Loïc Nottet : « Pourquoi les Wallons ne s’entendent-ils pas avec les Flamands ? »

Loïc Nottet. | © BELGA PHOTO / VIRGINIE LEFOUR
Après le succès de son premier album sorti en 2017, Loïc Nottet est reparti en studio pour travailler sur son nouvel opus. Son excellent single « 29 » donne déjà un avant-goût de ce qu’il prépare. Par Pierre-Yves Paque.
Paris Match. Changement dans votre vie : vous avez déménagé quelque part entre Bruxelles et Charleroi. Pourquoi ?
Loïc Nottet. Parce que je voulais mon indépendance et créer ma petite bulle. J’étais très bien chez mes parents, je n’avais pas forcément de règles, mais j’avais besoin de mon intimité, par exemple de décorer les pièces comme je voulais ou encore de regarder Game of Thrones à 3 heures du matin si j’en avais envie. Je me suis inévitablement rapproché de Bruxelles parce que tout se passe dans la capitale. J’en avais un peu marre de faire la route depuis Courcelles. Ce n’était pas la fin du monde mais, comme je suis un peu tête en l’air en voiture, je mets de la musique, je m’évade tout seul, du coup je suis un petit danger… Moins de temps je passe sur la route, mieux c’est !
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Comment voyez-vous votre cocon à terme ? Un espace de création ?
Un endroit sans règles, tout simplement, où on ne me prend pas la tête et où on me laisse libre de faire ce que je veux.
Toujours fan des univers « cartoonesques » ?
Oui, je reste un éternel enfant, j’aime bien cela. J’adore toujours boire mon cacao dans un biberon avant de m’endormir… Non, non, ce n’est pas vrai ! (Il éclate de rire).

Vous parlez de voiture. L’écologie vous intéresse ?
Quand je vois la fonte des glaciers ou ces pauvres ours polaires couchés sur un glaçon, ça me fait mal au cœur. J’aime les animaux. Mais quand on est une personnalité publique, c’est délicat de prendre parti. Si je commence à dire : « Préférez le vélo à la voiture car elle pollue ! » et que chaque fois que je suis en promo, je débarque en van car je n’ai pas le choix, c’est plutôt paradoxal. Impossible pour moi de dire aux gens de faire quelque chose que je ne fais pas moi-même. Mais chaque artiste a une voix. Et si je dois aller donner des conférences dans les écoles concernant le harcèlement à l’école, je le ferai volontiers, puisque c’est ce dont je parle dans « Million Eyes » et « Selfocracy ». En fait, ma règle de vie personnelle est simple : « Ne reproche pas aux autres ce que les autres peuvent te reprocher ». En résumé, je ne suis pas irréprochable en matière d’écologie et je me refuse donc à donner des leçons. Mais si vous jetez un papier en rue sous mes yeux, je serai hors de moi. Il y a des poubelles, bon Dieu, et si vous n’en trouverez pas, mettez le papier en poche et jetez-le quand vous arrivez chez vous !
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Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans votre pays ?
Pourquoi on ne s’entend pas avec les Flamands. Parce que moi, je ne travaille qu’avec des Flamands et cela se passe bien. Tous mes clips sont réalisés avec une société de production néerlandophone, mon danseur de « Selfocracy » est devenu mon meilleur ami et est flamand.
Le conflit existe surtout dans la génération de mes parents
Comment expliquez-vous le divorce entre les communautés ?
J’ai l’impression que le conflit existe surtout dans la génération de mes parents. On sent que demeurent des rancœurs du passé. Du genre : « Puisque c’est comme ça, je n’irai plus à la Côte belge ! » Moi, j’ai toujours été bien accueilli en Flandre. Mais il est vrai que quand on s’y trouve, on n’a pas l’impression d’être en Belgique. Les Flamands ont une façon de travailler totalement différente. Je n’ai pas envie de dire du mal des Wallons, mais on est quand même un petit plus « pépouzes » (peinards), on est vite fatigués… On râle beaucoup, on aime bien se plaindre. Les Flamands sont plus carrés ; chez eux, c’est travail et rigueur. « T’as échoué ? Pas grave, va encore plus loin ! » Très américain comme mentalité. Si nous, Wallons, nous ratons quelque chose, on va broyer du noir pendant des heures… Voilà la différence que je ressens, même s’il ne faut jamais faire de généralités. Cela dit, je me répète : je ne connais pas toutes les raisons du conflit, mais les jeunes que je côtoie ne se sentent pas du tout concernés par cette guéguerre.
À quand Loïc Nottet en politique ?
Jamais. Sauf si vous voulez que j’instaure les chicons au gratin en plat national. Tous les mercredis, les gens seront obligés d’en manger !

Inutile donc de vous demander votre plat belge préféré…
Si : c’est le vol-au-vent. J’ai vécu à Paris pendant « Danse avec les stars » et pas moyen d’en trouver ! C’était en hiver, il faisait froid, j’avais juste envie d’un bon vol-au-vent. Cela dit, les chicons au gratin restent mon péché mignon. Ma maman m’en prépare depuis mon enfance et j’adore ça. Depuis que je ne vis plus chez elle, elle me fait huit, neuf, voire dix roulades pour que j’aie ma provision. Elle est mignonne. Si elle savait que je mange tout à la fois !
Une expression belge qui vous fait marrer ?
Peut-être celle-ci : « Il n’a pas toutes les frites dans le même sachet ». Mes fans ont aussi inventé « On est chaud frites ! » Je parle parfois wallon. J’ai retenu une expression ch’ti entendue dans le film de Dany Boon, qui disait à peu près ceci : « Tais-toi. Ta langue va être usée alors que tes bras sont encore tout neufs ». Ça illustre parfaitement la société actuelle.