Rencontre avec Leo Walk qui a dansé avec Angèle et Christine And the Queens

« La danse est en effet un exercice très intime, le public, faisant face à des gens qui se mettent à nu, a accès à leur âme. On passe la barrière de la langue et les codes de notre société » explique Leo Walk. | © DR
Issu du milieu du hip-hop, Leo Walk a créé sa propre compagnie La Marche Bleue et sa ligne de vêtements. À 28 ans, Léo Walk vit la danse comme une impulsion. Son deuxième spectacle « Maison d’en face » revient à Bruxelles en novembre après une première date déjà sold out au Cirque Royal.
« Je suis dans une recherche constante qui passe par le mouvement mais aussi l’émotionnel. La danse est comme le jaillissement d’une émotion que je ne canalise pas forcément, qui appartient à ceux et celles qui le reçoivent, un ressenti très éphémère. » Léo Walk n’a que 25 ans quand il monte sa propre compagnie.
« Je suis à la fois au centre en tant que guide de chaque création tout en laissant à mes danseurs une grande liberté. J’intègre des profils qui ont des choses à raconter, la seule technicité ne suffit pas, avec l’idée de rassembler des textures, des couleurs différentes, une démarche assez symbolique qui représente tout ce qui m’importe dans la vie. »
« Maison d’en face » présente dans une mise en scène astucieuse des scènes de vie touchant à l’intimité universelle et explore les sentiments amoureux et amicaux. « La danse est en effet un exercice très intime, le public, faisant face à des gens qui se mettent à nu, a accès à leur âme. On passe la barrière de la langue et les codes de notre société. »
Briser l’image

Dans la lumière très jeune, Léo Walk a-t-il voulu dépasser l’image du jeune danseur beau, fringant et surdoué ? « Même si je l’ai fait inconsciemment, je le réalise plus aujourd’hui. La beauté et la jeunesse ne sont pas éternelles. Pris à mon propre jeu, je me suis rendu compte que je désirais proposer autre chose. »
L’esthétique a toujours tenu une grande place, le danseur ayant adopté un look très représentatif de sa génération. Le premier spectacle « Home » comportait des tenues très colorées. Ici, il mise sur des costumes très stylés, façon « Men in black » par moments. « Je pense de façon très cinématographique. Au-delà du mouvement, un spectacle de danse doit inviter au voyage. J’adore le fait que mon équipe adopte des styles éclectiques. Mais avec l’âge, je choisis des tenues très sobres car je n’ai plus l’occasion de m’amuser avec la mode. Certes, j’ai créé ma propre ligne « Walk in Paris », non genrée et qui va continuer à évoluer. »
L’angoisse du deuxième spectacle est-elle plus forte ou au contraire moins envahissante ? « Elle est quarante fois pire. Après avoir compris les raisons du succès du premier, il ne faut surtout pas se répéter, d’autant que là je propose une B.O. originale. Je m’investis à chaque stade de création, il va falloir que j’apprenne à déléguer car je réagis au moindre détail. Un spectacle et une chorégraphie restent avant tout une aventure humaine qui englobe énormément de gens. » Il aime à se répéter cette phrase de Pina Bausch « Danse, danse, sinon on est perdu ». « C’est une façon d’aller contre les préjugés, les idées arrêtées. Je trouve que nous manquons cruellement de nuance. Alors taisez-vous et dansez ! »
Maison d’en face, le 15 novembre au Cirque Royal à Bruxelles