Marie-Anne Chazel : « Je reste plus connue pour mes rôles de débile et de cinglée »

"Je me rends compte que je vis dans un pays où les gens sont très prétentieux. Et les Belges ne le sont pas du tout...." | © ©FRANCK CASTEL/MAXPPP
La comédienne se produit du 2 au 7 avril au Centre culturel d’Auderghem dans Tant qu’il y a de l’amour avec Patrick Chesnais, Valérie Bègue et Laurent Gamelon.
Par Pierre-Yves Pâque.
Paris Match. Alors, comment va la célèbre Gigi des Bronzés ?
Marie-Anne Chazel. Je reste plus connue pour mes rôles de débile et de cinglée parce que c’est ma soupape. Je suis Dr Jekyll et M. Hyde : j’ai fait ce métier pour être quelqu’un d’autre que moi. Mes personnages sont souvent des victimes rayonnantes, qui se battent, luttent et sont positives dans le sens où elles ne se voient pas comme des perdantes. Elles ne se plaignent pas et s’en sortent toujours.
Vous voilà de retour avec du burlesque sentimental, dans une pièce intitulée Tant qu’il y a de l’amour.
On pourrait croire qu’on part dans du boulevard entre la femme, le mari et l’amant, sauf qu’il y a un twist dès le départ. Ce mari, qui a une maîtresse, ne veut pas que sa femme parte alors qu’elle aimerait s’en aller avec son amant pharmacien. C’est donc la situation inverse. Ils ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde. Elle s’ennuie comme un rat mort avec lui. L’homme, lâche, ne veut pas choisir, donc elle va être obligée de le tuer…
Vous avez vécu trente ans avec Christian Clavier et connaissez aujourd’hui une nouvelle histoire d’amour. Quel est le secret de la longévité d’un couple, selon vous ?
Il faut pouvoir s’adapter aux événements, faire des efforts, se battre. Surtout croire qu’on vit quelque chose de hors norme. A partir du moment où vous pensez que votre couple va mourir, il meurt. Alors, n’y pensez pas ! Donner du prix à un truc exceptionnel que les autres n’ont pas vécu ou ne peuvent pas comprendre entretient l’amour. ça le bonifie, même. Nos parents vivaient ensemble toute leur vie, mais ce n’est pas pour ça qu’ils étaient heureux. Ils étaient ensemble socialement. Mais à quel prix ? Cette pièce s’amuse de ces clichés qui n’en sont pas, au final. Le rire fait passer des choses énormes. Il désamorce les tensions. Et ça fait du bien : rire dix minutes par jour, c’est comme manger un steak. Enfin, je ne dis pas ça pour les végans, sinon ils vont me lancer des fléchettes…
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Quel est votre lien avec la Belgique ?
C’est un lien artistique. J’y suis venue très tôt, pour y présenter un de nos tout premiers spectacles, créé au Splendid au début des années 1970. Nous n’avions pas encore tourné de film, c’est dire si on était des jeunots ! Cela se passait à l’Atelier Sainte-Anne, rue Sainte-Anne, à côté du Sablon. C’était un café-théâtre qui faisait boîte de nuit, restaurant et galerie artistique, créé par deux jeunes mecs. Nous, on débutait à peine, je terminais encore mes études d’histoire. Ils nous ont proposé de faire l’ouverture de ce café-théâtre et on est donc venus y jouer durant deux mois. Nous vivions à Bruxelles où nous alternions deux spectacles. On découvrait la ville, on s’éclatait et… Michel Blanc faisait du karaté. Je me souviens qu’il s’était déchiré les muscles, on était morts de rire !

Un péché mignon après tant d’années ?
(Elle sort un petit sachet de son sac à main) Le chocolat ! J’adore Neuhaus et Marcolini.
Un plat préféré ?
Le waterzooi. Celui au poisson, surtout. Ou encore la croquette aux crevettes.
Une expression belge favorite ?
Celle qui me fait énormément rire vient de Namur, car on avait été se produire là-bas dans un festival d’humour. On était entrés dans une pâtisserie renommée pour ses tartes aux myrtilles. Et la dame nous a alors dit (Marie-Anne Chazel prend l’accent) : « Est-ce que je vous la plafonne de chantilly ? » ça nous a fait rire durant des heures !
Qu’aimeriez-vous que la France emprunte à la Belgique ?
Je dirais l’inverse de la prétention, une forme de tolérance. Je me rends compte que je vis dans un pays où les gens sont très prétentieux. Et les Belges ne le sont pas du tout. Comme la Belgique a été plus éclatée et plus traversée que la France, on y trouve davantage de tolérance. Elle est plus petite, aussi. Elle a peut-être une forme de fragilité qui fait qu’elle est plus ouverte. Alors que nous, en France, on a des tas de qualités, mais on a surtout un défaut majeur : un sentiment de supériorité.
Et, par contre, que ne comprenez-vous pas en Belgique ?
Le mode de fonctionnement politique. Alors que, visiblement, ça fonctionne. Et même sans gouvernement, apparemment. Non mais, quelle leçon ! ça pose vraiment la question de l’utilité d’en avoir un… (rires)
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