Excellence belge : voici celui qui coiffe la Reine Mathilde, Lara Fabian, Valérie Lemercier…

Frédéric Van Espen n’a jamais oublié le conseil que Rosalinde lui avait glissé avant de lui céder son commerce : « On a la clientèle qu’on mérite. » | © DR
Même les cheveux ont leur Fournisseur de la Cour ! C’est le cas de la maison tenue depuis 2003, voici donc tout juste 20 ans, par Frédéric Van Espen, coiffeur attitré de la reine Mathilde.
Il a 47 ans aujourd’hui et toujours la blague facile, mais qu’on ne s’y trompe pas. Frédéric Van Espen est un bosseur qui n’a jamais oublié le conseil que Rosalinde lui avait glissé dans l’oreille avant de lui céder son commerce : « On a la clientèle qu’on mérite. »
C’est à 22 ans que le jeune homme fit ses armes dans ce salon dont il est désormais le patron, et qui se situait alors boulevard de la Cambre à Bruxelles, dans une maison de maître Art déco revêtue de boiseries anciennes. Le temps a passé et depuis, il a déménagé au 101 de l’avenue Louise, dans un bel espace de 350 m² décoré de manière contemporaine avec une touche Art déco, histoire de rappeler l’origine de l’enseigne, qui existe depuis un demi-siècle.
Aujourd’hui que Frédéric est aux commandes, l’évolution de celle-ci est brillante. Dans tous les sens du terme. À commencer par cette journée d’octobre, il y a de cela dix ans, où la secrétaire de celle qui était alors princesse prit rendez-vous pour la future reine des Belges. « Je connaissais Édouard Vermeulen et il m’avait dit que la princesse était à la recherche d’un coiffeur. Selon lui, elle avait déjà entendu parler de moi. Je n’ai donc pas vraiment été étonné de la proposition qui m’a été faite. »
Depuis, ces liens se sont renforcés et le coiffeur se rend régulièrement au château de Laeken. La dernière fois, c’était juste avant les funérailles du roi Constantin de Grèce. Le salon accueille-t-il d’autres têtes couronnées pour autant ? « Nous recevons effectivement une bonne partie de l’aristocratie belge et de la haute bourgeoisie », reconnaît Frédéric. « Mais nous avons eu aussi l’occasion de coiffer plusieurs fois Lara Fabian, Valérie Lemercier, Julie Taton, la princesse du Liechtenstein, Christine Lagarde ou la famille grand-ducale du Luxembourg. »
Ce talentueux figaro belge a eu l’occasion de coiffer plusieurs fois Lara Fabian, Valérie Lemercier, Julie Taton, la princesse du Liechtenstein, Christine Lagarde ou la famille grand-ducale du Luxembourg
On l’a compris, la clientèle reste majoritairement féminine, ce qui n’explique pas toutes les raisons d’un engouement aussi exclusif. Il est vrai que le salon de Frédéric cultive la différence : chez lui, on préfère la qualité à la rentabilité. On prend le temps de bien faire les choses, une heure et quart au bas mot pour un shampooing-coupe-brushing, et bien davantage si la cliente souhaite faire une couleur. L’essentiel étant d’être belle jusqu’au bout des ongles, le salon propose aussi pédicure, manucure et maquillage, dans une ambiance cosy, avec une musique légère distillée en toile de fond.

« On a la clientèle qu’on mérite » : la petite phrase, telle une rengaine, a fait du chemin dans la tête de Frédéric. « Pour moi, coiffer la Reine était un but en soi, dans la mesure où elle représente la Belgique. La compter parmi mes clientes est une mise en valeur et une reconnaissance de mon travail. » Durant ses vingt ans de carrière, les techniques de coiffure ont-elles évolué ? L’intéressé répond par l’affirmative : « Surtout avec les réseaux sociaux, et la diffusion de tutoriels destinés à informer des nouvelles techniques et des nouvelles tendances. »
En ce qui concerne la Reine, Frédéric opte pour des coiffures intemporelles. « Hors de question d’arborer la dernière tendance en couleur ou coupe. L’élégance est le maître mot. Pas de frange, pas de couleur criarde. Elle est reine et assume parfaitement le protocole. » D’autres clientes suivent par contre la mode de près.
Tandis que la dernière saison était plutôt inspirée par le style des années 1980, avec plus de volume et de mouvement dans les cheveux, aujourd’hui, on en revient à des coiffures plus plates, avec des ondulations plus légères. Les jeunes filles gardent les cheveux longs et la frange a plus que jamais la cote. « Une frange de type rideau, c’est-à-dire pointe de nez. » Comprenez par là une frange longue qui se porte chassée.
Comme la clientèle de la maison de coiffure et de soins Didier & Rosalinde est très familiale, les mamans et les grands-mères sont elles aussi de la partie, avec un rythme de fréquentation proportionnel à la pyramide des âges : trimestriel pour la jeunesse, mensuel pour les mères et hebdomadaire pour les grand-mères.
Les tendances suivent le mouvement : pour la deuxième génération, qui adopte généralement les cheveux courts, la coloration naturelle est de mise pour obtenir un maximum de lumière « en apportant de la profondeur en racine et des reflets plus clairs dans la longueur », tandis que la troisième génération préférera se rapprocher de la couleur d’origine « en travaillant des tonalités plus claires et plus douces, plus flatteuses au visage ».
Mais ce qui prime tout autant, c’est l’ambiance familiale qui règne entre ces dames et leurs coiffeurs, tout le monde connaissant tout le monde, ce qui alimente les conversations de manière singulièrement plus intime que de parler du temps qu’il fait. C’est dire s’il y a de l’ambiance au 101, avenue Louise !