insouciance. Nos exposants s’y sont préparés longtemps à l’avance. On aura tous envie de fêter cela ! »

 

 

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